
N'intervenant que sporadiquement il me plaît de jouer l'ombre discrète qui de temps en temps fait remonter un ouvrage d'une pile dans l'ombre de LA pile. Or je viens de terminer 
The City and 
The City de China 
Miéville. 
Miéville est un auteur qui à l'issue de la lecture de 
Perdido Street Station s'est propulsé instantanément (enfin, pour autant que l'instantanéité puisse être ramenée à la longueur de ce roman) dans mon petit panthéon personnel, avec Dick, 
Borges, 
Herbert et quelques autres.
Son dernier roman tranche avec les univers 
punk-chaotiques qui l'ont fait connaître. Il s'agit d'une 
dystopie ou d'une 
uchronie (on ne le saura pas forcément, même jusqu'à la fin) contemporaine, se passant dans deux villes états de 
l'Est voisines. Tellement voisines d'ailleurs qu'elles sont superposées sur une grande partie de leur surface. 
Besźel et 
Ul Qoma, qui semblent être des contractions fantastiques de la 
Turquie et de la 
Syrie, adoptent alors un modus vivendi particulier : les frontières étant extrêmement strictes (ces deux états ont été en guerre plusieurs fois et les tensions sont vives), et les habitants de nationalité différentes habitant côtes à côtes, ceux-ci doivent apprendre très tôt à 
dévoir et 
désentendre la moitié de leur environnement (traduction à la volée, nous verrons si l'édition française me conforte - et oui ce n'est pas encore en 
VF).
Je ne vais pas plus déflorer le roman qui nous fait rentrer en douceur dans cette psychose et qui pas à pas, nous laisse croire que cela ne va pas tenir la route de la logique. Pour mieux nous montrer au détour d'une anecdote que si, il y a des raisons qui font que les véhicules ne se rentrent pas dedans, ou qu'il n'est pas possible de tricher et de voir en faisant semblant de 
dévoir... Cette dernière règle de l'univers de 
The City and 
The City étant jusqu'à la fin la plus mystérieuse et le ressort d'une bonne partie de l'intrigue. Quand je vous parlais de 
Borges...
Intrigue qui d'ailleurs est assez lapidaire, voire aride, avec un crime commis qui implique les deux villes, un inspecteur qui va devoir faire le "voyage" pour le résoudre, et des répercussions autour de la Brèche, cette mystérieuse force omnisciente qui emporte ceux qui voient alors qu'ils ne devraient pas.
Le livre est extrêmement plaisant une fois que ne l'on s'attend plus à l'univers baroque habituel de 
Miéville, et que l'on se fait aspirer par sa paranoïa. A lire 
a minima pour l'énorme plaisir de suspension de l'incrédulité qu'il provoque : si vous n'avez pas aimé 
Miéville jusqu'à présent, vous avez droit à une deuxième superbe facette de ses talents. A vous de jouer !
The city and The City, China Miéville
 
Commentaires
Trop de coquilles de traduction également... ou alors mon français est vraiment mauvais !!