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Rois et capitaines" est une anthologie récemment sortie chez Mnémos, résultat d’un projet conjoint avec les Imaginales d’Epinal. Le titre de ce recueil dit assez bien son thème : les rois, et leurs capitaines, loyaux ou vénaux chiens de guerre qui font la sale besogne pour eux. Mon plus beau souvenir cinématographique associé est le rôle de Rutger Hauer, superbe salaud et chef de mercenaires sans foi ni loi dans "
La chair et le sang" ; c’est à lui que j’ai pensé en achetant cette anthologie. Je l’ai parfois retrouvé entre ces pages, pas toujours.
Fidèle à mon habitude je vais décrire ce qui m’a plu, on en tirera soi-même les conclusions pour le reste.
Rachel Tanner, La damoiselle et le roitelet, amusante uchronie, dotée d'un personnage à la Conan pour ce qui est de la diplomatie, qui aurait gagné à aller vraiment au bout au lieu de se terminer par un pardon, elle aurait ainsi été encore plus uchronique
Maïa Mazaurette, Sacre, une histoire sérieuse sur l'enfance d'un de nos plus grands rois et sur ses rapports avec son surprenant capitaine doublée d'un message féministe particulièrement subtil. Maïa Mazaurette démontre une fois encore dans cette nouvelle sa grande finesse d'esprit.
Lionel Davoust, L'impassible armada, une histoire de navires prisonniers de la "glace" qui évoque (lointainement) "
Terreur" et met en scène un personnage de marin plus doué pour la survie que pour la navigation.
Catherine Dufour, Le prince des pucelles, je ne suis en général pas fan de parodie ou d'écrits à la manière de..., je trouve que la facilité s'y mêle souvent à la vulgarité. Mais ici Catherine Dufour a su magnifiquement adapter et fusionner les divers contes de princesses en détresse pour en donner une réinterprétation magistrale et crédible autant qu'originale.
Armand Cabasson, Serpent-bélier, un bien beau récit de chamanisme dans l'immense steppe russe envahie par les hordes mongoles, qui est aussi une réflexion sur l'intolérance, le racisme, la stupidité crasse, et la manière dont ces sentiments amènent à des actions sous-optimales. Bien fait pour eux !
Johan Héliot, Au plus élevé trône du monde, un récit picaresque dans lequel D'Artagnan rencontre sur la Lune Cyrano de Bergerac. Je crois qu'il est inutile que j'en dise plus, qu'on sache seulement que c'est fort bien écrit.
Julien d'Hem, Le crépuscule de l'Ours, superbe récit d'un auteur débutant dans lequel un vieux guerrier légendaire perd ses qualités d'hommes d'armes en retrouvant sa conscience. Espérons que Julien d'Hem nous en écrira rapidement d'autres de cette eau.
Et, le meilleur pour la fin, Jean-Philippe Jaworsky, Montefellone, une histoire superbe et surprenante, une écriture comme il y en a peu en France, je crois qu'on pourrait acheter le recueil pour cette nouvelle seule. Après "
Janua Vera", Jaworsky continue de m'impressionner.
Rois et capitaines, anthologieL'avis de Cédric Jeanneret
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