JLA : Crise d'identité - Meltzer - Morales

Tu sais sans doute, lecteur, que si j'ai lu les comics Marvel passionnément pendant des années, j'ai toujours été beaucoup plus circonspects sur les productions DC. Question de goût. Ce qui ne m'empêche pas d'y jeter de temps en temps un œil (et un gros si on pense à la saga Sandman). Nouvelle preuve ici avec la lecture de Justice League : Crise d'identité . Sue Dibny, la femme de Ralph Dibny – le super-héros plus connu sous le nom d' Extensiman – a été assassinée. Pas le super-héros le plus puissant de la team, Extensiman est réserviste de la JLA. Il est aussi l'un des premiers supes DC a avoir révélé son identité secrète. Ralph et Sue forment un petit couple simple et plaisant, aimés de tous tant à la JLA que dans leur entourage normal. Pas des monstres du calibre de Superman ou Batman, pas des stars telles que Flash ou Green Lantern. Ils sont simplement un super-héros de deuxième division et sa femme, unis à la vie à la mort et fidèles à leurs amis de l

La fabrique pornographique - Lisa Mandel - A l'usine


Juste un petit mot sur "La fabrique pornographique", un des premiers opus de la collection Sociorama de Casterman, dont l’objectif avoué est de mettre la connaissance sociologique à la portée du grand public en traduisant en bandes dessinées des études publiées.

"La fabrique pornographique" donc, est un ouvrage de Lisa Mandel qui adapte Le travail pornographique, enquête sur la production de fantasmes, ouvrage sociologique publié par Mathieu Trachman à la Découverte. Qu’en dire ?

C’est pour moi une relative déception. Le projet, tel que défini par ses concepteurs, était de dépasser l’adaptation littérale en « créant des fictions ancrées dans les réalités du terrain. ». Lisa Mandel et Yasmine Bouagga l’expliquent : « On a cherché à s’adresser au plus grand nombre, mais nous n’avons pas voulu faire de la sociologie illustrée. La démarche, c’est vraiment de faire passer ces analyses sociologiques à travers un univers, des histoires, une fiction. »
Le résultat, c’est que ce n’est plus de la sociologie dans ce qu’elle a de profondément problématisée – condition indépassable du dépassement du sens commun, c’est au mieux une histoire anecdotique très bien documentée. Ca peut intéresser un public qui veut se renseigner un peu sans trop se prendre la tête, mais ça reste quand même bien léger. De plus, quand des données historiques ou des chiffres sont transmis au lecteur, c’est fait d’une manière si explicite qu’on comprend que ce moment narratif est celui de la transmission. C’est donc un peu artificiel ; il y a un aspect « physique amusante » dans le résultat. Passe mieux la démonstration des pratiques concrètes, même si là aussi, parfois, l’énonciation est clairement orientée vers un lecteur dont l’auteur a connaissance de la présence.

Et pourtant, ce n’est pas déplaisant à lire. Et pourtant, on peut y apprendre un certain nombre de choses.

A travers l’histoire d’Howard, vigile noir qui se lance par hasard dans le porno amateur et  y entraine sa copine avant de passer, avec elle, au pro, on découvre l’univers de la production de fantasmes.
On y visite un monde parfois cocasse d’où la violence paraît absente mais où le racisme commun est présent, où la différenciation par sexe existe (salaire et carrière différenciés des acteurs et des actrices), plutôt au désavantage des hommes, où l’offre dans la forme des fantasmes s’adapte à la demande autant qu’elle la crée, où la hiérarchie des notoriétés est synonyme de hiérarchie des rémunérations. On y voit le travail (au sens strict) de tournage avec ses moments plaisants et ceux qui le sont moins, les coups de gueule, les fous-rires, les accidents du travail. On y voit aussi la construction de la visibilité explicite des actes sexuels avec ces positions abracadabrantesques et fatigantes (TMS ?) qui permettent de donner un bon point de vue à la caméra. On y voit enfin les changements rapides dans les attentes d’un public qui demande sans cesse le renouvellement, tant des protagonistes que des actes. Les carrières sont courtes (surtout pour les femmes), autant par obsolescence de la nouveauté que par lassitude personnelle.

On pénètre (désolé !) en fait un monde du travail avec ses contraintes économiques, techniques, personnelles, ses normes, ses motivations, sa culture, ses pratiques, sa monotonie aussi et l’ennui qu’elle génère. La fabrique pornographique : juste un secteur un peu particulier (et encore, juste sur un plan moral que la sociologie se doit d’ignorer) de l’entertainment. On y retrouve des mots et des gestes qui sont dans leur essentialité ceux du monde du travail.

C’est donc clairement un peu léger (la réduction de la masse sociologique à quelques personnages choquera le puriste) mais finalement pas si mal et sans doute instructif aussi.

La Fabrique pornographique, Mandel, d’après Trachman

Commentaires

Lorhkan a dit…
C'est bien joli tout ça, mais elle est où Clara Morgane ? :D
Gromovar a dit…
Pff, même pas en dessin.