Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

Le roi démon - Zidrou - Homs - Guerre des mères


Suite de la série Shi avec ce tome 2 intitulé "Le roi démon". On y retrouve, pour le meilleur, les deux fils ouverts dans le premier volume.

Dans le Londres victorien, Jennifer et Kitamakura, les deux héroïnes, et hélas aussi victimes, du premier volume, subissent le chemin de croix qui leur était promis à la fin du tome 1. La société de l'époque a été plus forte qu'elles - pour l'instant. Jennifer est maintenant mariée à un homme pervers, brutal, mais qui se trouve être aussi un respectable pasteur, ami de ses parents ; les apparences, si importantes, sont sauves. Kitamakura, elle, qui n'a ni nom ni relation, sert d'objet sexuel dans le bordel de luxe de la très singulière madame Muse. Les deux captives, toutes deux soumises au bon vouloir des hommes, toutes deux mères d'enfants tués par la cruauté et les convenances du temps, voient grandir en elles une rage aussi énorme qu'inextinguible. Une rage qui explosera avec l'aide du sensei de Kitamakura, venu l'aider à surmonter ses épreuves londoniennes. Une rage qui réunira les deux femmes et leur donnera la force de fuir, une rage qui permettra de faire le lien avec la deuxième époque – contemporaine celle-là – du récit, c'est à dire l'affaire des attentats qui visent aujourd'hui les dirigeants d'une firme d'armement.

Il y a déjà là de quoi nourrir un récit satisfaisant. Mais Zidrou, jamais rassasié, introduit d'autres éléments d'intrigue, entre chantage politique et volonté folle de ramener les USA dans le giron de la couronne d'Angleterre. Victoria, reine et mère, est partie prenante de ces intrigues. Il reviendra au tome 3 de dire si son chemin personnel croisera celui des deux fugitives entrées en rébellion.

Toujours aussi dur, toujours aussi graphique, toujours aussi plein de complexité et de rebondissements, Shu est une série qui rappelle les feuilletonistes du XIXème siècle. On y trouve les mêmes noirceurs, la même volonté mélodramatique, les mêmes croisements sans contact de destins entre riches et pauvres (la scène avec la fille prostituée et le cocher est parlante), les mêmes aventures larger than life, les mêmes complots aux nombreuses ramifications. L'intervention de Kitamakura y ajoute un (gros) zeste de magie orientale, et, ici, c'est à l'exotisme orientaliste du XIXème qu'il est fait référence.

Le dessin est superbe. Londres et ses contrastes explosent au visage, les scènes sont dynamiques et colorées, et les personnages ont vraiment des gueules (ainsi que des corps, souvent martyrisés).

J'attends impatiemment la suite.

Shi t2, Le roi démon, Zidrou, Homs

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