Rich Larson - The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches

Quelques mots sur The Sky Didn’t Load Today and Other Glitches , le tout récent recueil de micro-nouvelles de Rich ‘ Fabrique des lendemains ’ Larson . 30 textes, chacun lisible en une à six minutes, grand maximum  (une ou deux déjà traduites en français dans le recueil susnommé) . Du court, du court, du court, du bon, du bon, du bon. De la SF, du post-apo (voire très post-apo) , du cyber, du body-horror/weird, du genemod. Je ne peux pas raconter, même un peu car, les nouvelles étant courtes et parfois à chute, ça spoilerait trop. Qu’on sache juste que c’est globalement très bon, que lorsque ça l’est moins c’est court, et que, même si le background n’est pas toujours cyber, ça forme, par la noirceur et l’inventivité technologique de l’ensemble, ce qui se rapproche le plus aujourd’hui d’un très bon recueil cyberpunk/SF. Pour donner un peu envie (si ce qui précède ne te suffit pas, ingrat de lecteur) , je liste ci-dessous, en vrac, quelques-uns des tropes que tu croiseras dans les pages

Cassandre


"Dissolution" est un énorme pavé de Jared Diamond, déjà auteur, entre autres, de De l'inégalité entre les sociétés.
Biologiste, géographe, environnementaliste, l'honnête homme Diamond s'intéresse depuis toujours aux facteurs qui expliquent que toutes les sociétés évoluent différemment. Dans "Effondrement" il cherche les points communs existants entre des sociétés qui se sont effondrées dans le passé, afin d'en tirer des guides peut-être utiles pour la notre. Qu'on adhère ou pas aux thèses développées, ce livre est passionnant et enrichissant pour tout lecteur attentif.
L'auteur décrit en longs et passionnants détails la grandeur et la décadence de quelques peuples anciens : les Pascuans, les vikings du Groenland, les Anasazis d'Amérique du Nord, les habitants des Pitcairn et Henderson, les Mayas. Par le biais de la synthèse (très) érudite des multiples études les concernant, Diamond dégage les variables clés de l'Effondrement. Elles sont, dit-il, au nombre de 5. Conduisent au désastre (relativement vite après une apogée) : la dégradation de l'environnement, les changements climatiques, l'hostilité des sociétés voisines, l'assèchement des relations commerciales, des réponses politiques et sociales inappropriées à ces évènements. Aucune variable n'est déterminante seule, mais leur accumulation dans une société amène sur la voie de l'effondrement par augmentation de sa probabilité de survenue. Le raisonnement ici est presque médical ; on recense et comptabilise les facteurs de risque.
Pour valider sa thèse, Diamond étudie ensuite l'exemple de trois sociétés qui ont réussi à surmonter leurs problèmes et à perdurer : la Nouvelle-Guinée, Tikopia, le Japon de l'ère Tokugawa. Il y montre que des réactions adaptées peuvent éviter le pire, et que ces réactions peuvent venir du bas comme du haut de la société, suivant la taille et le type d'organisation sociale. Diamond ne privilégie ni le bottom-up ni le top-down. Chaque cas appelle une réponse spécifique, mais dans les grandes sociétés le rôle du pouvoir central et de la contrainte est très important (autant pour la citoyennolatrie et l'incitolatrie).
Enfin Diamond étudie quelques effondrements contemporains (Rwanda, Haïti) ainsi que quelques sociétés en péril aujourd'hui (Chine, Australie, certaines parties des USA). Il montre enfin dans une récapitulation comment les problèmes identifiés dans le passé se posent à notre civilisation occidentale.
Le travail de Jared Diamond est absolument impressionnant. Ses monographies sont complètes, détaillées, et il utilise toutes les ressources de l'étude historique et archéologique pour reconstituer des chaines d'évènements. On apprend beaucoup sur l'archéologie en lisant "Effondrement". J'y ai découvert quantité de méthodes dont j'ignorais la simple existence. Tout le monde connait la datation au Carbone14, pas toujours fiable ou utilisable. Je sais maintenant qu'on peut aussi étudier le climat en analysant les pollens ou les alluvions, le couvert végétal (et sa nature) par la même méthode, le climat par la composition isotopique des carottes de glace, le climat par l'étude des cercles de croissance des arbres, la répartition alimentaire entre produits de la terre et produits de la mer par l'étude des déchets, mais aussi de manière plus précise par des techniques d'analyse osseuse, les déplacements de population par la génétique, etc. "Effondrement" est une superbe initiation à l'archéologie doublée d'un voyage réaliste dans le temps.
Sur le plan politique, car l'analyse conduit à des préconisations implicites, certains ont reproché à Diamond d'être malthusien, car il affirme que la dégradation environnementale est le résultat d'une croissance démographique trop importante autant que d'une mauvaise allocation des ressources. Cette équation parait tellement évidente que je ne sais même pas si ça vaut la peine d'en discuter, à moins d'être de ces optimistes béats qui considèrent que plus on est de fous, plus on rit. Diamond assume alors le rôle de l'épouvantail recyclant les idées du Club de Rome. Dans le même ordre d'idées, Diamond préconise la contrainte dans un monde qui ne peut entendre ce mot. Ce n'est certes pas un discours populaire, sauf dans les milieux les plus conscientisés, d'autant qu'il montre que la matérialisation de l'effondrement c'est d'abord la baisse du niveau de vie, la guerre, les tensions économiques et sociales, tant il est facile de s'entendre quand la société est prospère. Or ce que veut montrer Diamond c'est que, naturellement, nous n'allons pas disparaitre de la surface de la Terre, mais que notre mode de vie ne peut être pérenne, que le changement soit décidé ou subi. Economiser les ressources, ça signifie consommer moins, ce que les occidentaux ne veulent pas entendre.
"Effondrement" est un livre politiquement important. C'est aussi un livre scientifiquement important. C'est un livre que tout honnête homme devrait avoir lu pour participer au débat environnementaliste.
Effondrement, Jared Diamond

Commentaires

El Jc a dit…
A défaut d'être réjouissante, cette lecture sera au moins enrichissante. Je note les références.
Gromovar a dit…
Un bon investissement temps.
Ça fait un bout de temps qu'il est sur la deuxième pile des livres à lire: celle pour l'enrichissement personnel et l'élargissement des horizons, juste à côté de l'autre pile, celle pour les études et l'hyperspécialisation.
Tragiquement, celle pour les études est marquée du sceau de l'urgence, et je la privilégie toujours.

Tu me mets de la pression, là... ;)
Gromovar a dit…
Tu peux lire Effondrement société par société, en intercalant les lectures estudiantines. C'est un moyen simple de le lire sur la durée :-)
Anonyme a dit…
Sur ma pile depuis un moment aussi... Merci pour la note qui devrait me motiver!
Gromovar a dit…
Demain un teaser pour un futur grand auteur qui illustre l'Effondrement : Paolo Bacigalupi
Tigger Lilly a dit…
Je prends note, ça m'a l'air diablement intéressant.
Gromovar a dit…
Et ça c'est en français ;-)
Lybertaire a dit…
J'ai lu et chroniqué cet ouvrage l'été dernier et il est en effet très documenté, essentiel, et passionnant ! J'ai trouvé que ça se lisait comme un polar. Concernant la surpopulation, je ne sais plus si c'est dans cet ouvrage ou dans un autre que je l'ai vu mais le fait que ce n'est pas tant le nombre d'habitant·e·s sur Terre qui pose problème que leur surconsommation de ressources. Si on vit tou·te·s comme des Américain·e·s, les ressources sont vite épuisées. En tout cas, un ouvrage fondamental à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui veulent mieux comprendre l'écologie, ou qui s'intéressent à l'histoire.
Gromovar a dit…
Disons que la pression environnementale est corrélée positivement avec la population et le niveau de vie et négativement avec la technologie (comme moyen de réduire les externalités ou la quantité d'intrants à produit constant).

Donc, oui la population n'est pas la seule variable pertinente, mais oui aussi, toutes choses égales par ailleurs elle est une cause linéaire d'augmentation de la pression environnementale.

Et oui, ça se lit comme un polar (tragique).