Daredevil Redemption - Hine - Gaydos

Redemption, Alabama. Un enfant du coin est retrouvé tué et mutilé. Après une enquête expéditive le shérif et ses hommes mettent la main sur trois suspects qui font des coupables idéals. Deux garçons et une fille du coin, se disant satanistes tous les trois. Dans le contexte explosif de la mort d’un enfant dans une petite communauté l’affaire est pliée, c’est la chaise électrique qui attend les trois jeunes en dépit de leurs protestations d’innocence. Cette affaire désespérée, pourtant, c’est le brillant Matt Murdoch, plus connu sous le nom de Daredevil, qui la prend en charge en défense de l’accusé principal, sur l’insistance d’une mère sure de l’innocence de son fils. En terrain hostile, l’avocat new-yorkais mettra toute son énergie à disculper son client et à découvrir le vrai coupable. Car, dans une ville où le fanatisme religieux règne et où de sombres secrets obscurcissent la vue, seul l'aveugle qu'il est peut espérer y voir clair. Daredevil Redemption est un one-shot réé

Prosper's Demon - K. J. Parker


Juste un petit mot pour signaler une novella récente de K. J. Parker, "Prosper’s Demon".

Dans une Europe Renaissance imaginaire vit un jeune exorciste anonyme.
Membre d’une hiérarchie ecclésiastique quelconque qui n’est pas d’une église connue de nous, le jeune homme – qui est le narrateur – n’a pas « appris » à exorciser. C’est un « don » – il doute que le mot soit le bon –, un pouvoir qu’il avait, comme un tout petit nombre de ses frères humains, dès avant sa naissance, qui lui permit de chasser de son corps fœtal le démon qui tentait de le posséder dans le ventre même de sa mère.
S’ensuivit une enfance et une jeunesse durant lesquelles il appris à mieux contrôler ses pouvoirs.

L’exorciste « voit » les démons cachés dans les humains qu’ils possèdent, il peut converser mentalement avec eux, il a surtout le pouvoir de les expulser de leur involontaire hôte humain, manu militari s’il le faut. Et c’est là que le bât blesse parfois. Car si le démon résiste, l’expulsion sera très douloureuse pour lui, mais elle causera à l’hôte des dommages d’autant plus grands que la résistance est déterminée et la possession ancienne. Des dommages visibles et pouvant aller jusqu’à la mort, signes d’une inélégance de l’exorciste et sources de problèmes potentiels avec les autorités ou les proches de l’hôte martyrisé. La narrateur en sait quelque chose, qui a dû plusieurs fois déjà fuir un entourage devenu hostile.

Mais, comme tous ses semblables, il ne recule jamais devant son devoir – qui est presque une compulsion – et obéit toujours à l’une des seules règles impératives de son ordre : « Quoique propose le démon on ne négocie pas ».

Mais voilà que son démon familier, celui qu’il a croisé chassé et recroisé durant toute sa vie depuis qu’il l’expulsa de son propre corps fœtal, a pris possession du fils à naitre du Grand Duc d’Essen.
Comment chasser le parasite sans tuer le bébé et donc sans risquer de se retrouver sur le gibet du Grand Duc ? C’est le problème auquel le narrateur devra trouver une solution.

Il lui faudra d’abord pour cela entrer dans les bonnes grâces de Prosper of Schanz, suivant, tuteur, et confident de la Grande Duchesse. Décidé à faire du jeune duc à naitre le meilleur des rois philosophes, l’homme est un genre de Léonard de Vinci, génial, dilettante, et parfaitement mégalomane, dont il faudra gagner la confiance avant de l’aider à réaliser son rêve de créer une œuvre inoubliable. Pas une mince affaire.

Avec son personnage d’exorciste aussi fort en gueule que dénué de scrupules, Parker offre au lecteur un texte dynamique et amusant qui rappelle la gouille goguenarde de Rutger Hauer dans La chair et la sang.
Exorciste au don surnaturel, personnage aussi habituellement irresponsable que régulièrement torturé par la responsabilité qu’implique son pouvoir, il combat des démons sans dieux qui n’ont guère à voir avec la tradition catholique ou musulmane mais plutôt avec les parasites extra-dimensionnels du Outcast de Kirkman. Comme dans le comic, il dispose aussi d’un don de naissance, et chasse les démons de la même façon, grâce à son pouvoir psychique et sans aucun falbala rituel.
Confronté au fantasque, prétentieux, et somme toute amusant Prosper of Schanz, il déroule un stratagème complexe qui doit, si tout tourne bien, lui permettre de remplir sa mission.

Avec cette novella, Parker propose un divertissement plaisant et rythmé qui se lit vite et amuse régulièrement.
Il réussit de manière plutôt habile à détourner l’attention du lecteur, notamment en proposant une narration déstructurée sur le plan chronologique – qui oblige à se concentrer au début pour comprendre qui parle et de quand– ; et tout au long du récit, le détournement d’attention est suffisamment soutenu pour dissimuler le plan que le narrateur a ourdi.
Il développe deux personnages dont les excès même font qu’on s’y attache vite.
Il livre ainsi un texte agréable dont le héros infréquentable tient autant de l’Inglorious Basterd que d’Indiana Jones, confronté à un enjeu qui n’a guère à envier à la quête pour l’Arche d’Alliance.

Prosper’s Demon, K. J. Parker

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