Children of Lovecraft - Datlow me déçoit encore

Children of Lovecraft est une anthologie réalisée par Ellen Datlow. Elle contient quatorze nouvelles de longueurs variables, inspirées parait-il par l’œuvre de Lovecraft. Dans sa courte introduction, l’éditrice écrit (ma traduction) : « Je n’ai jamais aimé les pastiches...J’encourage mes contributeurs à créer des histoires en utilisant le meilleur de Lovecraft (la terreur de l’inconnu cosmique, et sa vision) pour explorer de nouveaux thèmes, de nouvelles horreurs » . De ce point de vue elle peut être satisfaite car, globalement, il ne reste que peu de Lovecraft dans ces quatorze textes, au point qu’on se demande ce qui en justifie le titre. On est ici dans de l’horreur existentielle au mieux, voire dans du fantastique  Plus grave, peu de textes surnagent dans ce recueil d’une qualité plus que moyenne, entre textes trop longs, ou trop contournés, ou trop prévisibles, ou les trois ; et ceci en dépit, souvent, d’une belle qualité d’écriture un peu gâchée par une réalisation décevante. En

The Empty - Ray Nayler


Futur. Nevada, sur la 50, la route la plus solitaire des USA.
Sal est "conductrice" (kind of) de convois de camions. Un boulot peu cool et mal payé mais qui permet de régler les factures et fait d'elle l'une des deux seules personnes de sa famille avec un job. Rien d'épuisant à faire, juste surveiller les cadrans. Et voilà qu'un voyant rouge d'alerte s'allume. Et que Sal décide de s'en occuper. Au péril de sa tranquillité.

En 5600 mots, Ray Nayler crée un monde d'où l'emploi a été presque intégralement éradiqué par l'automatisation. Il dépeint un monde où des jobs à la limite de l'indenture sont la seule alternative à la pauvreté oisive qui va avec le revenu minimum garanti.
En si peu de mots il crée au moins deux personnages à qui il donne background, objectifs, personnalités, raisons d'être.
En peu de caractères il dit la commodification des relations humaines, cause et conséquence de l'établissement de l'individualisme consumériste. Il raconte aussi, nées de ce monde qu'il décrit, les stratégies minables pour tenter de survivre un peu mieux ainsi que l'extinction progressive de toute solidarité, mais il n'oublie pas les bribes qu'il en reste parfois et permettent d'accepter de se sacrifier sciemment pour un autrui inconnu.
Il raconte, en d'autres termes, une histoire, palpitante, émouvante, implicante, parfaitement située dans ce monde qui seul la rend possible.

Un monde, des personnages, une histoire, en 5600 mots. C'est de la pure SF, de la très belle ouvrage, du genre qu'on ne voit pas si souvent.

The Empty, Ray Nayler

Commentaires

Anonyme a dit…
Merci pour cet article et pour le lien vers cette nouvelle.
C'est effectivement un superbe pain dans la gueule.
Gromovar a dit…
You're welcome.