La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

1984 - Orwell - Nesti


Je ne vais pas ici écrire une chronique du 1984 de George Orwell. J'ai passé l'âge de me lancer dans de fines analyses de textes archi-classiques sur lesquels tant de phrases intelligentes ont déjà été écrites par d'autres (y compris par votre serviteur dans un petit essai qui sera peut-être visible un jour).

Je dirai simplement à ceux qui ne l'ont pas déjà lu de le faire. Vous rencontrerez un texte d'une énorme puissance intellectuelle, analytique, émotionnelle, un texte stupéfiant par sa pertinence née de la rencontre féconde d'une pensée politique et d'une expérience de vie, un texte qui prévoyait même l'expérience Pitesti, un texte donc à 1000 lieues des citations tronquées grotesque qui sont devenues, pour une grande partie de la population, l'alpha et l’oméga d'une pensée critique qui n'est pas plus critique que pensée.


Je parlerai ici simplement et brièvement de l'adaptation BD qui en est faite par le brésilien Fido Nesti. Dans celle-ci se rencontrent le texte d'Orwell (en résumé certes, mais néanmoins long et très développé), puissant comme un fleuve en cru dont le volume emporte tout – en dépit de la doubleplusungood traduction de Josée Kamoun –, et le dessin de Nesti, futuriste et comme effaré à la fois, qui illustre très bien la froide horreur du texte ainsi que le regard consterné que Winston Smith porte sur Océania et son système politique. Le travail de Nesti installe sans faute le monde d'Océania à sa place, dans une uncanny valley qui rend justice au décalage glaçant qu'on éprouve en lisant le roman.


L'ensemble est long à lire (plus court que le roman néanmoins, si tu es pressé, lecteur) et c'est une vraie qualité. Le texte d'Orwell est placé en majesté dans un écrin adapté, comme le fit  Baranger avec ceux d'HPL. Parties théoriques et parties dramatiques alternent. On trouve même un long (plusieurs pages) fac-similé du livre de l'arch-dissident Emmanuel Goldstein : Theory and Practice of Oligarchical Collectivism. Il le fallait. Il fallait fournit longuement au lecteur le texte et les analyses – fut-ce traduit par Josée Kamoun – pour que 1984 ne  se transforme pas ici en une mièvre romance tragique en dystopie – autrement dit en HungerGames-like – plus apte à fournir des mèmes absurdes qu'à nourrir une réflexion politique sur le pouvoir et sa fin. Contrat rempli. A toi de prendre ta part, lecteur. Lis et médite.


1984, Orwell, Nesti (on va s'épargner Kamoun)

Commentaires

Gwennaël a dit…
Tiens donc, un essai sur 1984 par Gromovar ? Je suis curieux !
La chronique est l’occasion de rappeler que si tout le monde a entendu parler de 1984, peu l’ont vraiment lu (c’est l’enseignant qui parle).
Et il faut lire tout Orwell, y compris la non-fiction.
Gromovar a dit…
Oui, beaucoup lire Orwell en effet.
Pour le reste, on ne dira rien avant un moment conséquent ;)