James Tiptree Jr. : Sexe et mort, les nouvelles

Sexe et mort dans les nouvelles de James Tiptree Jr. « La mort était le moteur de leur vie, la mort alimentait leur sexualité. La mort les poussait à se battre l'un contre l'autre et à se retrouver dans les bras l'un de l'autre. » « Sur la relation existant entre les écrivains et leurs histoires, je crois que l’histoire est la partie la plus authentique de l’écrivain » . Cette phrase de James Tiptree Jr. écrite en 1971, résonne fort quand on connaît l’histoire de l’écrivain nommé James Tiptree Jr., autrement dit quand on sait – comme c’est le cas depuis 1977 – « qu’il » est en fait Alice Sheldon, une femme née en 1915 et pas du tout le jeunot de sexe masculin qu’on  imaginait quand il publiait en 1968 sa première nouvelle, Birth of a Salesman . Sur la biographie de JTJ/AS beaucoup a déjà été dit et fort bien, notamment dans ce dossier ; mais au vu de la citation ci-dessus il paraît utile d’aller chercher l’écrivain dans son œuvre. Qui êtes-vous James ...

14-18 Verdun - Le colosse d'ébène - Aux pieds d'argile


"Le colosse d'ébène" est le cinquième tome de la série fleuve 14-18 de Corbeyran et Le Roux. Il est le premier à être un peu décevant.

Février 1916. La bataille de Verdun vient de commencer. Les combattants suivis depuis le tome 1 sont toujours au front et, malchance pour eux, précisément à Verdun. Pris dans des ordres contradictoires, ils sont envoyés à la défense de Douamont, qu'ils évacueront durant l'assaut allemand, juste avant sa capture. Arsène, blessé, laissé en arrière, et qui aurait dû y mourir, est ramené in extremis derrière les lignes par Mamadou, un tirailleur sénégalais qu'il avait pourtant insulté en bon raciste colonial qu'il est.

Deux choses sont bien faites dans ce tome.

D'abord, au début, la lecture de la lettre d'Arsène à Nini, qu'elle lit alors qu'elle vaque à ces activités que les femmes ont récupérées faute d'hommes, permet d'établir un parallèle clair entre les sacrifices des uns et des autres et de montrer que, même si la vie de femmes à l'arrière n'était pas directement menacée, elle était néanmoins profondément bouleversée.

Ensuite, la diversité des réactions des poilus à la présence des tirailleurs sénégalais révèle, même si ce n'est guère original, la perception qu'avait le Français de base du colonialisme et le regard qu'il portait sur les colonisés. On y voit donc le racisme essentialiste d'Arsène, plein de la mission civilisatrice de la France, les objections claires de quelques-uns de ses amis à son discours, et l'indifférence de la plupart.
On voit même - est-ce volontaire ? si oui, c'est bien pensé - la mauvaise humeur d'un des troufions qui se plaint du fait que certains de ses amis prennent la défense de Mamadou alors que personne ne "monte au créneau" pour le défendre lui, alors qu'il a "faim", "froid", des "poux", et des "engelures". On croirait entendre un discours de petit blanc partisan de Trump ou du FN.

Le reste est trop conventionnel pour être passionnant. La bataille de Verdun, décidément, est difficile à montrer, même si ici elle n'est guère plus qu'un décor, de toute façon. Et le mécanisme de tourmenteur humilié par la générosité du tourmenté est un artifice scénaristique facile. Il y a pourtant tant à développer sur ces pauvres diables d'Africains qu'on envoya se faire tuer en France, voire qu'on fit s'entretuer chez eux même, dans une guerre qui ne les concernaient en rien. On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, c'est une tarte à la crème et c'est pourtant vrai.

Ca reste très joliment dessiné, et, concernant l'histoire, on attend mieux pour la suite.

14-18 t5, Le colosse d'ébène, Corbeyran, Le Roux

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