L'Oiseau qui boit des larmes - Lee Young-Do

L’Oiseau qui boit des larmes (tome 1, Le Cœur des Nagas) est un roman de Lee Young-Do, premier tome d’une tétralogie de fantasy. Son auteur serait « Le Tolkien coréen » si l’on en croit le sticker apposé sur la couverture. Diable ! Qu’en est-il ? Le monde imaginé par Lee Young-Do est divisé en deux par une Ligne imaginaire. Au sud de celle-ci vivent les Nagas. Ils s’y sont installés non sans violence dans un lointain passé. Au nord on trouve les autres « humains », qu’ils soient Standards, Rekkons, ou Tokkebis. Les Nagas sont petits. Ils ont le corps couvert d’écailles. Ils entendent mal, ce qui fait qu’ils parlent beaucoup moins qu’ils ne nilhent (une forme de communication par la pensée) . Ils voient en revanche très bien, notamment les différences de température. Ils vivent dans une société matriarcale, sous la domination de matrones qui traitent les mâles comme un cheptel reproducteur – à l’exception des Protecteurs qui ont épousé la déesse et la servent dans un...

Minnie and Earl - Adam-Troy Castro


Quelques mots sur un étrange petit recueil d’Adam-Troy Castro, l’auteur bien connu ici maintenant des très SF aventures d’Andrea Cort.

Minnie and Earl est un petit ouvrage qui rassemble trois nouvelles intitulées respectivement Sunday Night Yams at Minnie and Earl’s, Gunfight on Farside et The Gorilla in a Tutu Principle or, Pecan Pie at Minnie and Earl’s.

Voilà, voilà. Les titres disent bien qu’on n’est pas dans du très sérieux, même si d'une certaine manière on y est quand même.


Imagine, lecteur, les premières années (décennies?) de la colonisation de la Lune. Imagine que la Terre (qu’on ne voit que de loin, comme un lampion bleu accroché au ciel noir) est encore plus polluée et dégradée qu’aujourd’hui. Imagine que tu es en compagnie de ces hommes et femmes du début, les ingénieurs et techniciens qui succédèrent aux douze premiers astronautes et eurent pour mission de, littéralement, bâtir la « première » Lune, qui l’ont peu à peu aménagée pour que puissent y vivre, après, des colons plus banaux qui y feraient leur vie, ou même accueillir des touristes qui viendraient sur la Lune juste pour le sightseeing.

Imagine, lecteur, ce moment où la Lune est une frontière (au sens américain du terme), un genre de Far-West où tout est possible et où naissent des légendes, pas toutes très crédibles.

Imagine que tu es des années avant l’excellent Gens de la Lune, pour prendre une référence que tu connais (les réf. sont très importantes dans Minnie and Earl, tu le verras).


Chacune des trois histoires est racontée par un de ces pionniers, de ces bâtisseurs, devenu vieux et se racontant pour la descendance ou tentant simplement de retrouver ce qui l’avait marqué, jeune. Alors que la magie s’est dissipée et que, civilisée, la Frontière « est devenue un parc à thème »


Sunday Night Yams at Minnie and Earl’s introduit le lecteur à Minnie et Earl de sympathiques personnes âgées qui vivent avec leur chien dans un petit cottage où ils accueillent chaque soir, par rotation, les pionniers lunaires à dîner. Ils sont gentils, ouverts, chaleureux, aidant. Ils offrent une parenthèse de calme et de repos bienvenue à des pionniers qui vivent une vie exténuante et dangereuse. Premier problème : leur cottage est ouvert au vide lunaire, sans conséquence pour ceux qui l’occupent. Deuxième problème : nul ne sait qui sont vraiment Minnie et Earl. Troisième problème : nul ne sait comment sont arrivés là ces deux « créatures », humaines d’apparence, qui ont des photos d’elles-mêmes avec Neil Armstrong notamment.

« La Lune était étrange en ce temps-là ». Max, le narrateur de cette histoire, le dit lui-même. Nous ne le contredirons pas.


Gunfight on Farside raconte l’histoire du premier duel au pistolet (kind of) sur la Lune. Voilà. Que dire de plus ?


The Gorilla in a Tutu Principle or, Pecan Pie at Minnie and Earl’s est une histoire encore plus surprenante, dans laquelle un des pionniers est victime d’une étrange blague de la part de créatures qui ne sont sûrement pas humaines même si elles en ont l’air (ton serviteur Gromovar, qui a une culture vieille, a vite identifié la ref. Y parviendras-tu ?).


Les trois histoires sont narrées sur un ton humoristique.

Les trois histoires portent la nostalgie des jours d’aventure auxquels ont succédé les jours apprivoisés.

Les trois histoires sont littéralement truffées de références qui sont sûrement celles d’Adam-Troy Castro. Cinéma, musique, etc.

Les trois histoires pointent justement les apories de la mémoire et les distorsions que le temps applique à l’Histoire pour en faire peu à peu la seule chose qui restera : la Légende ; on rappellera à ce propos la phrase si juste de John Ford « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ».

L’ensemble est drôle et pas si anodin que ça.

Pointons néanmoins un défaut de ces textes assez anciens (une vingtaine d’années). Michel-Ange disait « La sculpture est déjà terminée dans le bloc de marbre, avant que je commence mon travail. Elle est déjà là, il ne me reste plus qu’à ciseler le matériau superflu ». Adam-Troy Castro, plus jeune qu’aujourd’hui, ne savait sans doute pas encore, à cette époque, enlever tout le superflu, et chacune de ces histoires est imho un peu trop longue.


Minnie and Earl, Adam-Troy Castro

Commentaires