Mr Gaunt and other uneasy encounters - John Langan

Mr Gaunt and other uneasy encounters est le premier recueil de nouvelles de John Langan, publié en 2008 et nominé Bram Stoker Award la même année. Elizabeth Hand l’écrit dans sa préface au recueil, John Langan écrit une sorte d’horreur psychologique qui doit beaucoup à M.R. James  ; ajoutons qu’elle doit aussi à Lovecraft, au moins par quelques références explicites. L’horreur de Langan rend hommage à une forme classique dans laquelle une tombe ou un objet très anciens sont au fondement de l’angoisse et du malheur qui suivra ( des exercices dira-t-on) . Il trouve aussi un ton plus moderne dans au moins deux des textes qui composent le recueil. Quelques mots sur son contenu : On Skua Island et Mr Gaunt sont des club stories. Vite très prévisible, On Skua Island raconte une expédition « archéologique » sur une île perdue. S’y trouvent une tombe et une « momie » viking porteuse d’une très ancienne malédiction. Morts prématurées, disparitions progressives des membres de l’équipe de pro

Feuillets de cuivre : Cthulhu by gaslight ?

Cette chronique sera courte car une préface et une postface qui décortiquent le roman m’ont un peu coupé le sifflet. Quelques mots donc pour qui n'aurait pas lu le paratexte.

"Feuillets de cuivre" est un « roman » steampunk de Fabien Clavel. Roman ou fix-up ? A voir. En effet, le texte est constitué de onze récits successifs séparés dans le temps par quelques années (de 1872 à 1912), mettant en vedette le même personnage principal, l’inspecteur Ragon de la police parisienne.

Régulièrement appelé sur des meurtres étranges autant que sordides, Ragon enquête à l’aide de sa méthode très personnelle. Pour lui, la vérité est dans les livres, la clef du mystère est donc toujours littéraire, entrevue parfois dès l’arrivée sur le lieu du crime grâce à l’examen des ouvrages présents (ou pas) auprès du cadavre. Les livres parlent, ils peuvent mentir aussi ; leur absence même dit quelque chose. Une méthode surprenante mais qui fonctionne, et prend de plus en plus d’importance au fil du récit.

Avec "Feuillets de cuivre", il est question de policier steampunk. Mais pas d’ambiance victorienne ici, c’est à Paris que l’action se déroule, entre défaite de Sedan, expositions universelles, affaire Dreyfus, apaches, filles perdues, Moulin-Rouge, et Brigades du Tigre. Du Belle-Epoquepunk donc, pour la seconde moitié de la période tout au moins. La partie « punk » est assurée dans le roman par un mélange de savants fous et de mécaniques insolites, sans oublier magie et surnaturel, auteur de Nephilim oblige. Ce n’est pas déplaisant et rappelle, pour qui voudrait se faire une idée, un monde et des histoires situés entre  l’Adèle Blanc-Sec de Tardi et la série Aspic de Gloris et Lamontagne.
On retrouve aussi ici le name-dropping qui fait le charme du genre, avec une orientation très marquée vers la littérature. On croise donc, plongés dans l’action ou comme éléments du décor, Nerval, Maupassant, un des frères Goncourt, Hugo, Flaubert, etc…

La style de Clavel est ici proche de celui des feuilletonistes de l’époque (il cite explicitement Eugène Sue, le maitre du genre). Action rapide, résolution de même, recherche du bizarre, du choquant, du grotesque, du spectaculaire, sans souci excessif du réalisme, ni dans la situation initiale, ni dans le complot sous-jacent, ni dans le mode ou la vitesse de résolution des affaires. Du coup c’est très distrayant et le roman est un vrai page-turner. En revanche, revers de la médaille, il faut accepter de faire avec de nombreux moments capillotractés. Ca va pour un roman, ça n’irait pas pour un cycle de dix imho.

Là où Clavel renouvelle le genre du feuilleton, c’est quand il intègre les techniques narratives des séries télé. Série au début avec une succession d’affaires indépendantes promptement résolues, liées par un même héros principal et des personnages récurrents, feuilleton ensuite quand commence à émerger le fil rouge qui va orienter le récit et qu’évolue sous les yeux du lecteur le personnage de Ragon. Ce souci de modernité fait commettre une petite erreur à Clavel. Alors que la culture de l’époque, y compris dans ce qu’elle a de plus rétrograde, est bien rendue dans les dialogues, un mot, à un moment, choque, celui de « genre ». Ce n’est qu’un détail mais parler d’androgynie en employant le terme de « genre », c’est proférer un anachronisme, le Littré est formel.

Rapide, nerveux, follement exotique, "Feuillets de cuivre", s’il oscille entre des constructions complotistes très (trop) complexes et des situations concrètes trop vite réglées ce qui l'emmène souvent bien près de sauter le requin, est néanmoins d’une lecture agréable. Il est un plaisant divertissement qui plonge un moment le lecteur dans un monde où Casque d’Or rencontrerait Auguste Dupin. De la bonne lecture de détente.

Feuillets de cuivre, Fabien Clavel
-Feuillets de cuivre sortira le 5 novembre aux éditions ActuSF- 

Commentaires

Gilles Dumay a dit…
Je n'ai pas aperçu la mention de l'éditeur dans ta chronique...
Gromovar a dit…
Yep, oublié. ActuSF. Je corrige quand j'ai un clavier.
shaya a dit…
J'aime beaucoup la couverture, et vu le style et ce que tu en dis, ça a de bonnes chances de me plaire ça !
Gromovar a dit…
Alors, plus qu'à attendre un peu.
taiwan77 a dit…
Grom how can I reach u by email re new genre called cli fi. I created it. Danbloom@gmail.com je parle francais see cli-fi.net re jean marc ligny is clifi novelist? Rsvp
Sombrefeline a dit…
Ouh, ça a l'air bien, ça
Gromovar a dit…
Trois semaines à attendre.