La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Retour de chronique : Ceux de l'autre rive - Christopher Buehlman

Retour de chronique publiée dans Bifrost 73

1935. La Grande Dépression est encore vivace aux Etats-Unis. L’économie est moribonde ; la misère est grande, surtout dans les zones rurales.

Dans ce contexte morose, Frank et Eudora, un couple en rupture de ban, s’installent à Whitbrow - petite ville de Géorgie dans laquelle Frank vient d’hériter d’une maison - pour y démarrer une nouvelle vie. Eudora remplacera l’institutrice de la ville et Frank prévoit de faire des recherches pour écrire la biographie de son terrifiant ancêtre local, un planteur esclavagiste, cruel et sanguinaire, assassiné lors de la révolte de ses esclaves. Le couple s’intègre lentement à la vie de Whitbrow et découvre, ce faisant, les étranges traditions de la petite ville et le mystère qui entoure la forêt de l’autre côté de la rivière. Vient un jour où une décision malheureuse de la communauté provoque une avalanche d’évènements terrifiants.

"Ceux de l’autre rive" est un premier roman, et il en a quelques-uns des défauts caractéristiques.

Quelques mots ou expressions trop modernes dans la bouche d’un narrateur des années 30, des personnages peut-être un peu trop contemporains dans leurs attitudes (même pour des intellectuels de la Côté Est), certains dialogues imparfaits, une motivation maléfique pas totalement réaliste. On pourra aussi lui reprocher une fin sans doute trop rapide, et qui, par certains côtés, fleure bon le jeu de rôle.

Mais il serait vraiment dommage de s’en tenir là.

"Ceux de l’autre rive" possède une bonne histoire, au rythme de progression très satisfaisant. Il parvient à être un roman de genre bien typé qui se camoufle assez longtemps comme tel, évitant ainsi l’écueil d’une catégorisation trop rapide tout en instillant dès l’abord un sentiment de malaise intense. Intrigant un lecteur qui n’a, longtemps, pas tous les éléments du mystère en main, il l’invite à croiser deux personnages principaux détaillés et attachants, ainsi qu’un nombre conséquent de seconds rôles pittoresques et hauts en couleur, dans une bourgade reculée de l’Amérique Profonde que la modernité n’a pas encore atteinte. Convaincant dans la description qu’il fait d’hommes simples dépassés par les évènements, Buehlman montre très bien la désagrégation rapide d’une petite communauté confrontée à une menace trop grande pour elle, et l’inefficacité de « civils » tentant de résister par la force à une adversité violente. N’est pas un vétéran de la grande Guerre qui veut ; seul Frank peut s’en vanter.
Ceux de l’autre rive, malgré ses défauts de jeunesse, est un ouvrage agréable et palpitant, un page turner très distrayant. Il y a dans ce premier roman quelque chose du Stephen King des débuts, quand il savait écrire court et inquiéter sans abuser d’effets gore, quand il savait aussi faire entrer le lecteur dans les rituels intimes d’une communauté sans l’abreuver de références pro domo. Quand à Buehlman, c’est un auteur dont il faudra suivre la maturation ; en France dès qu’aura été traduit son second roman : « Between two fires ».

Ceux de l'autre rive, Christopher Buehlman

Commentaires

Unknown a dit…
Intéressant ! Je note pour plus tard ^^
Gromovar a dit…
Bonne idée :)