La Cité des Lames - Robert Jackson Bennett

Sortie du tome 2 de la trilogie des Cités de Robert Jackson Bennett. Après le très plaisant Cité des Marches , voici qu’arrive La Cité des Lames . Tu sais, lecteur, que je n’aime guère chroniquer des tomes n car la description du monde a déjà été faite par mes soins dans la chronique du premier volume. Je vais donc faire ici une sorte d’inventaire de ce qui est proche et de ce qui diffère, en pointant le fait que, de même que le  premier volume pouvait se lire seul, celui-ci le peut aussi, les événements du premier formant un background qui est correctement expliqué dans le deuxième, y compris pour d’éventuels lecteurs qui auraient commencé par celui-ci. J’espère que c’est assez clair;) Voilà, lecteur, tu sais tout, suis le guide ! La Cité des Lames se passe quelques années après les événements narrés dans son prédécesseur. Le pouvoir à Saypur a pris un virage à l'opposé de la politique colonialiste revancharde qui était la sienne depuis le Cillement qui a mis fin au Divin. Shara,

Emissaires des morts - Adam Troy-Castro


Lire un roman et des nouvelles en janvier avec l'idée de chroniquer les nouvelles (mais pas toutes) immédiatement et de garder le roman pour plus tard était clairement une mauvaise idée à ne pas renouveler.
Les trois nouvelles les moins directement liées au roman ont été chroniquées en janvier. Je vais maintenant dire ici un mot de la quatrième nouvelle du recueil et de la chronologie (qui est, contre-intuitivement, la première écrite, en 2002), puis du roman lui-même, un mot forcément bref car, en dépit de ma mémoire d'éléphant, la lecture en deux phases fait obstacle à l'écriture d'une chronique très développée et que je n'ai fait que resurvoler la VF car : Too many books, too little time.

Dans la nouvelle Unseen Demons (Démons Invisibles en VF), Andrea Cort est en mission sur Catarkhus, une planète dont l'espèce autochtone, sentiente, est si peu réactive à environnement (y compris lorsque celui-ci l'agresse à mort) qu'on pourrait la penser non sentiente et purement instinctive.

Quand un membre de la mission diplomatique humaine torture et assassine plusieurs autochtones sans motivation facilement discernable, Cort doit déterminer si les Catarkhiens sont à même de juger le suspect humain (un nobody dénommé Emil Sandburg), ainsi que le prévoit la législation et les accords inter-espèces, ou s'il est nécessaire de faire juger Sandburg par un tribunal humain selon les lois humaines, comme ce sera le cas s'il s'avère que les Catarkhiens sont dans l'impossibilité de rendre la justice. Or, comment des « sentients » incapables même de percevoir la présence des autres espèces parmi eux seraient-ils à même de juger, voire simplement de pratiquer une activité judiciaire inconnue d'eux en tant qu'espèce.

Le cas est d'importance car, par-delà le cas anecdotique de Sandburg, c'est l'impartialité de l'humanité qui est placée ici sous les regards suspicieux des diplomates aliens présents, dont beaucoup ne sont pas, disons-le, de grands supporters d'une humanité qu'ils voudraient isoler du reste de l’univers en raison de sa violence et de sa dangerosité.

N'hésitant pas à mettre sa vie en danger, Andrea Cort trouve une solution au problème Sandburg et énonce une décision qui fera longtemps jurisprudence dans l'univers entier sous le nom de Compromis Cort.
Effet numéro deux : elle développe une théorie propre sur les actes parfois irrationnels des sentients, comme guidés par des Démons invisibles qui utiliseraient les êtres comme des marionnettes. Mais alors, fut-ce le cas sur la planète d'origine de Cort, lors du massacre qui la définit pour toujours ?

Petit mystère à résoudre, ce texte qui rappelle la position précaire de l'humanité au sein de l'univers des sentients, m'a fortement évoqué les nouvelles des Robots d'Asimov, ces textes dans lesquels la robopsychologue Susan Calvin trouve des solutions à des événements inexplicables selon les angles de vision habituels et montre comment il faut décentrer son regard pour comprendre les modes de raisonnement des non humains et les causes des faits observés.

"Emissaires des morts", le roman, se passe peu de temps après Démons invisibles.
Le vaisseau qui transporte Cort est dérouté vers Un-Un-Un, colossal habitat cylindrique assemblé au milieu de rien – à 20 années-lumière au moins de tout système – par les IA-Source qui y ont développé une espèce sentiente étonnante, les Brachiens.
Sentients, les Brachiens sont des créatures artificielles à qui les IA-Source refusent les droits normalement garantis aux sentients. Mais le problème n'est pas là.

Cort a été envoyé par les Corps Diplomatiques, à la demande expresse de (on ne sait pas qui), pour résoudre le meurtre d'une humaine, membre de la petite délégation – non diplomatique – invitée par les IA-Source pour étudier Brachiens et écosystème.
Un écosystème, disons-le, très inhabituel car, à contrario de ce qui se fait d’habitude dans les habitats cylindriques, la vie sentiente (pour ce qu'on en sait) a lieu autour de l'axe central, et plus on s'en éloigne plus on « tombe » dans des nuages toxiques peuplés de dragons (oui) vers un océan dont il vaut mieux ne rien savoir.

Catastrophe, quand Cort arrive, un deuxième meurtre vient d'être commis, bien plus spectaculaire et répugnant que le premier. Et avant même ce moment, la jeune femme avait reçu des menaces de mort non équivoques, d'auteur inconnu mais venant de l'habitat.

Les meurtres. Qui ? Pourquoi ? Et comment exonérer les IA-Source, suspectes principales qu'il faut ménager pour raisons diplomatiques ?
Une enquête complexe attend Cort, au sein d'une délégation humaine à l'ambiance méphitique, et dans un habitat propriété d'IA-Source surpuissantes qui, visiblement, ont leur propre agenda au sein de la petite communauté sentiente galactique. Un agenda qui peut inclure la collaboration de Cort et une enquête qui prouvera à celle-ci, et peut-être à ses employeurs humains, qu'aucune société sentiente n'est monolithique. Sans parler de la théorie des Démons invisibles qui va trouver ici une occasion de vérification expérimentale.

Policier dans l'espace, étude de mœurs en vase clos, collision de projets immenses et de mesquineries humaines si humaines, "Emissaires des morts" est un roman à la lecture agréable, presque de la SF d'action à l'ancienne, avec des vaisseaux rapides, des habitats stupéfiants (aussi énorme que l'Anneau-Monde de Niven), des aliens étonnants et difficiles à comprendre, sans oublier une explication finale à la Hercule Poirot, le tout dans une approche qui, elle, est moderne, du fait justement qu'ici comme dans les nouvelles les aliens ne sont pas juste des humains à trois yeux mais qu'ils sont résolument autres, aussi différents de nous dans leur psyché qu'ils le sont dans leur physique.

Démons invisibles + Emissaires des morts, Adam Troy-Castro

Commentaires

lutin82 a dit…
je ne vais pas tarder à le lire, et il me fait bien envie
Gromovar a dit…
Pas de raison d'attendre plus.