Les Diables - Joe Abercrombie

Les Diables est le dernier roman de Joe Abercrombie, le pape du grimdark. C'est un roman fantasy/action très dynamique, sanglant, violent et parfois drôle. Il est aussi plus profond que son début ne le laissait présager, et c'est le traitement des personnages qui fait sa qualité. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 120, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : L’Europe est au bord du gouffre. La peste et la famine la ravagent, des monstres rôdent dans l’ombre et des princes avides ne songent qu’à leurs dévorantes ambitions. Une seule certitude demeure : les elfes reviendront, et ils mangeront tout le monde. Mais parfois, les chemins les plus sombres mènent à la lumière. Des routes sur lesquelles les Justes n’ont pas l’audace de s’engager. Enfouie dans les entrailles du splendide Palais Céleste, le fief de la foi...

Le roi démon - Zidrou - Homs - Guerre des mères


Suite de la série Shi avec ce tome 2 intitulé "Le roi démon". On y retrouve, pour le meilleur, les deux fils ouverts dans le premier volume.

Dans le Londres victorien, Jennifer et Kitamakura, les deux héroïnes, et hélas aussi victimes, du premier volume, subissent le chemin de croix qui leur était promis à la fin du tome 1. La société de l'époque a été plus forte qu'elles - pour l'instant. Jennifer est maintenant mariée à un homme pervers, brutal, mais qui se trouve être aussi un respectable pasteur, ami de ses parents ; les apparences, si importantes, sont sauves. Kitamakura, elle, qui n'a ni nom ni relation, sert d'objet sexuel dans le bordel de luxe de la très singulière madame Muse. Les deux captives, toutes deux soumises au bon vouloir des hommes, toutes deux mères d'enfants tués par la cruauté et les convenances du temps, voient grandir en elles une rage aussi énorme qu'inextinguible. Une rage qui explosera avec l'aide du sensei de Kitamakura, venu l'aider à surmonter ses épreuves londoniennes. Une rage qui réunira les deux femmes et leur donnera la force de fuir, une rage qui permettra de faire le lien avec la deuxième époque – contemporaine celle-là – du récit, c'est à dire l'affaire des attentats qui visent aujourd'hui les dirigeants d'une firme d'armement.

Il y a déjà là de quoi nourrir un récit satisfaisant. Mais Zidrou, jamais rassasié, introduit d'autres éléments d'intrigue, entre chantage politique et volonté folle de ramener les USA dans le giron de la couronne d'Angleterre. Victoria, reine et mère, est partie prenante de ces intrigues. Il reviendra au tome 3 de dire si son chemin personnel croisera celui des deux fugitives entrées en rébellion.

Toujours aussi dur, toujours aussi graphique, toujours aussi plein de complexité et de rebondissements, Shu est une série qui rappelle les feuilletonistes du XIXème siècle. On y trouve les mêmes noirceurs, la même volonté mélodramatique, les mêmes croisements sans contact de destins entre riches et pauvres (la scène avec la fille prostituée et le cocher est parlante), les mêmes aventures larger than life, les mêmes complots aux nombreuses ramifications. L'intervention de Kitamakura y ajoute un (gros) zeste de magie orientale, et, ici, c'est à l'exotisme orientaliste du XIXème qu'il est fait référence.

Le dessin est superbe. Londres et ses contrastes explosent au visage, les scènes sont dynamiques et colorées, et les personnages ont vraiment des gueules (ainsi que des corps, souvent martyrisés).

J'attends impatiemment la suite.

Shi t2, Le roi démon, Zidrou, Homs

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