Mon cœur est une tronçonneuse - Stephen Graham Jones

Jade Daniels est en dernière année de lycée dans la petite ville de Proofrock, Idaho. Demi-indienne par son père (tendance Blackfeet) , mal dans sa peau, JD, qui vit avec ce paternel indien alcoolo qu’elle déteste, est une espèce de punkette locale que tout le monde connaît, et pas en bien. Seul plaisir d’une vie très solitaire, JD adore les films de slashers , qu’elle regarde passionnément et dont elle a une connaissance encyclopédique. Et voilà qu’elle pense repérer des signes identifiant les débuts d’activité d’un de ces tueurs solitaires dans sa ville même. Entre cinéma et réalité, JD va tenter de négocier au mieux cette menace existentielle. Mon cœur est une tronçonneuse est un roman de Stephen Graham Jones. C’est un hommage à un genre cinématographique qu’il adore et auquel il a déjà donné un excellent roman : Un bon indien est un indien mort . Qu’en est-il ici ? Cette chronique de Mon cœur est une tronçonneuse est garantie sans spoiler ni sur le qui, ni sur le pourquoi, ni sur

Little Monsters t1 - Lemire - Nguyen


Terre, après l'apocalypse.

Huit enfants vivent dans les ruines désertées d'une grande cité. Par petits groupes de potes ils traînent, jouent, créent, tentent de se distraire. Mais il n'est pas facile tous les jours de trouver de nouvelles distractions. On se lasse vite quand on est enfant, surtout quand on attend depuis plus de cent ans.


Avec Little Monsters, Jeff Lemire visite une nouvelle fois le monde de l'enfance dont il donne, encore, une vision tendre et empathique. Mais cette fois, contrairement à Sweet Tooth ou Descenders, les enfants ne sont pas qu'innocents ou menacés, ici ils sont aussi des tueurs en puissance, de petits vampires dont seule l'absence d'êtres humains bride les instincts assassins. Ils se nourrissent de rats par nécessité, comme le piètre Louis d'Entretien avec un vampire qui, lui, le faisait par sens moral déplacé. Mais un jour, ou plutôt une nuit, leur univers change...


Dans un monde sans adulte qui rappelle Sa Majesté des mouches, Lemire installe des vampires qui n'ont d'enfants que l'apparence – même s'il s'avère à la lecture que leur transition vers l'âge adulte ne s'est jamais vraiment faite. Laissés – « pour leur sécurité » – seuls dans la ville vide par l'Ancien qui les avait créés, chacun à un moment différent d'une vie difficile, Bats, Billy, Vicky, Ronnie, Raymond, Lucas, Yul, et la très ancienne Romie, cherche à remplir l'éternité sans vraiment y parvenir. Certains le « vivent » bien, comme Lucas qui compose chaque jour une nouvelle chanson sans même savoir s'il n'a pas déjà imaginé la même un jour dans le passé, ou Romie qui au fil des années à colorié la presque totalité de la ville, d'autres beaucoup plus mal, comme Billy qui n'en peut plus de stagner et veut visiter le vaste monde.

La découverte d'un humain vivant (pas pour longtemps), alors qu'il croyait qu'il n'en existait plus aucun, va changer la donne pour eux. D'abord ils ne sont plus seuls, ensuite ils découvrent à leur grande stupéfaction que le sang humain décuple leurs capacités. Les règles laissées par l'Ancien avant son départ explosent sous l'effet de la révélation, la petite bande se divise alors en deux clans rivaux que distingue la volonté ou l'absence d'impératif moral. C'est le début de la fin pour l'éternité.


Une fois encore, Lemire croque des personnages attachants au fil d'un récit au rythme maîtrisé. Sensible à la longue vacuité de la vie des enfants vampires, tu ne pourras t'empêcher de changer de camp lorsqu'il s'agira pour eux de se nourrir d'humains. Reste à savoir ce qu'il adviendra d'un conflit doublement déséquilibré, le faible nombre des vampires étant plus que compensé par leurs grands pouvoirs.

Servi par un graphisme simple et strict en grisé tramé, ce tome 1 de Little Monsters est une nouvelle réussite de Jeff Lemire. A lire.


Little Monsters t1, Lemire, Nguyen

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