La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Dans la tête de Sherlock Holmes - Dahan - Liéron


Ami de Sherlock Holmes, écoute ça ! Un magnifique album de BD, réalisé spécialement pour toi, est arrivé récemment sur les étals.
Amateur de BD, Sherlock Holmes n'est pas ta cup of tea. Une BD du grand détective vient de sortir, si créative qu'elle est époustouflante ; qu'importe l'ivresse, viens goûter le flacon !

L'enchantement commence avant même le début de l'enquête inédite imaginée par Benoît Dahan, à la vue de la couverture découpée qui laisse voir, dans la silhouette crânienne du détective, « l'intérieur de la tête » de Sherlock Holmes.
Puis, on commence à tourner les pages, à lire, et on est emporté par la créativité foisonnante de l'auteur.

« Voyez-vous, je considère que le cerveau de l’homme est à l’origine comme une petite mansarde vide. L’ouvrier adroit prend grand soin de ce qu’il met dans la mansarde, dans son cerveau. ». Benoit Dahan – et son acolyte Cyril Liéron – se lance le défi de montrer au lecteur ce que signifie exactement cette affirmation de Holmes dans Une étude en rouge.
Ainsi, le cerveau de Holmes est une bibliothèque virtuelle contenant toutes les connaissances nécessaires en criminologie, tous les éléments de l'enquête en cours, et rien d'autre (d'où parfois sa grande ignorance de certains sujets). Ici, on verra bien les rayonnages, les casiers d'éléments, la poubelle qui contient l'inutile (astronomie par exemple).

Mais commençons. 221b Baker Street, petit matin. Après une descente de cocaïne, Holmes, comme souvent, s'ennuie. Les mystères intrigants se font rares et son cerveau tourne à vide. Alors qu'il envisage de se refaire une injection, le salut se présente sous la forme de l'agent Sparks, de la police londonienne. Un homme blessé, hagard, et en partie amnésique a été retrouve errant dans Spitalfields, non loin de l'East End. L'inconnu affirmant être le Dr Herbert Fowler et bien connaître Watson, Sparks a pris sur lui de conduire l'inconnu chez le détective afin de démêler le vrai du faux. Bien lui en a pris, car l'homme est bien celui qu'il dit être et que son étrange mésaventure lance le grand détective sur la trace d'une machination dont les tenants et aboutissants sont encore bien obscurs.

Ne pas faire d'hypothèse sur le qui ou le pourquoi. S'en tenir aux faits. C'est la politique de Holmes et il la met en œuvre dans l'album. Collecter les faits, même les plus insignifiants, les confronter à ses connaissances encyclopédiques, trouver le seul fil possible qui les relient entre eux. Car c'est bien d'un fil qu'il s'agit, un fil que le lecteur peut voir sur la page.

Indices soulignés, mots clefs mis en relief, plongée dans les méandres mémoriels du détective, le fil – visible – de la pensée de Holmes lie tous ces éléments et amène à des conclusions qui sont toujours le point de départ de nouvelles investigations à faire pour remonter – étape par étape – jusqu'à la cause première qui seule peut relier toutes les manifestations observées en un tout cohérent. C'est très brillamment fait, et la complexité de l'enquête ne gâche rien, bien au contraire. Voyez dessous (en cliquant) ce que ça donne :



Le graphisme participe au plaisir. Architecture londonienne, déplacements matérialisés sur des plans de le ville, visages anguleux et expressifs à la fois, jusqu'aux feuilles jaunies et tachées comme si le document que feuillette le lecteur était ancien, c'est du bien beau travail qui a été fait là.

Enchantement visuel et belle construction narrative, "L'affaire du ticket scandaleux" – qui peut évoquer La ligue des rouquins sans le plagier le moins du monde – est une vraie enquête de Holmes superbement mise en image par deux auteurs visiblement aussi inspirés qu'amoureux de leur matériau. Un seul regret : la suite et fin ne sortira que dans un an. A part ça, tout est bon, c'est à lire, qu'on soit ou pas holmesien.

Dans la tête de Sherlock Holmes, L'affaire du ticket scandaleux t1, Dahan, Liéron

Hors-sujet : si on aime les têtes, on peut aussi lire Dans la tête de Vladimir Poutine

Commentaires

Baroona a dit…
J'en prends bonne note, le principe est vraiment top et parfaitement adapté à Holmes, ça parait d'une réalité implacable. Par contre, si la complexité est au rendez-vous, j'attendrai peut-être de pouvoir enchainer les deux tomes...
Gromovar a dit…
Deux options.

Soit tu attends, ça se tient.
Soit tu considères que le récap en image de tout ce que sait Holmes à la fin du premier tome suffira comme résumé et qu'à partir de ce point le tome 2 est un développement sur des prémices posées.

Your choice.
Anonyme a dit…
Tiberix : Reçu ce matin, pas eu le temps d’y toucher mais je confirme, magnifique. Il a une autre série de ce style non avec un enquêteur spirite ?
Gromovar a dit…
Oui mais je n'ai pas eu entre les mains. Ca se tente ceci dit.
Lhisbei a dit…
Lu et surkiffé. Et 100% d'accord avec ton billet. :)