L'Oiseau qui boit des larmes - Lee Young-Do

L’Oiseau qui boit des larmes (tome 1, Le Cœur des Nagas) est un roman de Lee Young-Do, premier tome d’une tétralogie de fantasy. Son auteur serait « Le Tolkien coréen » si l’on en croit le sticker apposé sur la couverture. Diable ! Qu’en est-il ? Le monde imaginé par Lee Young-Do est divisé en deux par une Ligne imaginaire. Au sud de celle-ci vivent les Nagas. Ils s’y sont installés non sans violence dans un lointain passé. Au nord on trouve les autres « humains », qu’ils soient Standards, Rekkons, ou Tokkebis. Les Nagas sont petits. Ils ont le corps couvert d’écailles. Ils entendent mal, ce qui fait qu’ils parlent beaucoup moins qu’ils ne nilhent (une forme de communication par la pensée) . Ils voient en revanche très bien, notamment les différences de température. Ils vivent dans une société matriarcale, sous la domination de matrones qui traitent les mâles comme un cheptel reproducteur – à l’exception des Protecteurs qui ont épousé la déesse et la servent dans un...

Me and you, and you and me


"La volonté du Dragon", le court roman de Lionel Davoust situé dans le monde d’Evanégyre, fourmille d'idées originales et intéressantes. Il raconte la tentative d'annexion d'un petit royaume périphérique, Qmharr, arriéré et médiéval, par l’empire d’Asreth, la plus grande puissance économique, scientifique, militaire, et donc politique, mondiale.
Le monde que décrit Davoust est attirant. Énormes guerriers en armures arcaniques, navires « scientifiquement » mystiques, armes excluant de la réalité (rappelant certaines créations de Pierre Bordage), Evanégyre est un univers arcanepunk, avec tout ce que cela comporte d'émerveillement.
Au-delà du cadre, il y a l’histoire. Dans son roman, Davoust décrit l'arrogance de la grande puissance, sa méconnaissance de la culture de l'agressé et des réalités du terrain, il montre comment la guerre n'est jamais ni rapide ni propre, et comment le faible peut blesser gravement le fort en profitant de son outrecuidance. Il décrit un empire sûr de sa force, mais aussi et surtout de son bon droit, qui considère que la conquête du monde entier est le seul moyen viable de faire régner un ordre satisfaisant sur toute la planète. Il est difficile, en lisant "La volonté du Dragon", de ne pas penser aux États-Unis, et particulièrement à la frange néo-conservatrice de sa classe politique. Il est difficile aussi, de ne pas penser à l'Irak ou à l'Afghanistan, voire au Vietnam, et à l’humiliation quotidienne qu’eurent à y subir les armées américaines. Davoust développe aussi les notions de liberté individuelle et de soumission, il justifie théoriquement les deux approches, et oppose ainsi deux systèmes politiques. On sent qu’il y a beaucoup à découvrir sur l'empire, sa technologie magique, son « Dragon », superbe et mystérieuse, qui gouverne l'empire et le guide ; on sent même qu'il y aurait beaucoup à découvrir sur Qhmarr, son organisation sociale et politique, son respect illimité du destin symbolisé par le concept de lâh, son souverain autiste génial, ses nobles dont le rôle n'est pas clair.
Il y avait de ces vérités entrevues dans « Par-delà les murs », la nouvelle publiée dans l'anthologie Victimes et Bourreaux. Cette nouvelle m'avait passionné, et m'a poussé à lire "La volonté du Dragon" pour en savoir plus sur Evanégyre.
Malheureusement, j'essaie toujours d'en savoir le moins possible sur les livres que je lis, et ici ça m’a desservi. J'entrai donc en confiance dans la volonté du Dragon sans imaginer que le gros du récit consisterait en une (épique) bataille navale. Or je n'aime pas les récits maritimes, et encore moins les récits de bataille navale. Ce roman et moi nous sommes manqués ; j'espère vivement que Lionel Davoust écrira d'autres nouvelles ou d'autres romans situés dans ce monde d' Evanégyre que je me ferai un plaisir de parcourir à nouveau, pourvu que ce ne soit pas sur l'eau.
La volonté du Dragon, Lionel Davoust

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Commentaires

Efelle a dit…
Arcanepunk ? Le rejeton bâtard de l'esthétique steampunk et de la fantasy. Comme dans Arcanum et Warhammer ?

Plus sérieusement, je le lirai sûrement, ayant aimé la nouvelle dans Victimes et Bourreaux et appréciant aussi les bateaux.
Lorhkan a dit…
Dommage... Les goûts, les couleurs, toussa...
Très bonne lecture pour ma part, et qui m'a bien surpris !
Guillmot a dit…
Il défend Buffy, il invoque l'arcanepunk, qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de notre Gromovar ?
Tigger Lilly a dit…
Tu as le mal de mer ?
Endea a dit…
Oh dommage .... Mais c'est sûr que si tu n'aimes pas les batailles navales ...
Gromovar a dit…
Oui, ça aide pas.
arutha a dit…
J'adore les histoires maritimes. As-tu lu (et pas apprécié, du coup), Les Aventuriers de la Mer de notre chère Robin Hobb ?
Gromovar a dit…
Les Aventuriers de la Mer est le seul Hobb que j'ai arrêté avant la fin.
Cédric Ferrand a dit…
Un Marseillais qui n'aime pas la mer. On aura tout lu.