On le sait ou pas, environ une fois par an je me laisse convaincre de lire un peu de blanche française. Je reviens toujours éprouvé de cette aventure.
145 pages écrites très gros et très aéré pour 14,50€, soit 10 cents la page. Vous qui fréquentez ce blog savez que je ne juge jamais un livre au rapport pages/prix, ce serait grotesque. Ni à un tout aussi stupide rapport temps/prix qui mettrait ce livre à un peu flatteur 14,50€ de l’heure. Non. Ce qui compte dans un livre, c’est sa qualité, son apport intellectuel, stylistique, émotionnel. Problème ici : il n’y a pas lourd, et pas que sur la balance.
Dans "
Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis", Nicolas Rey raconte l’histoire de Gabriel, un quarantenaire tendance gauche bobo parisienne qui vient de se faire larguer par sa copine Justine qui espère ainsi « sauver sa peau ». Ils ont vaguement un enfant, Hippolyte, dont la maitresse (comme ce mot à double sens est subtil), prénommée Catherine, est militante du terrible Parti National, un avatar du FN sans risque de copyright. Tout l’être de cet homme du camp du bien se révolte à l’idée de frayer avec une telle engeance, mais si l’esprit est fort la chair est faible, et la sexualité débridée autant qu’impérialiste de Catherine va capturer le cœur et l’âme de Gabriel. Sans jamais se renier complètement, il finira par céder absolument à la séduction du côté obscur qu’incarne Catherine. Le cerveau cède aux entrailles. La raison à la matérialité. C’est beau comme un pamphlet cathare.
A quoi sert ce livre ? A illustrer par la fable le dazibao culte de Lindenberg ? A avertir le bobo parisien du risque mortel qu’il prend à approcher le Malin ? Si c’est le cas, c’est réussi. Brièveté et morale camouflée (et oui, Catherine est dans le déguisement, et c’est dans le déguisement qu’on se révèle, ça aussi c’est subtil) sont caractéristiques du genre. Ca ne peut convaincre qu’un convaincu mais ça peut au moins procurer une petite soirée de plaisir à un Lindenbergolâtre.
Pour ce qui est de la littérature, quel néant. Personnages caricaturaux et statiques, ou à clef ce qui revient au même, situations outrées jusqu’au ridicule, enfilade d’affirmations définitives dont la grandiloquence boursouflée fait rire. On se croirait dans une micro salle du 5ème en train d’assister à la projection d’un film français dont les Cahiers auraient fait l’éloge. Quand au coup des toxiques « vipères lubriques », on ne me l’avait plus fait depuis le temps heureux du Grand Timonier. J'ignore si le but était de rendre la monnaie de sa pièce au
Soumission de Houellebecq, mais si c'est le cas, il est clair que les deux ne boxent pas dans la même catégorie.
Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, Nicolas Rey
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