La Fille qui sauva Hiroshima - Stéphane Desienne

9 août 1945. Comme chacun le sait, c'est la date du premier (et unique) bombardement atomique de l'histoire du monde. Sur Nagasaki . Quatre mois après la cataclysmique Bataille d'Okinawa  qui tua environ 100000 Japonais combattants et sans doute autant de civils. La bombe atomique au plutonium, surnommée Fat Man , fut lâchée sur la ville à partir du bombardier B-29 Bockscar piloté par le major Sweeney . Ce dernier avait choisi Nagasaki, une cible secondaire, à la place de Kokura, sa destination initiale. La bombe fit au moins 40000 victimes civiles. Huit jours plus tard le Japon capitulait. La Fille qui sauva Hiroshima est un petit roman de Stéphane Desienne. Le dernier en date. C'est une uchronie dans laquelle – tu l'auras noté, lecteur – le bombardement d'Hiroshima, historiquement le premier, fut un échec dont le monde n'eut jamais connaissance. Un échec sur lequel enquête, quinze ans plus tard et à la demande du Président des Etats-Unis, un historien a...

Les Mentors - Zidrou - Porcel


Barcelone, 1998. Le jeune Ana est en salle d’accouchement. Le bébé est presque là. What could go wrong ?
C’est alors qu’un commando armé et masqué fait irruption, massacre tout le monde, et s’enfuit avec le bébé – préalablement extrait de sa mère, et non sans l’avoir remerciée.

20 ans plus tard. Joye est une escort girl dont on ne peut pas dire qu'elle a froid aux yeux. Fuyant un proxénète violent qui veut lui faire payer sa défection, elle va d’arnaque en arnaque en direction d’un point de fuite dont elle espère qu’elle pourra s’y mettre définitivement à l’abri.

Sur sa route elle croise Ana. La femme cherche son bébé depuis vingt ans, sous les moqueries feutrées de ses voisins qui la prennent pour une vieille folle. Un commando armé et masqué ? Un bébé volé ? « Offert » même, si on en croit le récit d’Ana ? Qui pourrait croire une histoire pareille ?
Reste qu’Ana, qui à l’air un peu givré de Mulder attendant sa sœur, est une personne bonne qui offre gite et couvert à Joye.

De là, les deux histoires s’entremêlent, car le « propriétaire » de Joye approche, et qu’il semble bien que les hommes qui attaquèrent vingt ans auparavant reviennent aussi dans le jeu.

J’ai déjà dit ailleurs que je trouvais difficile d’instaurer une vraie tension dans un album de BD, le caractère statique et silencieux du médium ne facilitant pas les jumpscares. Il faut donc un art de l’invention scénaristique, de la découpe, de la caractérisation, de la progression, qui n’est pas donné à tous les auteurs. Zidrou fait montre, une fois encore, de ce genre de talent dans ce premier tome de la série Les Mentors, intitulé "Ana".
Les premières pages sont bluffantes, les dernières aussi. Entre les deux, l’avancée logique et rythmée du récit entraine le lecteur, hameçonné par le début et comme tiré par un fil dont il ne peut se libérer, de l’alpha à l’oméga de l'histoire. C’est fort, c’est haletant. Du beau travail.

Comme dans Shi ou dans l’excellent Folies Bergères, Zidrou intègre du fantastique, encore indistinct ici, à son récit, et il faudra attendre le tome 2 pour savoir ce qu’il en sera précisément.

On notera que les dessins de Porcel, très comics, font le job sans défaut, et que ses changements de couleur dominante ponctuent parfaitement le récit. On notera aussi qu'il retrouve ici son compère des Folies Bergères.

Les Mentors t1, Ana, Zidrou, Porcel

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