Les Nominés du Prix Planète-SF 2025

Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF 2025 est maintenant clos. Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi : Requiem pour les fantômes de Katherine Arden traduit par Jacques Collin (Denoël Lunes d’Encre) Les membres du jury ont voté et choisi : La Cité des lames de Robert Jackson Bennett traduit par Laurent Philibert-Caillat (Albin Michel Imaginaire) Une Valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (Robert Laffont Ailleurs & Demain) Autrement dit, A B C D. L’univers est bien organisé. Le jury dispose maintenant de tout l’été pour faire les rattrapages de lecture nécessaires avant une délibération à la rentrée pour décider lequel de ces quatre romans deviendra le Prix Planète-SF 2025.

Que faire ?


Dans une société médiévale en cours de passage au totalitarisme, des observateurs humains d'origine extra-planétaires, aux pouvoirs immenses, observent, témoignent, tentent de valider des lois historiques empruntant autant au marxisme qu'à la psychohistoire.
Réédition d'un classique de la littérature russe (ou soviétique) ; et ce fascinant roman a le gout de ce qu'il est. Roman russe, il donne à voir une galerie de personnages haut en couleurs s'affrontant dans des dialogues où l'emphase et parfois l'absurde règnent en maitres. Impossible de ne pas penser à Dostoïevsky, par exemple dans "L'Idiot", en ce qui concerne le style des conversations/déclamations. Russe aussi par l'évocation de la forêt, mystérieuse et omniprésente, par la cruauté des nobles dans une société ultra-hiérarchisées, russe enfin par le sens de l'absurde des situations et de la galerie de personnages secondaires incongrus qui peuplent le roman. Soviétique, "Il est difficile d'être un Dieu" l'est par de multiples références à la Russie communiste, les quelques références à Hitler comme Némésis mythique, et le "fascisme" comme archétype de la dictature totalitaire. La société décrite par les auteurs a beau ressembler à celle de Staline, qu'ils connaissent par ailleurs bien mieux, l'ennemi ne peut qu'être fasciste.
Au-delà de la description, déjà vue mais originale par son côté slave, d'une société totalitaire (ici naissante) anéantissant la culture, "Il est difficile d'être un Dieu" vaut par une description fouillée du dilemme de l'observateur. Comment observer sans intervenir ? Comment laisser les lois supposées de l'Histoire écraser des hommes au nom d'un évolutionnisme théorique ? On pense à la Culture de Ian Banks, on pense aussi au cycle de Fondation d'Asimov. Peut-on, doit-on manipuler le développement des sociétés, et si oui, comment le faire ? Comment supporter la vision des lâchetés et des compromissions de ceux qu'on est sensé aimer et qui se conduisent comme des merdes pour sauver encore quelques temps leur misérable vie ? Seuls les plus froids survivront à cette épreuve. Les plus humains meurent ou deviennent fous. Le destin de combien de journalistes ou de casques bleus ?
Il est difficile d'être un Dieu, Arkadi et Boris Strougatski

Commentaires

Efelle a dit…
Encore un qui est dans la pile, au vu du sujet j'ai en effet pensé à la Culture, découverte récemment en ce qui me concerne.
Gromovar a dit…
Bonne lecture prochaine. C'est un livre exotique et agréable (et en plus vite lu).