Mariana Enriquez - Un lieu ensoleillé pour personnes sombres

Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, nous racontent le mal qui rôde partout et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, qu’on a assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux. Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires. Un lieu ensoleillé pour personnes sombres , le dernier recueil de nouvelles de Mariana Enriquez, sort en VF aux Editions du Sous-Sol dans une trad...

Under a blood red sky


Jeff Vandermeer citait l’autre jour dans son interview pour Quoi de Neuf... "The other side of the mountain", de Michel Bernanos, comme une source d’inspiration ; ce n’est donc pas par hasard qu’il est présent dans la compilation The Weird éditée par les Vandermeer. C’était l’occasion d’aller voir ce texte que je n’avais jamais lu.

Pour faire bref, cette novella est divisée en deux parties.

D’abord, une histoire de désastre maritime terriblement cruelle et éprouvante. Quand un navire se retrouve encalminé au milieu de l’océan sans vent ni courant, les conséquences pour l’équipage finissent par devenir trop rudes pour être supportées dignement, donnant à l’homme l’occasion de démontrer, une fois encore, qu’il est un loup pour l’homme.

Après l'espoir vain d'un sauvetage, ce qui doit arriver arrive, le vaisseau coule et seuls deux marins, les plus décents, survivent.

La seconde partie se passe sur l'ile où ils échouent après une phase d’inconscience. Une ile au ciel rouge, apparemment dépourvue de toute vie humaine ou animale, où prospère une bien étrange végétation, souvent agressive. Mais que signifient ces villages vides ? Qui a sculpté les nombreuses statues d’hommes saisis dans des expressions d’horreur ? Et quel est l'inquiétant battement de cœur qui remplit les nuits insulaires ?
L’univers est résolument incompréhensible. Ne reste alors qu’à lutter pour survivre, car les humains, inconscients de la futilité de leur existence et du désintérêt que le cosmos leur manifeste, ne savent rien faire d'autre. Pour les deux survivants, il faut fuir le mystère, rentrer chez soi peut-être, et, pour cela, gravir la montagne pour chercher le salut derrière. Existe-t-il ?

Nihiliste et weird, clairement réussi, "The other side of the mountain", a été écrit et publié en français sous le titre La montagne morte de la vie. Il a été traduit en anglais par Elaine Halperin puis retraduit par Gio Clairval, avec un titre bien plus satisfaisant que l’original.

La montagne morte de la vie, The other side of the mountain, Michel Bernanos

Commentaires

Raphaël a dit…
Personnellement, je trouve le titre anglais plus aplanissant que satisfaisant ! Après, "La Montagne morte de la vie" ne me semble pas être un grand chef-d'œuvre, mais ça a été un plaisir de le voir dans l'anthologie The Weird, aux côtés de Ray et de Seignolle, pour défendre la littérature française.
Gromovar a dit…
C'est profondément weird. En ça c'est un texte à connaitre, je pense.

Pour le titre, La montagne morte de la vie, ça ne veut pas dire grand chose imho ;)