Les Nominés du Prix Planète-SF 2025

Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF 2025 est maintenant clos. Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi : Requiem pour les fantômes de Katherine Arden traduit par Jacques Collin (Denoël Lunes d’Encre) Les membres du jury ont voté et choisi : La Cité des lames de Robert Jackson Bennett traduit par Laurent Philibert-Caillat (Albin Michel Imaginaire) Une Valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (Robert Laffont Ailleurs & Demain) Autrement dit, A B C D. L’univers est bien organisé. Le jury dispose maintenant de tout l’été pour faire les rattrapages de lecture nécessaires avant une délibération à la rentrée pour décider lequel de ces quatre romans deviendra le Prix Planète-SF 2025.

Dragon - Thomas Day - Retour de Bifrost 81


« Une heure-lumière ». La nouvelle collection novella du Bélial. 4 à 6 courts romans seront publiés par an. Du français et de l’étranger. Du tout neuf et du primé. Dragon, de Thomas Day, est l’un des textes qui ouvriront le feu dès le début 2016.
 
Bangkok, Thaïlande. Un inconnu massacre à la kalach les clients et le personnel d’un bordel temporaire, l’un de ces innombrables bouges de la capitale thaïlandaise où des mafieux font leur beurre en organisant la prostitution enfantine, pour des touristes occidentaux désireux de s’abandonner à leurs pulsions abjectes sans grand risque, et aussi bien sûr pour quelques pervers locaux. Le lieutenant Tann est immédiatement chargé de l’enquête, une enquête que le Général Wongkrachang, chef de la police de Bangkok, rend prioritaire. Ses ordres implicites sont clairs : Tann doit retrouver le tueur et le supprimer discrètement. Il importe que les touristes, sources essentielles de revenus pour le royaume, ne prennent pas peur, mais aussi que la Thaïlande joue son rôle de pays motivé par la lutte contre le prostitution enfantine. L’opinion mondiale veille par les yeux de diverses ONG. La mauvaise réputation se paie cash.

Catholique dans un royaume majoritairement bouddhiste, ex-amant de Pearl, un ladyboy pré-op, Tannhäuser - Tann pour les intimes - marche en équilibre sur la fil tendu qui sépare deux mondes. La traque du Dragon, l’impitoyable bourreau des pédophiles, le fera basculer loin des hommes, dans une autre réalité, terrible et foudroyante.

"Dragon", c’est le cheminement de Tann vers son destin métamorphique, écho de celui du capitaine Willard dans Apocalypse Now avec qui il partage une même mission (parallèle des scènes : Tann/Wongrachang - Willard/Lucas) : plonger jusqu’au cœur des ténèbres pour mettre un terme définitif au problème. Le parallèle trouve néanmoins sa limite : in fine, Tann sera Kurtz plutôt que Willard, il ne reviendra pas des ténèbres mais transmettra sa tâche à qui saura mieux la remplir.

Dans "Dragon", Day raconte la Bangkok derrière la carte postale - une ville sale, corrompue, puante, aussi laide moralement que physiquement, où des hommes laids font des choses laides avec la complicité passive de la majorité. Il décrit en détail, au ras du sol, en reporter embedded. Il pratique une approche gonzo, ultra-subjective. Il dit son horreur de la prostitution enfantine et la balance dans la gueule du lecteur, avec urgence et violence, là où le Houellebecq de Plateforme abordait la question par l’ironie désabusée. Le choc ici est plus rude, et du coup plus efficace.

Dragon, Thomas Day

Commentaires

shaya a dit…
Ton analyse me donne envie de voir Apocalypse now que je ne crois pas avoir encore vu, honte sur moi!
Gromovar a dit…
Il faut voir Apocalypse Now.