Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

C'est l'interprète qui compte


L’histoire du Joueur de flute de Hamelin, tout le monde la connaît. Vieille légende germanique popularisée par les frères Grimm, elle est terriblement cruelle, et de ce genre de morale d’Ancien Testament qui fait retomber la faute des pères sur les fils.
L’album d’André Houot n’est donc qu’une (nouvelle) interprétation d’un récit apocryphe. Mais quelle interprétation !
Je vais être bref et simple. "Hamelin" est beau. Comme peut l’être un bel objet, un beau bijou, une belle statue. Houot adapte fidèlement le récit en y ajoutant simplement une histoire révoltante, dans sa banalité, d’accusation de sorcellerie. Il y montre aussi un procès d’animal, comme il en existait vraiment au Moyen-Age. Mais, par delà l’histoire qu’on peut déjà connaître, Houot donne de tout cela une mise en image sublime. Les graphismes sont fins et très détaillés. L’encrage précis emplit l’image d’une multitude de petits détails réalistes. Les couleurs sont superbes, toujours adaptées, de l’ocre au noir au bleu, lumineuses ou sombres suivant les lieux et les moments.

L’Allemagne médiévale, avec ses maisons à colombage, ses rues sombres éclairées par de rares torches, ses murailles et portes fortifiées, ses notables vêtus de riches étoffes, ses mendiants scrofuleux, ses champs baignés de soleil, ses lavoirs, ses piloris, s’offre au lecteur ébloui par tant de magnificence. Cerise sur le gâteau, les phylactères font de serpentines circonvolutions pour rejoindre les bouches, et les encadrés de présentation sont écrits en caractère gothiques et enluminés.
J’ai hésité avant d’acheter cette adaptation d’une histoire bien connue, par peur de ne pas frissonner par manque de nouveauté. Le fond est ancien, mais la forme est celle de Houot, et elle vaut vraiment le détour. Mes yeux en sont encore ébahis.
Un album à s’offrir, à offrir, autant aux amateurs de BD qu’à ceux de Beaux Livres.
Hamelin, André Houot

Commentaires

Éric Nieudan a dit…
Bien joué le pousse a l'achat... J'ai téléchargé deux de tes recommandations. Et même pas pour faire des cadeaux! :)