Espèce invasive - Christophe Esnault

Sortie chez Milagro Editions d’un petit opuscule qui, comme on dit, ne donne pas envie de danser, Espèce invasive , du poète Christophe Esnault. Quoique… Où mieux danser que sur le volcan ? Une espèce invasive, si on en croit la définition que donne le Muséum d’histoire naturelle est « une espèce vivante dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent » . Le Ministère de la transition écologique etc. est plus explicite, précisant que « ces espèces représentent une menace pour les espèces locales, car elles accaparent une part trop importante des ressources (espace, lumière, ressources alimentaires, habitat…) dont les autres espèces ont besoin pour survivre. Elles peuvent aussi être prédatrices directes des espèces locales. » et « sont aujourd’hui considérées comme l’une des principales menaces pour la biodiversité. Elles constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connue

Mais je t'aime Manon


Dans le magistral "The Collapse of Complex Societies", Joseph A. Tainter décrit l'effondrement comme "la perte rapide et significative d'un niveau établi de complexité sociopolitique". L'effondrement se caractérise, si je résume, par moins de différenciation sociale, moins de division du travail, moins de contrôle centralisé, moins de contrôle social, moins d'investissement dans le "superflu" (art, littérature, etc...), moins de circulation d'informations, moins d'allocation des ressources, moins de coordination, le tout sur un plus petit territoire. C'est, de ce fait, un processus éminemment politique, même s'il peut avoir des répercussions dans d'autres domaines, économiques, sociétaux, artistiques, par exemple.
Dans cette optique, "Le porteur d'eau" de Jean-Marc Ligny est une superbe nouvelle sur une société effondrée, à cause principalement du réchauffement climatique.
L'auteur décrit, en maints détails réalistes, un paysage asséché et une civilisation en voie de disparition : villages isolés, no man's land, bandes de maraudeurs, enclave encore "civilisée" ; chacun tente de survivre, par tous les moyens même les moins ragoûtants. Ligny décrit l'agonie, la sauvage anarchie, l'ordre dictatorial et illégitime. Il place dans son monde une belle histoire de courage et d'abnégation, cruelle comme on peut penser que le serait le monde dans lequel elle se déroule. On lui pardonnera le choix un peu puéril de nommer l'enclave Davos, tant la nouvelle est réussie, et transporte littéralement le lecteur dans un monde effrayant qui sera peut-être le nôtre.
On peut télécharger gratuitement (mais on peut aussi contribuer financièrement) "Le porteur d'eau" sur le site du Bélial. Et c'est encore plus agréable à lire si on a un reader.
Le porteur d'eau, Jean-Marc Ligny

Lu dans le cadre du Challenge Fins du Monde de Tigger Lilly

Commentaires

Efelle a dit…
Lu dans un Bifrost, j'avais bien aimé.
Guillmot a dit…
Lu aussi dans Bifrost à l'époque, très belle nouvelle.
Gromovar a dit…
J'ai tellement aimé que j'achèterai Aqua tm aux Utos.
Efelle a dit…
C'est vrai que tu n'avais pas encore passé ce cap... :)
Unknown a dit…
pourquoi personne ne fait de SF où les hommes se tiennent par la main dans des jardins verdoyants et aux rivières limpides ?
Gilles Dumay a dit…
Ca s'appelle Avatar, non ?
Tigger Lilly a dit…
C'est pas du postapo ça ? *sifflote*

Tu l'as acheté alors aqua tm ?

Sympa cette nouvelle, je l'avais lue dans Bifrost aussi (numéro je sais plus combien, qui était consacré à Ligny justement).
Gromovar a dit…
Tu as raison, j'ai oublié. Je corrige demain. Et non, comme un con, j'ai oublié Aqua TM.