La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

The Backbone of the World - Stephen Graham Jones


"The Backbone of the World" est la contribution de Stephen Graham Jones à la collection Amazon Trespass (je cite : a collection of wild stories about animal instincts, human folly, and survival from award-winning, bestselling authors).


Millie Two Bears est une femme Pied-Noir du Montana dont le mari, Arthur, vient d'être condamné à une longue peine de prison pour un double homicide involontaire. Devenue une « veuve de prison », elle risque de devoir laisser le peu qu'ils avaient à la famille de son homme, une caravane et les acres de terre qui vont avec.

Millie, comme la plupart des habitants de la réserve, a toujours été pauvre, la voilà esseulée, abasourdie, gravement précarisée. Et, comme si les malheurs humains ne suffisaient pas, voici que le terrain familial – celui qu'elle devra peut-être bientôt abandonner – semble souffrir d'une récente infestation de chiens de prairie.

Excédée au-delà du raisonnable, Millie décide qu'elle laissera un terrain propre (cad sans chien), même si c'est la dernière chose qu'elle doit faire pour la famille et l'image de son mari emprisonné. Il lui faut donc exterminer les bêtes, au moment même où elle trouve enfin une locataire pour la tente installée non loin de sa caravane.


"The Backbone of the World", qui commence par intriguer puis interroge avant d'inquiéter vraiment, place le lecteur dans les yeux d'une Millie qui comprend peu à peu que quelque chose ne colle pas dans le déroulement d'une opération qui devrait être des plus banales.

Dans le milieu qu'il connaît parfaitement, descriptif de la pauvreté sans être misérabiliste, Jones raconte ce qui pourrait être une lutte épique entre l'homme (ici la femme !) et la nature. Il pourrait le faire sur un mode réaliste à la Hemingway dans Le vieil homme et la mer. Mais c'est de 'The Only Good Indians' Jones qu'il s'agit. Alors il y a plus. Car Millie n'est pas seule dans cette épreuve. Et que sa locataire, Frog, est un drôle de personnage. Amicale certes, payant à temps, mais étrange, clairement étrange, sans doute un peu menteuse aussi. Et que dire des chiens ?


"The Backbone of the World" est une bonne histoire de Stephen Graham Jones. Débutant comme un récit d'adversité en terre indienne, elle se révèle être originale, sacrement futée, et surprenante, entre SF et weird. La tension monte progressivement, dans la tête du lecteur autant que dans celle de Millie. Le rythme narratif est parfait, avançant jusqu’à la révélation qui saisit Millie et donne un sens aux éléments rassemblés.

Quel dommage alors que la fin ouvre sur un happy end (si potentiellement sinistre soit-il) ! La mise en branle explicite de l'effet « Observateur » (Cf. Il est difficile d'être un dieu), qui se produit dans la nouvelle, aurait largement suffit, permettant à chacun d'imaginer la suite. Tant pis. Ce qui précède vaut néanmoins la lecture.


The Backbone of the World, Stephen Graham Jones

Commentaires

Anonyme a dit…
Faudra que j’attende la traduction en français. Ça me tente bien.
Gromovar a dit…
Courage et patience ;)