The Strange - Nathan Ballingrud

  Mars, New Galveston, 1930 environ. Annabelle Crisp vit avec son père loin de son monde d'origine, sur une planète rouge qui est occupée depuis la Guerre de Sécession. 70 ans de présence humaine chiche sur un monde désertique vide de toute vie autochtone. Trois aller-retours annuels assurés par des « soucoupes ». Un mode de vie qui ressemble à celui laissé sur Terre : petite ville communautaire habitée par de braves et bonnes gens (étonnamment, pas de pasteur) , shérif et adjoints, mineurs (ils vivent non loin, à Dig Town) qui extraient un étrange minerai phosphorescent (the Strange) envoyé sur Terre et utilisé aussi localement comme source d'énergie tant pour les soucoupes que pour les Machines (des robots plus ou moins humanoïdes qui assistent les humains dans quantité de tâches, de la plonge jusqu'à la guerre) . Sans oublier des cultistes dingos dans le désert, et même, maintenant, des bandits. Car c'est ainsi que commence le roman, par l'intrusion de trois vo...

Mariana Enriquez : Ce que nous avons perdu dans le feu

BLOG EN MODE DÉGRADÉ

ON REFERA MIEUX QUAND ON POURRA MIEUX.

JUSQUE LÀ, LECTEUR, POUR ENCORE QUELQUES MOMENTS, IL TE FAUDRA ACCEPTER DE ME FAIRE CONFIANCE SUR JUSTE DEUX OU TROIS LIGNES.


Sur Ce que nous avons perdu dans le feu, quelques mots, après ceux écrits sur Les dangers de fumer au lit, l'autre recueil de nouvelles traduites de Mariana 'Notre part de Nuit' Enriquez.

Les deux recueils sont proches, dans les thèmes comme dans l'écriture. De nouveau ici, des filles et des femmes. De nouveau, un foisonnement de situations banales qui glissent lentement vers l'incroyable, surnaturel ou pas. De nouveau, une grande facilité à parler sexe. Comme précédemment aussi, des relations F/H rarement satisfaisantes à long terme ; celles qu'entretiennent les jeunes et les vieux ou les parents et enfants étant souvent encore pire.

Et toujours, la description d'un monde qui a connu la dictature et ne l'oublie pas facilement car les lieux perdurent, les inégalités criantes d'une société où les bidonvilles et la misère extrême côtoient les banlieues chics, les incongruités d'un pays où cohabitent religion institutionnelle et croyances vernaculaires.

Ce sont les pauvres, particulièrement les enfants, qui font les frais de ces imparfaites solutions de continuité et aussi, souvent de leur propre chef, ce sont des psychés et des corps féminins qui souffrent. Dans le monde d'Enriquez il ne fait pas bon être l'un ou l'autre.


Dans ces récits, l'autrice, qui croque de façon très vivace des personnages à qui elle donne une vraie épaisseur, fait montre d'une très grande capacité à faire monter le tension progressivement, à faire sourdre une menace d'une situation qui parait relativement banale, à donner à sentir une part de nuit qui, même non décrite, pèse sur les nouvelles et leur lecteur - on notera d'ailleurs que l'une des nouvelles évoque fortement certains passages du roman multiprimé d'Enriquez.

La violence, la folie, la colère, sont omniprésentes dans Ce que nous avons perdu dans le feu. Tout y est noir et inquiétant – jusqu'à Patti Smith qui le dit ;) Enriquez est clairement la maitresse des ambiances. Et, dans le genre, elle se permet même un pastiche lovecraftien. 

On regrettera juste, au cœur d'un bilan très satisfaisant – le cœur de la beauté vénéneuse du recueil étant sans doute la merveilleuse de pertinence description « d'années intoxiquées » dans lesquelles folie douce et mal-être se concentrent et infusent – que certaines histoires s'arrêtent trop au milieu du gué, laissées à voguer sur leur erre, et que la nouvelle titre soit, dans son propre genre, aussi absurde que le roman Cadavre exquis de Agustina Bazterrica.


A lire.

Ce que nous avons perdu dans le feu, Mariana enriquez

Commentaires

Tigger Lilly a dit…
"certaines histoires s'arrêtent trop au milieu du gué, laissées à voguer sur leur erre," -> ce qui est aussi le cas des Dangers… , c'est encore plus ou exactement dans la même veine ?
Gromovar a dit…
Tu me poses une colle. Je dirais pareil ou si c'est un peu plus seulement un tout petit peu plus.