L'Oiseau qui boit des larmes - Lee Young-Do

L’Oiseau qui boit des larmes (tome 1, Le Cœur des Nagas) est un roman de Lee Young-Do, premier tome d’une tétralogie de fantasy. Son auteur serait « Le Tolkien coréen » si l’on en croit le sticker apposé sur la couverture. Diable ! Qu’en est-il ? Le monde imaginé par Lee Young-Do est divisé en deux par une Ligne imaginaire. Au sud de celle-ci vivent les Nagas. Ils s’y sont installés non sans violence dans un lointain passé. Au nord on trouve les autres « humains », qu’ils soient Standards, Rekkons, ou Tokkebis. Les Nagas sont petits. Ils ont le corps couvert d’écailles. Ils entendent mal, ce qui fait qu’ils parlent beaucoup moins qu’ils ne nilhent (une forme de communication par la pensée) . Ils voient en revanche très bien, notamment les différences de température. Ils vivent dans une société matriarcale, sous la domination de matrones qui traitent les mâles comme un cheptel reproducteur – à l’exception des Protecteurs qui ont épousé la déesse et la servent dans un...

Inside Man - K. J. Parker


"Inside Man" est une novella de K. J. Parker qui se passe dans le même monde Renaissance imaginaire que le très bon Prosper's Demon.
Dans Prosper's Demon, le lecteur suivait les aventures d'un exorciste ; ici c'est côté démon que se place Parker, il offre au lecteur le point de vue d'un de ces « démons » qui possèdent les humains, les font souffrir, les tentent, et ne cèdent que face aux êtres « doués » que sont les exorcistes.
Problème : Prosper's Demon était très réussi alors que Inside Man ne l'est pas ; on s'y ennuie plutôt.

Dans un texte qui développe une forme de fantasy administrative à la Laundry (y compris jusqu'au point où l'humour, véritable, finit par devenir lourdingue), on découvre, sur les traces du démon narrateur, qu'il y a – ou pas – un Grand Plan de Dieu, ce Plan précisément qui est connu comme ineffable.

On y apprend que tout, de la révolte des anges contre Dieu aux éventuelles apostasies destructrices de foi, fait partie du Plan. Ici, on pense au Lucifer de Mike Carey.
On y apprend que tout s'y joue à très long terme – et quand je dis très long, pensez éons – dans une sorte de Grand Jeu qui évoque vivement ces confrontations sans fin qui opposent les services secrets entre eux, anges et démons étant deux faces de la même pièce, consubstantiellement liés à celle-ci dont ils forment l'essence même.
On y capte beaucoup de références dissimulées à la culture chrétienne pour peu qu'on maîtrise cette culture – et une non dissimulée à Nietzsche.
On y lit une partie de très grande qualité, lorsqu'il s'agit de mettre en scène la façon dont les démons perturbent la prière sans fin de moines dévots, une partie qui offre des dialogues savoureux, de fines passes d'armes entre moine sage et démon facétieux, rappelant fortement le très important Cloître des Ombres de Jean-Claude Schmitt (que je te conseille sans restriction, lecteur). C'est de loin le meilleur du texte.

Mais que c'est mou ! Que c'est répétitif et inintéressant ! Il y manque des personnages aussi larger than life que le Prosper of Schanz de Prosper's Demon ou un enjeu qui paraisse plus clair et immédiat que le simple déplacement d'un pion lors d'une partie du Grand Jeu.
A éviter !

Inside Man, K.J. Parker

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