Mon cœur est une tronçonneuse - Stephen Graham Jones

Jade Daniels est en dernière année de lycée dans la petite ville de Proofrock, Idaho. Demi-indienne par son père (tendance Blackfeet) , mal dans sa peau, JD, qui vit avec ce paternel indien alcoolo qu’elle déteste, est une espèce de punkette locale que tout le monde connaît, et pas en bien. Seul plaisir d’une vie très solitaire, JD adore les films de slashers , qu’elle regarde passionnément et dont elle a une connaissance encyclopédique. Et voilà qu’elle pense repérer des signes identifiant les débuts d’activité d’un de ces tueurs solitaires dans sa ville même. Entre cinéma et réalité, JD va tenter de négocier au mieux cette menace existentielle. Mon cœur est une tronçonneuse est un roman de Stephen Graham Jones. C’est un hommage à un genre cinématographique qu’il adore et auquel il a déjà donné un excellent roman : Un bon indien est un indien mort . Qu’en est-il ici ? Cette chronique de Mon cœur est une tronçonneuse est garantie sans spoiler ni sur le qui, ni sur le pourquoi, ni sur

Noir Prestige


Avec "Blackstone", dont deux tomes sont déjà sortis, Corbeyran s’offre une nouvelle virée du côté de la magie véritable, après le Malvoulant ou Double Gauche par exemple.

Fin du 19ème siècle. Trois prestidigitateurs sans grand talent tirent le diable par le queue dans les rues de Paris. De spectacles bidons en petites arnaques, ils vivotent. Lassés, Nelson et Jenny décident de tenter leur chance à Londres en laissant Jean-Jacques à Paris. Lors d’une représentation dans un boui-boui londonien, un tour se déroule atrocement mal. Un enfant disparaît ; les deux prestidigitateurs doivent fuir pour sauver leur vie. Reste une étrange pierre noire d’origine inconnue qui semble vraiment chargée de vraie magie. Le lecteur suit alors les destins divergents des trois illusionnistes et de leur « victime », entre prison, succès, enquête, et mystère.

Le scénario de Corbeyran repose, et je trouve toujours ça dommage, sur plusieurs rencontres fortuites. Je lui laisse pour l’instant le bénéfice du doute car il y a bien plus à cette histoire que compréhensible à l’issue du tome 2, il est donc possible que des forces occultes orientent en sous-main les actions des protagonistes et les rassemblent par nécessité.

Quoi qu’il en soit, l’histoire est prenante, intrigante à souhait, et le curseur entre réalisme et ésotérisme tourne lentement mais sûrement vers le second terme, à un rythme qui permet au lecteur de s’installer sans difficulté dans l’explication la moins rationnelle. Corbeyran n’oublie pas cependant de montrer la réalité d’une Révolution Industrielle qui broie ses petites mains, et la dureté effroyable des années qui précédèrent ce qu’on nomma la Belle Epoque. Belle pour les rentiers comme Proust sans doute, pas pour les ouvriers d’usine. Cet ancrage historique accentue l’étrangeté de la confrontation avec le second niveau de réalité présent dans la série. Il est donc bienvenue.

Dans une ambiance qui rappelle fortement Le Prestige, Corbeyran raconte une histoire de malheur, de malveillance, d’ambition démesurée, et met en place les éléments d’un affrontement magique de haut vol. Il faudra attendre le tome 3 pour en voir plus mais le hors d’œuvre met en appétit. On aimera connaître la suite.

Dessins et couleur soutiennent à merveille le récit. Beaux et réalistes, ils offrent des vues superbes de Londres, Paris, New York à la fin 19ème siècle avec leurs rues animées et leurs bas-fonds sordides, et prennent toute leur ampleur dans le spectacle des nombreux bâtiments monumentaux montrés en plongée ou contreplongée. Couleurs, lumières, effets de brouillard ou de pluie sont très réussis, participant à un grand plaisir visuel.

Black Stone, t1 Les magiciens et t2 New York, Corbeyran, Chabbert, Malisan

Commentaires

Lune a dit…
On les a à la médiathèque, ils sont sur mon bureau :p
Gromovar a dit…
Premier Corbeyran que j'apprécie depuis un bon moment. C'est un signe :)