Cave Girls vol 1 - Broadmore - Lanning - Boshier

Grand format d'image pour grand album ;) Cave Girls de Greg Broadmore, assisté d’Andy Lanning et Nick Boshier. Ouch ! Quelle claque ! L’album, monumental par sa taille et son poids, est une succession ininterrompue de planches plus impressionnantes les unes que les autres. Tout commence par un petit morceau de viande que Chemin-Droit, chasseuse préhistorique, donne à un vélociraptor qu’elle appelle ironiquement Gringalet. Un don qui lui sauvera la vie bien plus tard, quand Gringalet aura l’occasion de lui renvoyer l’ascenseur. Wait ! On rembobine. Chasseuse préhistorique et vélociraptor ! On comprend là que ce premier volume de la série Cave Girls se passe dans un monde uchronique, ou fantastique, ou, mieux encore, d’héroïc fantasy. Car s’il y a un âge barbare c’est ici qu’il se trouve, bien plus encore que dans le monde de Conan . Autre différence de taille, la tribu de Chemin-Droit n’est constituée que de femmes et de filles. Aucun homme à l’horizon de ces amazones dont la plus...

Retour de chronique : Le paradoxe de Fermi - Jean-Pierre Boudine

Retour de chronique du Bifrost 78

"Le paradoxe de Fermi" est une version corrigée du roman de Jean-Pierre Boudine publié en 2002. Treize ans après la V1, l’auteur ajoute certains développements que l’histoire récente (crise financière de 2007, accroissement des inégalités mondiales, ou progression incontrôlée de la menace climatique –éléments ayant conduit le 22/1 de cette année à une avancée de deux minutes de la célèbre Horloge de l’Apocalypse) rend incontournables.

En Pythie moderne, Boudine décrit les effets ravageurs d’une crise systémique débutant dans la finance puis s’étendant de proches en proches à tous les rouages d’une société technicienne devenue si complexe que le moindre défaut suffit à la faire s’écrouler. Il le fait à travers le journal, futile testament, d’un narrateur réfugié dans une grotte des Alpes pour fuir la menace mortelle que représentent ses derniers contemporains.

Boudine montre comment une division du travail poussée à l’extrême, une informatisation omniprésente et un défaut évident d’intégration sociale rendent les sociétés aussi fragiles que de très fins mécanismes d’horlogerie. Alors quand, au bout du déni, le réel s’écrase sur la face du monde, quand un système économique productiviste, inégalitaire, en surchauffe, finit par exploser, quand l’agressivité d’une espèce prédatrice, l’individualisme égotiste qui est au fondement de la nature humaine – Hobbes ?, et la dictature de l’immédiateté avec ses conséquences écologiques s’en mêlent, la danse sur le volcan finit inévitablement au fond de sa gueule.

Tout ceci Boudine le montre, sans guère de pathos, et il est difficile de prendre son raisonnement en défaut. Il en tire une solution simple, comme évidente, au célèbre Paradoxe de Fermi. La vie intelligente ne peut durer. Les civilisations techniciennes s’autodétruisent vite. C’est pour cela que nous n’en avons jamais rencontré aucune dans l’immense univers.

En accord total avec la thèse de Boudine, je ne trouve néanmoins pas son texte sans défaut. Froid, presque clinique, Boudine ne crée pas de personnages. On en sait un peu sur son narrateur, presque rien sur les autres. Aucun ne développe avec le lecteur une relation qui l’impliquerait. Très bref dans sa description de l’effondrement, il convaincra les convaincus tels que moi mais manque sûrement d’artifices rhétoriques pour faire basculer les indécis. Si on ne s’intéresse pas à ces questions, tout peut sembler trop rapide, trop explicitement didactique. A mi-chemin entre un roman comme l’Exodes de Ligny et un essai comme le glaçant The collapse of complex societies de Tainter, "Le paradoxe de Fermi" est au moins une bonne introduction à la fragilité d’un monde qui nous paraît acquis. En cela il est utile et méritoire.

Le paradoxe de Fermi, Jean-Pierre Boudine

Commentaires

lutin82 a dit…
Je me posais vraiment la question sur ce récit qui me paraissait glaçant. Tu as répondu à mes interrogations. Le monde est déjà très déprimant, je ne crois pas que c'est ma tasse de thé pour l'instant. Mais, je ne l'écarte pas définitivement car il a quand même un petit quelque chose...

Le paradoxe de Fermi n'est pas top... j'aurai préféré l’existence d'alien.
Gromovar a dit…
Concernant les aliens, parfois mieux vaut être seuls que mal accompagnés ;)