La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Punk Rock et Mobile Homes - Derf Backderf


Otto Pizcok est en Terminale au lycée Richford, Ohio, 2437 habitants. Garçon pauvre aussi intelligent que cultivé, il vit dans le trailer park de son grand-oncle Elmo et a subi des années de harcèlement scolaire. Puis le temps à passé, Otto a pris du muscle et s'est créé un personnage, Le Baron, dont le seuil de tolérance aux brimades scolaires est élevé mais dont les capacités physiques lui permettront bientôt de rendre enfin coup pour coup si nécessaire ; même si pour beaucoup, au lycée, et notamment la divine cheerleader Teri Workman, il reste un bouffon.

Caractéristique d'un complexe culturel fin 70s/début 80s, Otto adore Tolkien, Frazetta, la SF, le punk et le post-punk en gestation. Un soir, il accompagne ses deux seuls potes – qui l'aiment mais ont quand même un peu honte de lui – à Akron (ville de Devo et de Crissie Hynde), dans un club appelé The Bank car il a ouvert dans une ancienne banque. Là, par un concours de circonstances, il se retrouve à donner ses guêtres à Klaus Nomi qui les veut comme accessoires de scène. Fou, non ?
La semaine suivante, les Ramones sont sur scène et Otto connaît une épiphanie. Cette musique sera sa musique, cette scène la sienne, ce club son club. Le Baron prend son envol et va connaître, à l'épicentre midwest du punk, une année de passage à l'âge adulte aussi exaltante que lucide sur sa longévité potentielle.

Avec "Punk Rock et Mobile Homes", Derf Backderf poursuit sa chronique de l'Ohio des petites villes laissées sur le bord de la route par la modernité, tout en donnant une belle description de la riche scène punk locale. Il décrit avec justesse et tendresse les personnalités qui les peuplent, dont les fêlures même font la richesse.

Misère rampante dans la Rust Belt. Personnes dérangées psy par trop de tensions personnelles. Communauté scolaire impitoyable, hiérarchisée par le jeu des réputations qui détermine qui frappe et qui est frappé, qui baise et qui se branle. Fleuves de testostérone sans débouchés évidents. Profs salaces profitant de l'admiration de lycéennes trop naïves. And so on...
Le tout est structuré pour Otto – que le lycée ne réussit pas à faire douter sur sa valeur personnelle – par l'opposition entre « vrai rock » joué dans des stades plein d’oreilles faciles et punk-rock cantonné à la semi-obscurité des salles underground et de l'inaudibilité radiophonique. Un milieu dans lequel il se fait une place par passion, au point d'amener Joe Strummer au bowling après avoir prêté ses guêtres à Nomi ou provoqué un pseudo-désastre avec Wendy O'Williams. Et ne parlons pas des bières bues avec Lester Bangs. Il devient même l'éphémère chanteur d'un groupe.

Puis l'année se termine, il fait faire le reste de sa vie et ça implique – pour un garçon aussi doué qu'Otto – de quitter Richford. Le garçon est devenu un homme, plein d'assez d'assurance et d'expérience maintenant pour affronter le monde.

Pas autobiographique mais largement documenté auprès de proches, "Punk Rock et Mobile Homes" est un album qui parle d'un monde et d'un moment qu'il connaît. Touchant et juste, il ne montre pas de héros à proprement parler mais des êtres luttant pour faire le mieux possible avec les cartes qu'ils ont reçues à la naissance. Il montre aussi le pouvoir libérateur – émancipateur diraient les plus progressistes de mes lecteurs – d'un mouvement punk qui clamait « This is a chord, this is another, this a third, now form a band », et qui retournait avec panache le stigmate en transformant en attitude et esthétique les handicaps sociaux que la foule mainstream attribuait à ses membres. « Suck me Nancy Reagan ! »

Quelle misère qu'il soit mort si vite ! Et qu'il faut se souvenir, alors qu’aujourd’hui tout le monde est punk ou l'a prétendument été, que quand il fallait y être, nous n'étions ni nombreux ni populaires.

Pourquoi on se méfiera toujours, à juste titre, des discours musicaux œcuméniques.


Social et historique à la fois, "Punk Rock et Mobile Homes" est porté par ses personnages et sa maîtrise sans faille des lieux, des groupes, et des ambiances. Certains planches de pogo ou de scène vue de la fosse sont magistrales, sublimées par le traitement NB et un graphisme semi-réaliste à la Mad Magazine. De la bien belle ouvrage, bien plus clean que Sniffin' Glue.
Pas encore lu ? Hey! Ho! Let's Go !

Punk Rock et Mobile Homes, Derf Backderf

Commentaires

Alec Eiffel a dit…
Est-il possible d’ajouter des infos « légales » : éditeur, date de sortie.
Pour le coup j’ai cru que c’était une nouvelle sortie
Gromovar a dit…
Désolé mais non.
Ni le temps ni l'envie de faire du référencement.
Blogger est mon loisir, pas mon boulot.