La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

2001 an Odyssey in Words - Anthologie


Arthur C. Clarke, une des figures tutélaires de la SF contemporaine. Né en 1917 et mort en 2008, le Britannique a laissé à la SF une œuvre aussi riche qu’abondante. Outre des voyages sur Mars, Vénus, la Lune, ou dans un temps alternatif, on lui doit notamment le diabolique ordinateur HAL, le (les) monolithe(s) noir(s), le développement du concept de Big Dumb Object, ou encore Les Trois Lois de Clarke.

Voilà qu’en 2017 Ian Whites et Tom Hunter décident de célébrer le centenaire de la naissance du grand ancien en éditant une anthologie de nouvelles de 2001 mots chacune, ni plus ni moins.
Appel à texte, kickstarter, sélection. Enfin, en 2018, sort "2001 an Odyssey in Words". Une introduction, 27 nouvelles, trois très courts essais.

Le moins qu’on puisse dire est que, comme trop souvent lorsqu’il s’agit d’AT avec thème et contrainte imposés, le résultant n’est guère brillant. Quelques auteurs surnagent (voire un peu plus), et c’est tout.

Certaines nouvelles ne reprennent qu’une ambiance à la Clarke, d’autres font plus directement référence à des œuvres de l’auteur. Mais globalement, les textes sont trop courts pour produire un effet intéressant. Très rarement exaltants, certains sont fades, d’autres pompeux ou bordéliques, à la limite (ou au-delà) de l’exercice de style.

Revue partielle,  ce qui mérite lecture même si ce n’est pas toujours parfait :

Golgotha, de Dave Hutchinson, est une histoire de contact qui tourne au désavantage d’une humanité qui va devoir payer ses crimes écologiques. Un texte qui rappelle le Donald d’Adrian Tchaikovsky.

Murmuration, de Jane Rogers, montre un petits groupes d’humains ethnocentriques détruire, sans même y penser, tout un écosystème étranger.

The Escape Hatch, de Matthew de Abaitua, offre une porte de sortie vers un autre monde à une humanité condamnée aux tribulations du désastre environnemental, et singulièrement à une femme que rien ne retient plus. Un texte d’une ironie glacée.

Your Death, Your Way, 100% Satisfaction Guaranteed!, de Emma Newman, est une très jolie histoire de fin de vie, ce moment où on dit adieu et où on voit son existence défiler, littéralement. Dommage que le twist final, qui aurait pu être un vrai Festen-like, tourne à une convenue affirmation transgender-friendly.

Dancers, de Allen Stroud, montre comment deux astronautes parvinrent à rouler un « bébé HAL » avant qu’il ne devienne néfaste pour l’équipage.

The Collectors, d’Adrian Tchaikovsky, est une surprenante histoire de contact alien dans l’équivalent d’un musée spatial. Une déception pour l’humanité et deux narrateurs étonnants.

Drawn from the Eye, de Jeff Noon, est un récit weird très réussi sur un collectionneur de larmes. On est captivé par son ambiance intrigante.

The Fugue, de Stephanie Holman, est une histoire d’infiltration alien ici et maintenant, et de vie vécue/non vécue, qui fleure comme un épisode de Twilight Zone.

Child of Ours, de Claire North, est une bien jolie histoire d’enfantement robotique, entre hérédité et libre détermination. Elle peut évoquer, en bien plus court, The Lifecycle of Software Objects de Chiang, ou le début du Diaspora de Egan.

Last Contact, de Becky Chambers, montre comme il est difficile de se séparer d’une espèce présentiente à l’étude de laquelle on avait voué sa vie. Un texte émouvant, DianeFossey-like.

Ten Landscapes of Nili Fossae, de Ian McDonald, fait monter la tension dans une base martienne qui risque l’annihilation alors qu’un astronaute y peint des vues de Nili Fossae à la manière de peintres connus, de Boticelli à Hokusai. On peut penser à Before Mars de Newman.

La meilleure est sans doute Providence, de Alastair Reynolds, où se combinent, pour un équipage d'explorateurs spatiaux, grandes espérances, échec cuisant, et sens du sacrifice.

Le reste est peu excitant, certains textes étant franchement superflus tels celui de Yoon Ha Lee ou (ça devient une habitude) celui de Bruce Sterling, voire tirés par les cheveux comme le conte de Noël spatial I Saw Three Ships de Phillip Mann.
Et je ne sais que penser du The Ontologist, de Liz Williams.
Quant aux essais, ils sont dispensables.

2001 an Odyssey in Words, anthologie par Ian Whites et Tom Hunter 




Commentaires

FeydRautha a dit…
Je suis justement en train de le lire et je partage ton avis sur le manque d'intérêt global du recueil. C'est parfait, tu m'évites d'avoir à écrire une chronique là dessus.
Gromovar a dit…
Tu postes la couv' + un lien vers ici et ça suffira.