Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Hobbes à Fukushima


Les éditions ActuSF publient de nouveau un maître étranger, après Moorcock, avec ce "Jackpots", qui renferme quatre nouvelles de Robert Heinlein, dont une inédite en France.
Après une préface plutôt biographique d'Eric Picholle (qui m'a aimablement dédicacé le recueil, une bonne raison pour précommander chez ActuSF), le premier texte est "Sous le poids des responsabilités". Dans l'espace on est en apesanteur, sauf si on accélère. Et plus on accélère fort, plus c'est douloureux. C'est le devoir qu'Heinlein met ici en exergue, le sens du sacrifice dont font montre certains dans les situations de crise. On ne pourra s'empêcher de penser aux liquidateurs de Tchernobyl, aux ouvriers de Fukushima, ou aux marins du K-19, dont la sacrifice, en pleine guerre froide, est injustement méconnu.
"Solutions non satisfaisantes" est le gros morceau du recueil. Renseigné et visionnaire, Heinlein y décrit, quelques années avant l'heure, la terreur atomique, et y invente, bien avant tout le monde, le concept de "bombe sale". Face à la menace d'anéantissement, Heinlein ne peut imaginer qu'une solution (non satisfaisante) hobbesienne.
"La création a pris huit jours", inédit, aurait pu le rester. C'est fortéen certes, mais pas d'affect, pas d'explication, dans ce texte dont on sort comme on y est entré.
"Une année faste" parle à mon coeur économique. L'application extrémiste que fait Heinlein de la théorie des cycles et du déterminisme statistique lui permet d'écrire un texte amusant, à la fin enlevée.

Au final, un recueil plaisant, avec ce mélange de gravité "Folamour" et de légèreté "American Graffiti" qui est le propre de l'âge d'or.

Jackpots, Robert Heinlein

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Ha, voila une chouette première chronique que je croise sur ce recueil ! Et il semble bien correspondre aux exigences que j'espérais y trouver (je suis en retard dans mes lectures d'Heinlein, la faute à la PAL).

Je rajouterais juste que le sens du devoir face à "l'atome fou" civil ou militaire mis en avant dans cette nouvelle vraiment majeure de l'œuvre d'Heinlein se retrouve aussi dans Histoire du Futur : avec « Blowups Happen » (nucléaire civil) et « The Long Watch » (où en plein putch d'officiers militaires, le dernier homme loyal joue les liquidateurs en sacrifiant sa vie pour désamorcer les ogives nucléaires entre les mains des rebelles).

Je suis d'accord avec ta citation des anonymes de Tchernobyl, Fukushima et du K-19, la liste n'est hélas pas clause. Heinlein est un auteur à relire à l'heure actuelle, en plein débat nucléaire.
Gromovar a dit…
Il faudra que je me procure ces deux nouvelles.
Efelle a dit…
Faudra que je me le prenne finalement...