Horizons obliques - Richard Blake

Sortie demain de Horizons obliques , un one-shot SF de Richard Blake. Il y a des années que Jacob et Elena Armlen se sont perdus dans une dimension parallèle qu'ils tentaient de cartographier. Depuis aussi longtemps Adley, leur fille, veut les retrouver. Après un long entrainement elle part donc en quête de parents depuis trop longtemps absents, à travers des mondes incroyables, avec l'aide de ses grands-parents, d'un impressionnant appareillage technologique de voyage transdimensionnel, de ses dons de prescience, et d'un robot humanoïde nommé Staden. Si le scénario, plutôt contemplatif, pourra désarçonner certains lecteurs, on ne peut qu'être impressionné par la beauté envoutante des planches réalisées intégralement par un auteur qui est peintre avant d'être bédéaste (et dont c'est le premier album) . Dès la première page représentant un rêve d'Adley portant un ours polaire sur son dos on est saisi par le style et la qualité graphique de l'album. L&

Catriona Ward - La Dernière maison avant les bois (non-Bifrost)


Il y a onze ans déjà la petite fille à la glace disparaissait alors qu'elle passait une journée au bord du lac avec ses parents. Malgré d'importantes recherches, elle ne fut jamais retrouvée, ni morte ni vive. Et, quand le roman commence, c'est le jour anniversaire du triste événement, une date qui résonne douloureusement pour deux personnes.

Ted Bannerman d'abord, un temps suspecté et auquel une photo de presse offrit une déplaisante notoriété, et puis, bien sûr aussi, Dee, la sœur aînée de la disparue, qui n'était pas bien loin quand ça arriva et n'a eu de cesse, depuis, de chercher sa cadette, allant jusqu'à harceler de questions l’inspectrice chargée d'une affaire depuis longtemps en sommeil ou, pire, à s'en prendre physiquement à d'anciens suspects parfaitement innocents. Et voilà que Dee obtient une information qui la met sur la trace de Bannerman.


Il est vrai que le gars est bizarre. Sans vrai boulot, Ted vit toujours, seul avec sa chatte Olivia, dans la maison familiale aux fenêtres condamnées située non loin du lieu de la disparition. Physiquement – c'est un gros costaud peu amène –, il n'est guère engageant et, de fait, ses relations se comptent sur les doigts d'une main d'amputé. Enfin quand, dès les premières pages, on l'entend penser, on est saisi par le sentiment que quelque chose ne va pas, qu'il n'est pas vraiment normal, assez dérangé peut-être pour s'en prendre à une petite fille. Le doute monte encore d'un cran lorsqu'on comprend qu'il a une fille, Lauren, qui passe le voir à intervalles réguliers. Et pendant ce temps, pendant que Bannerman vit sa vie de reclus atypique, Dee arrive dans les parages, à Needless Street même, et commence sa petite enquête.


Passé la phase de présentation, le roman se pose comme une longue plongée dans la vie et les pensées de Ted et d'Olivia (la chatte a la parole dans presque la moitié des chapitres et elle est aussi bizarre que son maître). D'enquête de police il n'y a pas, et même celle de Dee est en arrière-plan. C'est donc dans l'intimité de Ted que le lecteur va vivre durant la plus grande partie des 416 pages. Ce dernier se trouve alors de facto impliqué, et forcé de se faire une idée sur la culpabilité de Ted et/ou son implication dans les faits, à partir de trois narrations clairement non fiables : celles de Ted, d'Olivia et de Dee. Qui est Ted ? Un monstre ou un pauvre gars ? Pourquoi a-t-il semblé cessé de vivre après le départ/mort/disparition de ses parents ? Pourquoi est-il toujours autant sur ses gardes ? Qu'est-il arrivé à la petite fille à la glace ? Est-elle morte ou vivante ? Où est-elle, morte ou vive, maintenant ?

Ce sont ces questions que se posera le lecteur tout au long du roman. Il y apportera des réponses qui changeront au fil des chapitres, en fonction des nouvelles informations dont il disposera. Mais ce n'est qu'à la fin, quand la dernière maison livrera tous ses secrets que des certitudes pourront se faire jour. Il comprendra alors que l’essentiel n'était pas là où il le croyait et que le cœur du roman était autre que celui auquel il avait cru se confronter en commençant le livre.


Plutôt bien construit, La Dernière maison avant les bois intrigue longtemps le lecteur amateur de mystère. Usant à l'envie d'interactions décalées qui obscurcissent souvent et n'éclairent que rarement, le roman ne livre ses secrets qu'avec grande parcimonie et il faudra vraiment lire jusqu'à une fin un poil trop démonstrative peut-être pour comprendre les tenants et aboutissants de l'affaire et surtout être au clair sur l'histoire que Catriona Ward voulait raconter.


TW : Pas Imaginaire

PS : Décidément, la famille c'est hard chez Catriona Ward

La Dernière maison avant les bois, Catriona Ward

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