The Dagger in Vichy - Alastair Reynolds

France, non loin de Bourges, autour du ??? Autour de quel siècle au fait ? C’est une bonne question. Car si dès le début de The Dagger in Vichy nous marchons dans les traces d’une troupe de théâtre itinérante comme il y en avait tant entre Moyen-Age et Renaissance, des indices transparents nous disent vite (à nous, peuple de la SF) que l’époque n’est pas celle que nous croyions au départ. Nous comprenons vite que Maître Guillaume, le dramaturge, Maître Bernard, le soldat, et le reste de la troupe, y compris celui qui nous narre l’histoire tragique et navrante de la petite équipe, vivent en des temps qui suivent les nôtres, après maints désastres et tribulations (décidément l’un de mes mots préférés de la langue française) , alors que barbarie et sauvagerie ont repris possession du monde comme elles le firent après la chute de l’Empire romain. Caprice des temps, il y a dans la France du texte un Imperator qui siège à Avignon, comme le firent les papes en d’autres temps. Époque incerta...

Mi-Gos de tous pays, unissez-vous


Etant un lecteur compulsif il m’arrive souvent de reposer un livre terminé et de me demander "So, what ?". C’est malheureusement le première pensée qui m’est venue après avoir refermé "HPL" de RC Wagner.
Je suis un fervent amateur d’uchronie et j’en lis beaucoup. Toutes ne sont pas bonnes, loin s’en faut, mais je m’acharne pour ne pas rater les quelques pépites du genre. Il y a néanmoins un point qui me paraît acquis. Si les uchronies ont un intérêt, c’est en tant que fictions spéculatives. Expériences virtuelles de psychohistoire appliquée, elles permettent d’envisager comment une transformation dans l’Histoire connue du monde aurait pu en faire dévier de manière significative le cours.
Or, je crois que Braudel, Bloch (Marc, pas Robert), et les historiens des Annales ont raison. Je crois qu’il n’y a pas de grands hommes, et que la biographie est une démarche historique inutile car non féconde. L’Histoire est l’histoire de l’évolution des structures et des forces sociales.
La démarche des Annales, influencée par le matérialisme historique marxiste, aurait sûrement plu au Lovecraft imaginé par RC Wagner, ce Lovecraft évoluant vers toujours plus de « progressisme » tout au long de sa (longue) vie. Je ne crois pas que ce Lovecraft aurait pu exister (même s'il a fait un tout petit bout du chemin, irl), et, sachant ce qu'on sait de lui et de son système de valeurs, l'homme n’aurait sûrement pas évolué aussi loin dans le « progressisme » à moins d’avoir troqué son cancer du côlon contre une tumeur au cerveau.
Mais surtout il me semble qu’une uchronie biographique, au vu de mes préventions précédentes, ne présente guère d’intérêt, hormis anecdotique (j’ai déjà émis très succinctement cette opinion à propos du "Elvis le Rouge" de Walter Jon Williams).
"HPL", uchronie biographique, se présente non comme une nouvelle romancée mais comme une longue note biographique. Enrichie de nombreuses notes de bas de pages, elle a un aspect universitaire qui n’est pas déplaisant. Elle invite le lecteur à découvrir la vie d’un Lovecraft imaginaire qui n’aurait pas succombé à la maladie. Et elle se conclut par un twist piquant et amusant. Cette "nouvelle" n’est donc à aucun moment désagréable, mais elle est clairement dispensable, pour les deux raisons qu’elle est largement incroyable et d’un propos trop étroit.
J’ai lu "HPL" avec un esprit ouvert comme m'y invitait RC Wagner, mais je n’y ai pas trouvé matière à réflexion.

HPL, RC Wagner

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Commentaires

El Jc a dit…
L'exercice en soit peut être plaisant, mais me semble tout de même avoir de sérieuses limitations.
Gromovar a dit…
Mon opinion c'est que si je ne suis pas un auteur connu avant d'envoyer ça à un éditeur, il me shoote.
Guillmot a dit…
Je persiste aussi à penser que cette uchronie est trop subjective et qu'elle m'a laissé sceptique quant à l'évolution d'HPL; mais sur la forme je salue cette (très bonne) idée originale d'hommage.
Thôt a dit…
Effectivement, l'intérêt est limité, mais c'est un moyen de se déclarer amateur des textes de l'auteur du Mythe de Cthulhu sans valoriser sa vie réelle et ses opinions...
Dans ce cadre restreint, un excellent texte, dissociant l'homme de l'œuvre!
Thôt a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
philippe a dit…
salut,
si tu apprécies lovecraft, je te conseille de lire "la clé de l'abîme" de José Carlo Somoza (si c'est pas fait!), bel hommage à l'univers de l'auteur.
Gromovar a dit…
Je ne connaissais pas ce livre mais j'ai lu et apprécié pas mal de trucs de José Carlos Somoza. Ca part donc définitivement sur ma liste à lire. Merci pour le tuyau.