Dans ce recueil on trouve sept textes de longueurs variables et une interview
  du Leguinologue David Meul(!)mans réalisée par Jérôme Vincent
  (manque un e là, non ?).
Revue.
Ici, on est largement hors Ekumen – ou alors c'est très subliminal.
  Ici, on lit six textes caractéristiques de la SF anthropologique de Le Guin,
  plus un texte qui paraît l'être moins même si, de fait, il l'est aussi. Je
  réalise, lecteur, à quel point ce que j'écris est peu éclairant ; quelques
  détails alors.
  En lisant les textes rassemblés ici, tu voyageras de monde en monde, sur les
  traces d'une Le Guin qui les décrit comme le ferait une
  
Mead ou un
  
Malinowski, entre entretiens non directifs et observation participante.
 
  Société, structures structurantes, croyances, tabous, rites, relations de
  pouvoir ou de légitimation, tu liras ces textes comme des introductions à
  l'étude des sociétés étudiées. Parfois essentiellement pour l'atmosphère et
  parfois, en plus, pour aller vers une résolution voire une chute.
  Les Voltigeurs de Gy raconte un monde d'être aviaires dans lequel est
  considéré comme handicap la possibilité de voler en développant ses propres
  ailes. Un monde où la singularité est impie, conduisant à la négation
  identitaire ou, dans les pires cas, à la mort – les prêtres ou les anciens
  veillent. Un texte surtout descriptif.
  Première rencontre avec les Gorgonides est un texte de contact alien
  amusant par le caractère du macho abruti qui en est le héros malheureux et par
  la personnalité de la narratrice, sa compagne, entre résignation et
  négociation d'une relation difficile. Ferait un très bon épisode de
  Twilight Zone.
  Le Sommeil de Newton raconte la fuite de quelques privilégiés d'une
  Terre en déshérence environnementale vers un habitat orbital. Dans leur
  paradis rationaliste, et en dépit de leur volonté de faire du passé table
  rase, les utopistes découvrent à leur grande stupéfaction que, si loin qu'ils
  soient de la glaise qui les vit naître, il ne sont partis qu'avec eux-mêmes,
  c'est à dire avec leur inconscient, leurs souvenirs, leurs mauvais penchants,
  tout ce qui peuple la psyché humaine par-delà la pure rationalité
  instrumentale.
  L'Ascension de la face nord est un court texte weird que ne renierait
  pas China Miéville. Mouaip.
  La Première pierre raconte une histoire de relation dominants/dominés.
  Une histoire qu'on pourrait dire d'Ancien Régime. Une histoire dans laquelle
  le savoir est converti en message et le message en principe d’organisation.
  Presque une métaphore sur l'imprimerie et le protestantisme.
  Le Kerastion raconte une hiérarchie sociale, un tabou, un rite
  funéraire. Un texte surtout descriptif.
  La Construction est aussi un texte descriptif racontant en quelques
  pages une histoire de long terme, un système productiviste destructeur, un
  mécanisme impérialiste de colonisation, et des pratiques culturelles dont le
  sens importe moins que le ritualisme qu'elles impliquent pour ceux qui
  entendent « l'appel » – je ne dirai jamais assez, lecteur, que sur la notion
  d'appel il faut lire le magistral article de Suaud intitulé
  
L'imposition de la vocation sacerdotale.
 
Le tout se clôt sur l'interview de David Meulemans.
  Recueil de nouvelles donc litanie habituelle : tout n'est pas de qualité
  égale, tel texte conviendra à un lecteur et pas à l'autre. L'un dans l'autre,
  ça vaut néanmoins la peine d'être lu.
Les Voltigeurs de Gy, Ursula Le Guin
  Cette lecture participe au Summer Star Wars the Mandalorian.
 
Commentaires
(je regrette quand même le découpage du recueil d'origine, les commentaires qui vont avec les nouvelles sont bien sympas)