Phantom Road - Lemire - Walta - Bellaire

  USA aujourd'hui, mais pas seulement. Dom est chauffeur routier. Il parcourt les routes américaines au volant de son camion comme le font chaque jour plusieurs millions d'autres forçats de la route. Un soir, à la sortie d'un resto routier, il tombe sur un accident qui vient d'avoir lieu. Une voiture endommagée, une femme choquée à coté, un cadavre sur le bitume, un étrange objet non loin. Etrangement attiré par l'objet, Dom pose la main sur lui. Il se retrouve alors avec la femme, prénommée Birdie, au milieu d'un étrange désert que traverse une route bitumée semblable à celle qu'il vient de « quitter ». Cerise sur le gâteau, Dom et Birdie ne sont pas seuls. Autour d'eux se pressent, nombreux, des créatures humanoïdes dont la meilleure description qu'on puisse donner est qu'elles ressemblent à des croisements réussis entre une momie et un zombie. Il va falloir combattre, fuir, trouver s'il existe un passage hors de ce monde étrange, sans oubl...

Une si brève angoisse


"Ragemoor" est une BD standalone du dessinateur Richard Corben, une célébrité de l’illustration fantastique, sur un scénario de Jack Strnad.

Ragemoor, c’est aussi le nom d’un château gothique, perché au bord d’une falaise et édifié à l’aide du sang d’innombrables sacrifiés. Y vivent Herbert, le maitre des lieux, son père, devenu fou, et Bodrick son majordome.
Un oncle, parti depuis longtemps, revient au château, accompagné d’une belle jeune femme, sous couvert de visite familiale. Mais l’oncle a de sombres projets que Ragemoor, édifice vivant, va se charger de contrecarrer d’atroce manière.

L’atmosphère de "Ragemoor" est « délectable », et le lecteur averti y prendra plaisir. Le château est une présence vivante et maléfique, habité d’étranges résidents qui cohabitent avec Herbert et sa famille. La forteresse vit, bouge, manigance, tue même, dans une ambiance de claustration oppressante qui rappelle le Gormenghast de Mervyn Peake. Mais c’est aussi du côté de Poe, de Lovecraft, et des gothiques anglais, que lorgnent les auteurs de l’album. Les nombreuses références visuelles ou textuelles parleront aux amateurs de ces histoires que la Hammer illustra. Le déroulement du récit, malédiction familiale, emprisonnement dans un château inquiétant où se joue un amour tragiquement contrarié, tribulations sanglantes, trahison et vengeance, rappelle des romans gothiques comme Le château d’Otrante ou des nouvelles de Poe telles que La barrique d’Amontillado.

Reste que la BD est trop courte. Une centaine de pages, assez peu de textes, l’ambiance y est - le dessin la rend parfaitement - mais la brièveté du récit est frustrante, d’autant que (et c’est un argument que je n’utilise que très rarement) son prix est assez élevé. On la referme, terminée, au bout d’une trentaine de minutes, en se disant qu’on aurait voulu que le background fut utilisé plus longuement, et en ayant le sentiment de ne pas en avoir eu pour son argent.

Ragemoor, Strnad, Corben

Commentaires

Escrocgriffe a dit…
« Hammer « , tu as dit un mot magique ! Dommage que ce soit si cher, comme tu dis...
Gromovar a dit…
Ouais. Vaut mieux l'emprunter que l'acheter imho.