Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

The Manhattan Projects - Hickman Pitarra Bellaire


Sortie chez Urban d'un énorme pavé de près de 500 pages, titré "The Manhattan Projects, volume 1 Pseudo-Science" ; il y aura donc un second énorme pavé.

Vous connaissez tous le Projet Manhattan, colossal projet militaro-scientifico-industriel qui permit aux USA de mettre au point la première bombe atomique, avant l'Allemagne nazie et dans l’intention de l'expédier sur cette dernière. Ironie de l’Histoire, l'Allemagne s'étant effondrée trop tôt, c'est le Japon qui eut le triste privilège de servir de showroom à la technologie nucléaire américaine ; l'Oncle Sam se souvenait d'Iwo Jima.

Du moins, vous croyiez connaître le Projet Manhattan... Car le scénariste Jonathan 'Black Monday' Hickman, assisté du metteur en images Nick Pitarra, nous dévoile enfin la vérité sur le projet, sur le « secret caché dans le secret » comme le nommerait le boss mystérieux du « Comité » de Przybylski.

Mettant en scène les véritables acteurs du projet, Hickman nous dit tout sur leur mission secrète, inconnue du public jusqu'ici. Il dote savants et militaires de personnalités proprement délirantes (nous y reviendrons) qui empêcheraient même leurs mères de les reconnaître.
Alors que le projet avance puis est finalement révélé au monde comme celui qui conduisit à la mise au point de la bombe atomique, celui qui permit sans doute la fin accélérée de la guerre contre le Japon, celui qui fit entrer le monde de la Guerre Froide dans la course aux armements et l'équilibre de la terreur – offrant par là-même une source d'inspiration infinie aux auteurs SF qu'on n’appelait pas encore apo ou post-apo –, la vérité, comme disait l'autre, était en fait ailleurs.
Les savants fous – on peut le dire – de Manhattan mettent au point des armes bien plus terribles que la bombe, communiquent avec des aliens qu'ils combattent aussi à l'occasion, et projettent d'aller vers l’infini et au-delà pour prendre la contrôle de tout l'environnement galactique immédiat, main dans la main avec des Russes aussi out of bounds qu'eux. Car, entendons-nous bien, tous ces braves gens qui travaillent sous la houlette du Général Groves se sont depuis longtemps affranchis de tout contrôle politique ; même les redoutés Illuminatis – à l'origine et au cœur de tout secret comme de tout complot – paieront cher leur tentative d'ingérence.

C'est aux aventures secrètes des gens de Manhattan qu'Hickman convie le lecteur. Complètement barré, le comic met en scène un Groves aussi caricatural que le « Buck » Turgidson du Docteur Folamour, un Einstein moins brillant mais plus violent que l'original, un Feynman touchant de naïveté idéaliste, un Fermi dont on comprend mieux d'où vient son fameux paradoxe, un Daghlian non-mort qui rappelle un peu le Dr Manhattan, un Von Braun parfait dans le rôle de la raclure nazie, sans oublier un Oppenheimer cannibale et atteint d'un très lourd TDI, un Gagarine stakhanoviste de l'héroïsme, un Oustinov surprenant, un Roosevelt transhumain, un Truman complètement illuminé, et quelques seconds rôles.

Tout ce monde vit des aventures proprement délirantes dont l'excès même tient le lecteur à distance au début du comic, avant que l’accumulation, le rythme, et l'absence de limite de la chose l’entraînent malgré lui à y prendre plaisir, comme sur un roller-coaster auquel il aurait fini par s'abandonner. Ca n'est guère profond ou signifiant, mais c'est franchement jouissif, pour peu qu'on accepte une bonne dose de suspension d'incrédulité.

Dans la réalité, après l'explosion test dans le désert du Nouveau-Mexique, Oppenheimer, le chef scientifique du projet déclarera : « Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ». Quant à Einstein, qui écrivit à Roosevelt pour le convaincre de battre les Nazis dans la course à la bombe, il dira après la guerre : « Si j'avais pu savoir que les Allemands échoueraient dans leur projet de développer une bombe atomique, je n'aurais rien fait »
Science ne fut pas sans conscience. Un peu trop tard, hélas.

The Manhattan Projects, Vol 1 Pseudo-Science, Hickman, Pitarra, Bellaire

Commentaires

Lorhkan a dit…
Mais tu sais que ça me tente carrément ça ?
Et puis le complotisme, c'est à la mode en ce moment. :D
Gromovar a dit…
Bienvenue chez les fous ;)