Deryn Du - Guillaume Sorel

D’abord, c’est un cadavre de baleine qui empuantit la plage, non loin d’un petit port de pêcheurs du Pays de Galles. Parmi les témoins ébahis, à côté des humains, il y a des mouettes mais aussi des corbeaux. Un poète en villégiature traîne aussi parmi les badauds. Tout ceci, Poe l’aurait apprécié. Puis il y a un meurtre, étrange. Une petite fille et une poupée cassée, qui ne semblent pas être étrangères aux mystères en cours. Puis d’autres meurtres, de plus en plus étranges. Et toujours le poète. Qui comprend, ou sent, ou vibre à l’unisson. Le village de pêcheurs, la nuit, l’ombre, la peur qui rôde. On pense au Geôlier de Florian Quittard. La lande, les fées, un autre monde derrière le monde, on pense à Arthur Machen - le poète le lit. On pense aussi au décadentiste Maurice Rollinat , dont la petite fille (fantôme ?) cite des passages. Le poète sert de passeur entre les mondes, entre la nuit et le jour. Il peut comprendre, il est un passeur de fées, la petite fille l’affirme, in...

La Route - Larcenet d'après McCarthy


OUCH !
WOW !

Difficile de retenir ses onomatopées à la lecture de l'adaptation BD, par Manu Larcenet, de La Route de Cormac McCarthy. C'est l'un des plus beaux albums que j'ai lus de ma vie, peut-être le plus beau.

L'histoire post-ap de La Route, tu la connais, lecteur. C'est celle d'un père et de son jeune fils qui partent vers le Sud pour tenter de survivre à l'hiver. Un père qui tente vainement de protéger son fils des images abominables d'un monde déliquescent mais qui parvient avec succès à assurer la survie de l'enfant. Jusqu'à où et jusqu'à quand ?

Autour du couple père/fils, le monde se meurt dans d'atroces convulsions. La cendre, les sectes, les cannibales, les simples voleurs. Tous menaçants, tous se déchirant pour les maigres ressources qui restent. Un peu de nourriture, quelques médicaments, de rares gouttes d'essence pour le réchaud qu'éclaireront les dernières allumettes.
Toujours avec père et fils, il y a la peur, le froid, la faim, la toux du père, et même le doute moral qui étreint souvent les deux marcheurs. Il est aussi difficile de rester en vie que de le faire d'une façon qui ne s'apparente pas à de l'animalité. Il est même difficile de mourir en humain et pas comme du bétail. Toujours, durant ce long calvaire vers un hypothétique Sud, se complètent le sacrifice à feu doux du père et la maturité vigilante du fils.

L'adaptation, de mots forts et de silence, est aussi parfaite que poignante. Le graphisme est absolument magnifique. Traits à l'encre d'un grande précision pour le père, le fils, leur caddy et ces humains croisés qui sont autant de périls mortels, flou diffus des vestiges de l'humanité dans l'arrière-plan, tons de gris et sépia qu'illumine parfois une flamme. C'est absolument superbe.

La Route est un album indispensable, une oeuvre d'art comme on n'en approche pas tous les jours.


La Route, Larcenet d'après McCarthy

Commentaires

Baroona a dit…
"C'est l'un des plus beaux albums que j'ai lus de ma vie" : Ah oui, rien que ça, woh. Il était dans ma liste des "un jour, peut-être, sûrement" mais il vient de remonter beaucoup plus haut.
Gromovar a dit…
Qu'il remonte tout en haut.
tadloiducine a dit…
J'ai vu le film puis lu le livre (dans cet ordre, je crois bien - ça remonte au moment de la sortie du film, en 2009, je ne suis donc plus trop sûr de moi...).
Le découvrir dans une autre adaptation, celle de la BD: oui!
Merci pour l'info
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola