The Dagger in Vichy - Alastair Reynolds

France, non loin de Bourges, autour du ??? Autour de quel siècle au fait ? C’est une bonne question. Car si dès le début de The Dagger in Vichy nous marchons dans les traces d’une troupe de théâtre itinérante comme il y en avait tant entre Moyen-Age et Renaissance, des indices transparents nous disent vite (à nous, peuple de la SF) que l’époque n’est pas celle que nous croyions au départ. Nous comprenons vite que Maître Guillaume, le dramaturge, Maître Bernard, le soldat, et le reste de la troupe, y compris celui qui nous narre l’histoire tragique et navrante de la petite équipe, vivent en des temps qui suivent les nôtres, après maints désastres et tribulations (décidément l’un de mes mots préférés de la langue française) , alors que barbarie et sauvagerie ont repris possession du monde comme elles le firent après la chute de l’Empire romain. Caprice des temps, il y a dans la France du texte un Imperator qui siège à Avignon, comme le firent les papes en d’autres temps. Époque incerta...

Madeleine, Résistante tome 2 - Morvan - Bertail - Riffaud


Sortie du tome 2 des mémoires de Madeleine Riffaud adaptées en BD par Morvan. J’ai dit déjà tout le bien que je pensais de la personne comme du récit.


Membre à part entière de la résistance intérieure, Madeleine Riffaud (qui a 99 ans cette année) participe à toutes les actions, avec le risque constant d’être arrêtée, torturée, tuée. Le risque surtout de parler, inquiétude omniprésente qui justifiait toutes les angoisses et tous les cloisonnements.

Autour de Madeleine, ses camarades de combat dont elle ne connaît en général que le pseudonyme ; elle prend celui de Rainer, en hommage à Rainer Maria Rilke.


Madeleine et Morvan décrivent tout en termes simples, accessibles même à ceux qui n’ont pas l’envie ou le temps de lire un livre d’histoire. Les pseudos et les codes secrets, les privations matérielles et la solitude de vies cloisonnées, les contacts et les rendez-vous discrets, le gris de l’occupation et le feldgrau des uniformes, les tractages et les transports, les planques chez des héros anonymes et le départ « dans le brouillard » des résistants grillés.

Elle raconte aussi la pauvreté matérielle de la résistance, au moins parisienne. Les armes sont rares, un vélo est un actif non négligeable, les réseaux parisiens font feu de tout bois et le bois est rare.

Elle le fait dans sa langue, aux mots et aux expressions parfois surannées, toujours touchante par sa tonalité d’évidence. Elle dit ce qui fut, sans chercher les effets de manche, dans une langue modeste qui colle à l’action de héros dont beaucoup restèrent anonymes. Ce sont les mots d'une vieille dame qui raconte une époque, pas ceux d'une influenceuse en quête de notoriété.


Madeleine Riffaud narre encore deux moments forts : une « rencontre » avec le groupe Manouchian (auquel Morvan va consacrer un ouvrage début 2024), et surtout son meurtre d’un officier allemand, sans ordre et en vengeance de Picpus, son partenaire de résistance tué à l’issue d’une opération mal conduite. Elle est arrêtée juste après par le chef de la milice de Versailles, qui la livre à la Gestapo où la torture commence.


Aussi réussi que son devancier, L’édredon rouge raconte l’histoire d’une femme qui s’engage au péril de sa vie, dans un de ces moments historiques où, si cultivé et éduqué soit-on, on est forcé d’admettre que le temps des plans en deux parties quatre sous-parties est révolu et qu’il est devenu indispensable d’agir, avec parfois tout le manichéisme qu’implique l’action.


Madeleine Résistante t2, Morvan, Bertail, Riffaud

Commentaires

Roffi a dit…
Intéressant. Je note aussi l’ouvrage sur Manouchian à paraître.
Merci pour ces infos.
Gromovar a dit…
You're welcome.
Roffi a dit…
Lu.Je trouve que la forme BD est une excellente façon d’apprendre l’histoire.
Mes petits-enfants, en primaire, ont lu Les enfants de la Résistance, une série de BDs historiques qui leur a plu.
Gromovar a dit…
Oui, c'est très efficace en effet.