Le Geôlier - Florian Quittard

Lieu indéterminé, date indéterminée. Un de ces espaces-temps incertains qui m’évoquent immanquablement Kafka. Qu’on peut attribuer aussi à Olga Tokarczuk ou à Karin Tidbeck , pour ne citer qu’elles. Saul Geôlier est gardien de prison. Oui, Saul Geôlier est geôlier, ce qui n’est pas absurde tant il ne fait qu’un avec un emploi et une fonction qui semblent être ses seules occupations. Il vit seul dans une petite cabane non loin de la prison où il officie. Il fait chaque soir le chemin qui relie sa cabane à la prison. Il prend son tour de garde nocturne auprès de prisonniers avec lesquels il a peu de contacts et de collègues qu’il fréquente à peine, sous les ordres d’un directeur qu’il n’a jamais rencontré. Au matin, sa garde accomplie, il rentre à la cabane. Il y collectionne les yeux des prisonniers (il faut lire pour comprendre) . Tous les jours, tous les soirs, tous les matins. Sans changement, sans promotion, sans perspective. Mais ce soir, le premier du livre, est spécial. Ce soir,...

Lumpenprolétariat


Thierry Jonquet est un auteur de roman noir qui a une longue trajectoire politique à l'extrême gauche. Dans "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte", phrase tirée de Victor Hugo, il tente de réveiller une certaine gauche au lendemain des émeutes de banlieue et de l'affaire Ilan Halimi. Une gauche confite dans l'huile des bons sentiments et de l'angélisme. Une gauche qui s'étrangle quand Jospin dit à Villepinte que la sécurité est un droit fondamental de l'individu et que c'est à l'Etat de l'assurer aux plus faibles, que la sécurité est ce que la société doit à l'individu dans le cadre du contrat social. Une gauche qui, à force de victimisation, justifie toutes les dérives, même les plus barbares. Une gauche qui a oublié que la République s'est construite contre les folklores et les particularismes, et non pas avec eux. Un gauche qui a découvert, horrifiée, que certains enfants d'immigrés ex-colonisés (meilleurs substituts de l'opprimé absolu depuis qu'il est difficile de trouver des prolétaires) étaient de vrais antisémites.
Venons en maintenant au fait ! Dans cet ouvrage Jonquet décrit la dérive hors de l'orbite républicaine de quartiers entiers du 9-3. A travers le trajet de quelques jeunes et de quelques boss de cité, il dépeint la réalité tragique de certaines zones que l'Etat ne contrôle plus qu'à grand peine. Or la nature politique a horreur du vide et quand l'Etat n'exerce plus son autorité il est rapidement remplacé par le plus violent des autochtones ou le plus illuminé des religieux.
Alors certes les personnages du roman sont des archétypes, certes on sent un peu d'aigreur personnelle (mais qui mieux qu'un compagnon de route peut connaître la route afin de pouvoir en parler ?), certes on peut se demander si ce roman, très ancré dans des évènements réels, résistera aux outrages du temps, certes on peut reprocher une noirceur extrême et l'absence de toute voie de salut, mais il est salutaire de rappeler dans un livre que la République ne doit jamais rien céder à des particularismes crpyto-fascistes et que ça passe par l'éducation, une éducation où les enfants devraient trouver autre chose que ce qu'ils y apportent.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, Thierry Jonquet

Commentaires

Anonyme a dit…
Ca donne envie ! Il est sur ma table de nuit, alors il n'y a plus qu'à...
Anonyme a dit…
J’avais déjà entendu parler de cet auteur enfin d’un de ses bouquins « Mygale » il a l’air pas mal non plus .
Gromovar a dit…
Je ne l'ai pas lu mais il parait que c'est trèèèèèèèèès bien en effet.