La Maison des soleils - Alastair Reynolds

La Maison des soleils est un roman (de 2008) d’Alastair Reynolds qui arrive enfin en France grâce au Bélial et à l’infatigable traducteur Pierre-Paul Durastanti. La Maison des soleils se passe 6 millions d’années dans l’avenir (énorme à notre échelle, rien à celle de l’univers ; il est important d’avoir ces deux rapports en tête pour comprendre tant la dimension vertigineuse de l'aventure humaine que le caractère transitoire des civilisations présentées ici, aussi éphémères que les nôtres) . La Maison des soleils prenant place dans le même univers que la novella La Millième nuit , publiée en UHL et chroniquée ici, je te renvoie, lecteur, à la chronique précédente dont le début te précisera le contexte. Univers de la Communauté donc. La Lignée Gentiane doit de nouveau se rassembler pour les Retrouvailles au cours desquelles, lors des célébrations des Mille Nuits, vont être partagés les fils mémoriels de chacun des clones (nommés frag, pour fragment de l’initiatrice de la Lignée,

Revue de BD : Shi 3 (Zidrou) et Ténèbres 5 (Bec)


"Revenge !", Shi tome 3. Toujours aussi brillant.
L'heure de la vengeance a sonné pour Jennifer et Kita. Les deux femmes - que leur quête et leurs malheurs rapprochent de plus en plus - viennent solder les dettes de tous les hommes qui les ont fait souffrir, et ils sont nombreux. Insaisissables, elles assassinent et marquent leurs victimes du signe de la vengeance.
Parallèlement, et si loin d'elles qu'elle leur est invisible, la reine Victoria utilise son exécuteur des basses œuvres - Lord Kurb - pour tirer partie des manigances des illuminés de Lac Erié qui rêvent de reconquérir les USA pour l'Angleterre.

Dans la veine des feuilletonistes du XIXème, Zidrou tisse un récit où s'entremêlent secrets de famille et secrets d'Etat.
Les faux semblants d'une société bourgeoise victorienne aussi corrompue moralement qu'obsédée par les apparences y sont montrés sous leurs traits les plus infâmes. Suivant les pas des deux jeunes fugitives, le lecteur visite lieux et moments peu ragoutants d'un monde pour lequel l'essentiel était que la vitrine soit belle, quel que soit l'état de l'arrière-cuisine. Et alors que Victoria et ses services préservent la vitrine et utilisent à leur profit les turpitudes de la cuisine, Jennifer et Kita se sont données pour objectif d'y pénétrer pour y apporter le chaos.

Au service de son récit d'enquête, de secret, et de complot, Zidrou s'offre une galerie de personnages pittoresques, beaux ou laids, aimables ou haïssables, forçant le trait pour qu'aucun ne puisse laisser le lecteur indifférent. Dans un monde organisé selon des rapports de domination extrêmes entre possédants et miséreux, hommes et femmes, Blancs et non-Blancs, chaque protagoniste ne peut être que victime ou bourreau, et on ressent un vrai plaisir à voir certaines victimes devenir bourreaux à leur tour. Avec une mention spéciale pour une gamine des rues à la langue bien pendue qu'on quitte fort dépitée mais dont on espère qu'elle aussi aura sa part de vengeance méritée dans le prochain tome.

L'histoire avance, elle est sciemment spectaculaire, de nouveaux éléments annoncent les émois du tome 4, et les dessins sont toujours absolument magnifiques. C'est beau, captivant, touchant. A lire sans faute.

Shi 3, Revenge ! Zidrou, Homs


"Créatures", tome ultime du Ténèbres de Bec et Iko.
Avec ce tome 5, la série Ténèbres connait enfin sa conclusion après 5 ans d'interruption. On éprouve à la lecture le genre de sentiments qui est la plus fréquent dans ce genre de situation. Satisfaction de découvrir la fin de l'histoire, mais aussi léger détachement car - en dépit d'une relecture - les braises émotionnelles sont trop loin dans le passé pour être vraiment incandescentes.

L'arrivée dans la ville fortifiée de Ti-Harnog offre un répit de courte durée aux fuyards conduits par la princesse Tifenn. Mais les créatures sont décidées à poursuivre leur oeuvre de mort et la traîtresse qui les y aide n'interrompt ses manœuvres délétères.
Surmontée leur rivalité amoureuse, les guerriers Ioen et Arzamas doivent s'allier pour défaire définitivement les créatures.
La Reine des monstres se dévoile enfin et - confronté à l'anéantissement - le roi Ti-Harnog accepte à contrecœur d'être le dernier rempart de l'humanité face au fléau ailé, même au prix d'un coût humain énorme. Il y a du Minas Tirith ici. Du Grima langue de serpent aussi.

Héroïsme et vilenie sont présents à parts égales dans ce dernier opus. L'histoire se termine. La paix revient dans le monde ravagé d'Ioen. Il est temps maintenant de panser les plaies et de reconstruire.
Bec conclut tous ses fils et apporte au lecteur les réponses qui étaient en suspens. Job done. Ni zone d'ombre, ni - c'est dommage peut-être - coup de théâtre exploitant pleinement l'origine des créatures et de leur Némésis.

Le dessin est toujours spectaculaire, rempli de décors impressionnants, même si certains combats de masse semblent perfectibles.

Ténèbres 5, Créatures, Bec, Iko

Commentaires

Baroona a dit…
Il me semble avoir déjà croisé "Shi" à la bibliothèque, sans avoir franchi le pas, ne sachant pas trop. Je prends donc note de m'y atteler en 2019. ^^
Gromovar a dit…
Et tu feras bien ;)