The End of the World as we Know it - Anthologie The Stand

Il y a des années j’ai lu et apprécié The Stand – même si j’ai un peu allégé ce très (trop) long roman. J’ai ensuite lu l’adaptation BD , ce qui prouve que mon appréciation n’était pas fake. Voilà que sort une anthologie coécrite par certains des bons auteurs du moment. Elle revisite l’univers de The Stand , y retourne, nous en dit plus sur des choses que King n’avait pas trouvé le temps de raconter, nous offre le plaisir coupable de retourner arpenter une terre ravagée. Edité par Christopher Golden et Brian Keene, doté d’une introduction de Stephen King, d’une préface de Christopher Golden et d’une postface de Brian Keene, The End of the World as we Know it rassemble des textes de Wayne Brady et Maurice Broaddus, Poppy Z. Brite, Somer Canon, C. Robert Cargill, Nat Cassidy, V. Castro, Richard Chizmar, S. A. Cosby, Tananarive Due et Steven Barnes, Meg Gardiner, Gabino Iglesias, Jonathan Janz, Alma Katsu, Caroline Kepnes, Michael Koryta, Sarah Langan, Joe R. Lansdale, Tim Lebbon, Josh...

Madeleine, Résistante - Morvan - Bertail - Riffaud


"Madeleine, Résistante". La BD. Tout commence en 1994 quand Raymond Aubrac dit sans cérémonie à Madeleine Riffaud qu'elle doit « ouvrir sa gueule ». Qu'elle doit témoigner, raconter son histoire et celles des résistants qu'elle connut, afin que le souvenir des moments terribles de l'Occupation ainsi que du courage qu'il suscita et des sacrifices qui s'y accomplirent ne s'éteigne pas avec ceux qui les portent, parfois dans leur chair même.

C'est ensuite une rencontre avec Jean-David Morvan, qui commence mal – Madeleine ne voit guère quoi faire en BD – et se termine bien quand l'ancienne résistante accepte de raconter les années noires à un Morvan qui les mettre en image grâce à Dominique Bertail.

C'est enfin une trilogie à venir (tome 1 ici), fruit de mois de confiance et de collaboration.

J'ai lu ce tome 1 avec inquiétude tant je ne suis guère friand des récits hagiographiques dont accouche souvent ce genre de projet, d'autant qu'ici, avec un personnage principal encore vivant, le risque était décuplé. Mea culpa. Ce tome 1 présente un récit fin, intelligent, bien construit, et, ça ne gâche rien, il donne à voir le destin et le courage d'un femme qui se dressa contre l'inacceptable au péril de sa vie – au péril de sa vie, voilà pourquoi il ne faut écrire les mots « résistance » et « résistants » que d'une main tremblante ce que plus grand monde ne fait aujourd'hui.


"Madeleine, Résistante" raconte les premières années de vie et de Résistance de Madeleine Riffaud. Fille d'instituteurs, petite-fille d'un grand-père qu'elle adore, la petite Madeleine est courageuse, battante, passionnée de lecture et d'ascension aux arbres. Quand la guerre arrive, elle quitte la ville de son enfance et part en exil comme tant d'autres à la même époque. Elle voit les crimes de guerre que constituent les mitraillages de convois civils, elle ressent l’humiliation que la morgue arrogante des vainqueurs inflige aux vaincus. Madeleine sait alors qu'elle entrera en résistance. Ne reste qu'à trouver comment, ce qui est tout sauf une mince affaire.

C'est au malheur d'une tuberculose et à un long séjour en sanatorium qu'elle doit de rencontrer l'homme dont elle tombe amoureuse et qui lui permet d'entrer en résistance : Marcel Gagliardi.

A la fin de l'album, à Paris, Madeleine, devenue membre à part entière du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, comprend qu'elle devra sacrifier beaucoup à son combat. Nous sommes en 42, elle n'est pas encore majeure, le pire n'est lui est pas encore arrivé.


Ce tome 1 de la biographie "Madeleine, Résistante" est tout de douceur, d'honnêteté et de résolution. On y découvre une jeune fille/femme que rien ne prédisposait à une périlleuse entrée en clandestinité mais dont la détermination est telle qu'elle n'a de cesse d'y parvenir.

Dans ce début de récit autobiographique, Madeleine Riffaud raconte – en mots chiches mais toujours signifiants – les incongruités de la drôle de guerre, l'exaspération face aux discours insultants de Pétain, la réalité d'une Milice qui grandit et recrute jusque parmi ses proches.

Elle dit ensuite la vie au sanatorium. Une vie paradoxalement douce, en dépit des malades graves qu'on côtoie et des morts qu'on va régulièrement enterrer. Un havre de paix précaire dans lequel elle développe son amour de la poésie (Rilke lui offre son nom de réseau : Rainer) et découvre la passion amoureuse. Un lieu secret de résistance aussi – elle ne l'apprend que bien tard –, où on soigne/cache ceux que le régime cherche, où on imprime des tracts, où on stocke des armes.

Elle raconte un Paris qui s'adapte à la situation, certains collaborant et d'autres résistant (par les actes ou les mots, les deux étant aussi risqués). Elle dit une organisation secrète contrainte à une méfiance constante tant l'enjeu est élevé pour ceux qui la rejoignent.

Elle dit enfin, pour la première fois de sa vie, un viol dont elle fut victime.


Le texte, tout en force et finesse, est illustré par un dessin d'une grande beauté. Trait réaliste, encrages saisissants, monochromes bleus, tout dans le dessin rend beau à l’œil le récit de Madeleine Riffaud, dans une approche d'un grand classicisme qui rend avec justesse l’époque dont il est question. S'y ajoutent quelques planches grand format d'une grande beauté : ville d'enfance de Madeleine délicieusement IIIe République, conséquences tragiques d'un strafing par Stuka, isolement irréel d'un sanatorium au milieu des neiges, etc.


Il faut donc lire "Madeleine, Résistante" (ce tome 1, en attendant la suite). Le récit qu'il nous fait est à la fois important et beau.


Madeleine, Résistante, t1, Morvan, Bertail, Riffaud

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