La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Heinlein est-il un affreux libéral ?

C'est la question que pose implicitement Le Traqueur Stellaire dans cet article sur "L'homme qui vendit la Lune."

Connaissant depuis peu le Traqueur, et sachant de ce fait que son intelligence va bien au-delà de la vulgate politiquement correcte, je ne peux m'empêcher de lui donner ce conseil en commentaire, et de la placer ici dans l'espoir d'initier une discussion.

Je trouve que tu devrais arrêter de justifier politiquement Heinlein.
En tant qu’auteur il a écrit des choses intéressantes. Si certains lecteurs ne savent pas faire la part des choses entre l’homme et l’écrivain, ou pire, si pour certains lecteurs les auteurs doivent être de gauche pour être lisibles, laisse-les dans leur certitude confite et fais-toi plaisir en lisant du Heinlein si c’est ton truc.
J’ai déjà du mal à ne pas aller incendier le Cafard pour ce dossier grotesque sur Lovecraft etait-il raciste ?
Question : Lovecraft était-il raciste ?
Réponse : Oui. Et alors ?
A ce propos, je vais devoir me désengager du challenge élisabéthain car Shakespeare a créé le personnage du marchand juif Shylock, du challenge Baudelaire (whatever that may be) car il a écrit « Une nuit que j’étais près d’une affreuse juive », du challenge Dickens car il a créé le personnage de Fagin l’exploiteur juif, de tous les challenges dans lesquels une buse risque de déceler une atteinte au politiquement correct.
Reste la challenge Oui-Oui, mais je me demande si les deux lutins qui jouent sans cesse des tours pendables ne sont pas une allusion discrète et fine à l’autre ou à l’étranger comme porteur d’altérité effrayante.


Sur ce, il faut que j'aille un peu travailler, pour une administration d'Etat donc pas du tout ultra-libérale.

Commentaires

Anudar a dit…
J'ai beau ne pas être de droite (euphémisme), je ne me gêne pas pour lire à peu près n'importe quoi, en SF ou ailleurs. Il faut savoir faire la différence entre l'auteur et l'oeuvre, même si la deuxième se nourrit du parcours et de la pensée du premier...
Je connais assez peu Heinlein, je sais qu'il a mauvaise presse (au moment de la sortie de Starship Troopers, j'avais entendu dire pas mal de choses de son oeuvre, et pas en bien). De la même façon lorsque j'ai découvert Poul Anderson j'ai appris qu'il avait été "boycotté" en France à cause de sa position favorable à la guerre du Viêt-Nam. Chose qui ne m'a pas empêché de suivre la série des Flandry.

Le tout est d'être capable de faire la part des choses. Ce qui n'empêche pas de faire des critiques constructives de la pensée de l'auteur quand elle apparaît en filigrane de son oeuvre. En tout cas, et en ce qui me concerne, je ne m'en priverai jamais.
Guillaume44 a dit…
Je pense que je vais m'inspirer de tes sages conseils, Gromovar (en partie du moins, je suis incorrigible ;) ). Trop de justification tue l'analyse en effet. J'écris toujours dans l'idée de réfuter les clichés trop premier degré sur Heinlein, et j'aurais pu faire pareil sur Lovecraft, en effet.

Je t'ai fait une réponse plus longue sur mon blog, qui reprend mon argumentaire dans un premier temps, précise également comme tu le dis (et t'en remercie) que le billet se limite au texte chroniqué et qu'il n'y a pas de justification du système ou du politiquement correct vendu dedans (en bonus avec la Lune) et conclue sur mes modestes promesses de faire plus gaffe la prochaine fois.

Mais bon, ça fait deux ans que je me bagarre à droite à gauche concernant Starship Troopers, ça doit finir par trop déteindre. Je crois que tu as bien senti le problème lorsque tu parles d'aller incendier les cafards concernant leur dossier Lovecraft.
Isil a dit…
Je suis d'accord! Et moi, je ne lis que des auteurs féministes... je vais devoir brûler à peu près tous mes livres :-)
Pour Dickens, je rectifie, il a certes créé Fagin mais il s'est rattrapé dans L'Ami commun où il crée un personnage de juif très sympathique pour se faire pardonner. Tu peux donc participer à mon challenge Dickens qui dure jusqu'en février ;-)
Et sinon, tu as oublié Jules Verne, il faut interdire Jules Verne pour racisme^^
Guillaume44 a dit…
Le racisme étant de bon ton au XIXème siècle, on n'aurait pas fini de jouer les ayatollah !
Munin a dit…
Aaah, Heinlein. Il faut lire Une porte sur l'été, tout en finesse, riche dans sa simplicité, émouvant. Après, on reparlera de l'Histoire du futur, des Marionnettes humaines et des autres.
Pitivier a dit…
Ce conformisme de la pensée m'agace prodigieusement. Je ne connais pas Heinlein mais j'ai du mal à comprendre la logique qui veut que l'on boycotte ses oeuvres sous prétexte qu'il serait d'une certaine tendance politique. Ca me débecte tout simplement. C'est d'une étroitesse d'esprit qui confine à la bêtise.
Guillaume44 a dit…
Cela a été encore pire avec Poul Anderson, comme le rappelle Anudar. Va falloir attendre 2011 pour que Tau zéro, une référence en matière de SF, soit enfin traduit en France ! Tout ça à cause du numéro de juin 68 de Galaxy et de ses deux appels opposés : les auteurs de SF pour la guerre au Vietnam et ceux contre cette guerre. Il suffit de voir les listes des signataires de chaque appel, et on a grosso modo les listes des auteurs préférés ou plus boudés en France durant les 30 années suivantes.

Assez débile, alors que la récupération de la SF à des fins idéologiques par des partis d'extrême droite, c'est bien plus sérieux et ça mériterait plus d'être dénoncé.

Pfff ça y est je pige. Gromovar n'est qu'un fourbe qui veut m'amener à parler politique :D
Gromovar a dit…
@ Anudar : D'accord avec toi. Lisons les auteurs maudits :-)

@ Guillaume44 : Nous en avons parlé l'autre jour en live déjà. Je comprends que tu veuilles réfuter les clichés concernant un auteur que tu apprécies. Ma politique depuis longtemps est que, lorsque quelqu'un me sort un cliché sur un artiste, il m'en dit plus sur lui que sur l'artiste dont il parle et que de ce fait je n'ai pas envie de passer du temps à corriger le cliché. Nul n'a le temps de parler avec tout le monde, alors c'est une méthode parmi d'autres pour choisir à qui l'on parle (et donc à qui l'on ne parle pas). Sur Starship Troopers par exemple, il y a longtemps que je n'essaie plus d'expliquer à quiconque qu'il faut le prendre au second degré.

@ Isil : Sans dec' tu as un challenge Dickens ? Tu es un véritable moulin à challenges ;-)

@ Munin : Je viens de lire sur le review de LA porte de l'été que c'est un peu post-ap. Un de plus pour le challenge post-ap donc, et si je fais vite ça me fera un livre pour le challenge Heinlein (et je crains qu'il ne reste orphelin).

@ Pitiviers : Pas mieux.
Isil a dit…
Et encore, je ne t'ai pas parlé de mon challenge "Rentrée littéraire 1220... à peu près"^^
Mais c'est pô ma faute, on m'influence, je n'ai aucune volonté :-)

Pour en revenir au sujet, je comprends le point de vue de Guillaume. Il ne faut pas non plus laisser tout l'espace à ceux qui traitent Heinlein de réac. C'est son enthousiame ou celui de Génération SF qui m'ont poussé à faire l'effort de lire Heinlein après tout.
Ça me fait penser, dans un tout autre genre, au débat sanglant qu'il y a régulièrement sur Jane Austen que beaucoup voient à tort comme romantique. C'est bien aussi de temps en temps d'essayer d'éduquer les gens :-) Après, s'ils ne veulent pas comprendre, là, on ne peut plus rien pour eux.
Guillaume44 a dit…
@ Gromovar : moui je finirai sûrement par faire pareil. C'est vrai que j'aime bien ça, causer Heinlein. Tu t'en es rendu compte samedi ^^
BiblioMan(u) a dit…
Allez, je plonge dans le débat mais pas pour abonder non plus complètement dans votre sens même si je vous rejoins sur pas mal de points. Ce qui me gêne un peu dans ce que tu dis Gromovar (mais peut-être ai-je mal interprété, à toi de me corriger si je me trompe), c'est le fait que sous prétexte qu'une personne n'ait pas vu un second degré sur un ouvrage, celle-ci ne mérite pas qu'on lui explique là où elle s'est trompée. On passe, de toute manière elle ne changera pas de point de vue. Alors que le "Cliché" sur laquelle la personne s'appuie n'est pas forcément une redite, elle ne se contente pas de répéter une chose parce qu'elle l'a entendue, mais peut-être s'agit-il d'une mauvaise lecture ou d'une mauvaise appréciation d'un artiste. Pour ma part, je l'avoue sans fard, j'ai lâché Etoile Garde à vous parce que le côté hyper militariste m'a énervé et c'est vrai, si second degré il y a je ne l'ai pas vu parce peut-être trop jeune aussi à l'époque et le plaisir de la lecture n'est pas venu, comme il n'était pas là non plus des années plus tard au premier tome de l'Histoire du futur.
Je me pose tout de même une question et vous pourrez peut-être y répondre. La polémique ayant trait à Heinlein n'est pas nouvelle, et on le voit, elle est toujours d'actualité, à tel point même qu'on a entendu tout et son contraire (et vraiment le contraire notamment en ce qui concerne "En terre étrangère"). Heinlein s'est-il jamais prononcé sur cette polémique ? N'a-t-il jamais éclairci les choses ?
Après, fiates comme si je mettais un copier/coller de la dernière partie du commentaire d'Anudar. je pense tout comme lui.
Gromovar a dit…
@ Isil : C'est pas romantique et mièvre Jane Austen ??? On m'aurait menti ???

@ Guillaume44 : Yep

@BiblioManu : C'est pas vraiment de l'élitisme. C'est de la lassitude.
Mais ceci étant, si quelqu'un me dit "Je ne lis pas Heinlein parce qu'il est libéral", ce qui me gêne n'est pas qu'il ait compris de travers, c'est qu'il choisisse ses lectures sur des critères non littéraires. Dans ce cas, je n'ai en effet pas envie de discuter. En sociologie on appelle ça en effet de halo et c'est malheureusement très courant dans les discussions sur la politique : "untel est libéral (ou quoi que ce soit d'autre) DONC c'est un auteur de merde, c'est un pauvre type, c'est un con, son opinion est forcément de piètre qualité etc...". Ca produit des résultats que je trouve détestables, et c'est en général le moment où je passe en mode Veille dans la conversation.
BiblioMan(u) a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
BiblioMan(u) a dit…
Oui, là je comprends bien ce que tu veux dire ainsi que la mise en mode veille qui en résulte.
Isil a dit…
Comme toi, lassée je suis, je ne dis plus rien :-) Ah mais si quand même, cette obsession des personnages à ne pas vouloir sortir de leur classe sociale et cette obsession de l'argent qui risque de manquer, c'est effroyablement Tory, hop j'arrête de la lire aussi^^
GiZeus a dit…
Le débat n'est pas nouveau, il en va de même pour Céline, qui se déclarait volontiers comme "l'ennemi numéro 1 des juifs", ce qui n'empêche pas son roman phare, Voyage au bout de la nuit, d'être considéré comme un des plus grands chefs d'oeuvre de la littérature (je précise que je n'ai aucune opinion sur la question, j'ai rapidement lâché le bouquin, je le reprendrai dans quelques temps). On peut également citer le cas Hergé, avec Tintin, qui propose, au second degré, une vision raciste de l'Afrique, dans son album Tintin au Congo, pour ne citer que cet exemple.

Je me conforme aux avis précédents, il faut faire la part des choses, savoir si on lit sur la base d'une qualité littéraire, artistique, ou bien en prenant comme critère premier les opinions (politiques notamment) de l'auteur. On peut cependant s'interroger sur la démarche de lecture lorsque ces deux aspects sont liés, dans le cas de la littérature engagée notamment (consciemment ou non), mais à l'exclusion de ce mélange, le débat n'a pas lieu d'être pour moi.
Gromovar a dit…
@ GiZeus : D'accord avec toi.
Heinlein, il était pas militant de gauche à un moment? Je ne sais plus, faudrait relire dans le Bifost pour voir. Enfin si gauche il y'a aux USA... Ce qui n'empêche pas d'être de gauche et sexiste comme Proudhon. Blablabla.

Mais il est vrais pour ma part, que en bon fan de Lovecraft, il y'a eu un moment où j'ai lâché son oeuvre car certains textes étaient trop raciste de par le descriptif des figurants. Cela me irritait, mais ce n'est que sensibilité personnelle. Et si je n'ai pas encore lu l'article du Cafard, il est clair que le racisme était de bon ton, chez lui... comme chez nous. D'ailleurs c'est bien connu, le racisme n'existe plus chez nous... Non?

Cependant, ce genre de polémique, de débat existe aussi au sein de la musique indépendant active (punk, hardcore, etc). Je m'y étais pas mal engagé, trop... jugeant trop vite, et passant à coté de beaucoup de choses. C'est que je ne veux plus faire en littérature, même si il y'a surement des auteurs que je ne lirai pas car trop ouvertement racistes et que cela me gêne que c'est un de nos contemporains.

Cela dit, je vais quand même me lire Heinlein... et trouver le temps de lire l'article de Guillaume à l'origine de ce commentaire.

Au passage, Starship Troopers m'irritait à la lecture. Et après coup, je trouve qu'il fait beaucoup réfléchir, ce qui est très bien. Et puis comme me disait un amis, il faut savoir lire les avis contradictoires aux siens pour s'ouvrir l'esprit ou sinon pouvoir les contredire.

Oups désolé pour ce commentaire bien trop long.
Gromovar a dit…
Ce qui est amusant (tragique) c'est que le film de Verhoeven a subi le même type de critiques absurdes.

Voir l'excellent article de Wikipedia sur le sujet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Starship_Troopers_(film)
Guillaume44 a dit…
@ Julien : sisi, parti EPIC. Bonne mémoire ;) Mais sa carrière politique ne fut pas très heureuse.

@ GIZeus : Tintin au congo, régulièrement sous le coup de procès...

@ Gromovar : le film Starship Troopers est aussi une satire mais version guerre en Irak / Afghanistan, tout comme le livre était une satire prémonitoire de la guerre du Vietnam. En cela l'adaptation est très bien vue :) Et aussi parce que pour le wargamer que je suis, c'est un régal.

Bon, sinon 20 commentaires ici, bcp moins sur mon billet amoureusement rédigé. Gromovar est un affreux :D :D
Gromovar a dit…
Oups ! Je me couvre la tête de cendres.

Tu n'as qu'à écrire un billet sur "Du sense of wonder à la SF métaphysique", tu auras des centaines de commentaires ;-)
Tigger Lilly a dit…
"Heinlein est-il un affreux libéral ?"

Ha, c'était pas un militariste fasco ? Bon d'accord je sors :p

Tout ça pour dire que je suis on ne peut plus d'accord avec toi.

D'ailleurs tu pourrais lancer un challenge oui-oui, mais dont le but serait de lire uniquement des ouvrages politiquement incorrect :D
Pitivier a dit…
@GiZeus
Pour Hergé, il faut remettre les choses dans leur contexte. Hergé n'était pas raciste comme Lovecraft. C'était un homme de son époque avec les préjugés de l'époque, tout comme Will Eisner ou Tex Avery.

Hergé a regretté plus tard la façon dont il montrait les africains. Cependant, j'ai l'impression qu'il n'y a que nous (européens) à s'offusquer de Tintin au Congo. De ce que j'ai pu en voir, les africains auraient plutôt tendance à trouver ca drole. De même que les noirs américains ne critiquent pas le personnage d'Ebony White (le sidekick de The Spirit) alors que certains blancs ont accusé Will Eisner d'être raciste
Gromovar a dit…
Ya deux recueils de contes que j'ai lu il y a des années écrits politiquement correctement par Finn Garner. Drôle même si tout n'est pas toujours léger, léger (la parodie c'est pas mon truc, je crois que maintenant tout le monde est au courant).
22decembre a dit…
quel artiste est irréprochable ? Wagner était connait pour être un con monumental. Mozart était narcissique au possible...

Bien souvent, lire quelqu'un qui n'est pas de son bord politique permet aussi de s'impregner de ses idées, de ses préoccupations, le comprendre sans comprendre l'homme ni avoir à le rencontrer !
Gromovar a dit…
Un de mes profs disait : "Si vous êtes de droite, lisez des livres de gauche et si vous êtes de gauche lisez des livres de droite".