Superman Space Age, encore une réalité alternative chez DC/Urban. Et une fois encore, ce n'est pas fameux.
Superman Space Age, qu'en dire vite ?
D'abord, voici le pitch fourni par Urban, son éditeur français :
4 octobre 1957. Le lancement du satellite Spoutnik inaugure une nouvelle ère pour l'humanité, basée sur l'exploration spatiale, l'avancée technologique et... Superman. Fraîchement arrivé à Metropolis, ce dernier découvre un monde rempli de promesses mais aussi d'injustices. Accompagné de ses futurs coéquipiers de la Ligue de Justice, Superman va tout faire pour apporter la paix et l'espoir dans une époque où les événements politiques et sociaux s'entremêlent aux grandes menaces cosmiques !Puis, quelques mots de votre aimable serviteur (l'exact opposé du bien falot Superman de cet album) :
Quelle purge !!! Après un
Gotham by Gaslight 1893 alternatif et très décevant,
voici un Superman Space Age qui ne l'est pas moins – au point que j'ai annulé ma commandé du
Batman Dark Age des mêmes auteurs. Chat échaudé craint l'eau froide.
Que dire donc (sans bouffer un temps déjà trop gaspillé par cette lecture) ?
C'est la vie de Superman qui est réimaginée ici. De son arrivée dans le Kansas de Jonathan Kent (Martha est en second rideau) à son départ pour la grande ville jusqu'à sa mort (kind of) en passant par son mariage avec Loïs Lane, la fondation de la Ligue de Justice, les périls cosmiques, etc. Refaire du neuf avec du vieux, c'est la promesse de ce type de récit et c'est parfois réussi. Pas du tout ici.
D'abord le fond. En vrac.
Après maintes aventures (plus suggérées que montrées) et l'infarctus de Jonathan Kent, Superman découvre que le super-héroïsme ne résout pas tous les problèmes du monde. Du coup, il invente le traitement ADN qui guérit toutes les maladies. WOW !
Et il y a aussi les inégalités et le capitalisme, traités comme dans « La Politique pour les Nuls ».
Et puis il y a Batman, qui réalise que les managers obscènes (natürlich) de Wayne Industries créent volontairement la misère qu'il voit tous les jours (aggravant par là même la crise environnementale car les Gothamiens, fuyant le crime et la crasse, vont vivre en banlieue !!!).
Et la Ligue de Justice, mais eux sont si insignifiants qu'il n'y a rien à en dire – un mot quand même pour Flash qui est un parfait abruti.
Et Luthor et Joker qui font, au mieux, de la figuration.
Et la menace cosmique que Superman va adresser, comment dire autrement ? Sans sacrifier ses valeurs bien sûr.
Des valeurs qui sont régulièrement énoncées dans des phrases définitives qui sentent bon l'agenda d'adolescent telles que : « L'héroïsme c'est être là où on a le plus besoin de vous » ou « Le pouvoir est la graine d'où naissent les monstres ». Parfait pour des placards Facebook ; le vice est poussé jusqu'à répéter ces phrases sous forme de pleines pages.
Sur la forme, ce sera plus rapide.
Le style rétro/pop-art des Allred est contestable en soi ; ce n'est pas beau, et ça fait très artificiel.
Si on y ajoute les visages laids et les corps pas toujours bien proportionnés, ce n'est pas brillant. Et par charité je ne dirai rien du caractère statique de la chose.
Pour conclure, j'ai eu l'impression de lire un mauvais Watchmen par des auteurs qui n'arrivent pas à la cheville de Moore et Gibbons. Un Watchmen pour les neuneus, écrits par des grenouilles créatives ayant voulu se faire plus grosse que les bœufs. Ca m'a rappelé pourquoi, pendant tant d'années, j'ai préféré Marvel à DC.
Superman Space Age, Russell, Allred
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