Mariana Enriquez - Un lieu ensoleillé pour personnes sombres

Des voix magnétiques, pour la plupart féminines, nous racontent le mal qui rôde partout et les monstres qui surgissent au beau milieu de l’ordinaire. L’une semble tant bien que mal tenir à distance les esprits errant dans son quartier bordé de bidonvilles. L’autre voit son visage s’effacer inexorablement, comme celui de sa mère avant elle. Certaines, qu’on a assassinées, reviennent hanter les lieux et les personnes qui les ont torturées. D’autres, maudites, se métamorphosent en oiseaux. Les légendes urbaines côtoient le folklore local et la superstition dans ces douze nouvelles bouleversantes et brillamment composées, qui, de cauchemars en apparitions, nous surprennent par leur lyrisme nostalgique et leur beauté noire, selon un art savant qui permet à Mariana Enriquez de porter, une fois de plus, l’horreur aux plus hauts niveaux littéraires. Un lieu ensoleillé pour personnes sombres , le dernier recueil de nouvelles de Mariana Enriquez, sort en VF aux Editions du Sous-Sol dans une trad...

Ne pas voir, ne pas entendre...


N'intervenant que sporadiquement il me plaît de jouer l'ombre discrète qui de temps en temps fait remonter un ouvrage d'une pile dans l'ombre de LA pile. Or je viens de terminer The City and The City de China Miéville. Miéville est un auteur qui à l'issue de la lecture de Perdido Street Station s'est propulsé instantanément (enfin, pour autant que l'instantanéité puisse être ramenée à la longueur de ce roman) dans mon petit panthéon personnel, avec Dick, Borges, Herbert et quelques autres.
Son dernier roman tranche avec les univers punk-chaotiques qui l'ont fait connaître. Il s'agit d'une dystopie ou d'une uchronie (on ne le saura pas forcément, même jusqu'à la fin) contemporaine, se passant dans deux villes états de l'Est voisines. Tellement voisines d'ailleurs qu'elles sont superposées sur une grande partie de leur surface. Besźel et Ul Qoma, qui semblent être des contractions fantastiques de la Turquie et de la Syrie, adoptent alors un modus vivendi particulier : les frontières étant extrêmement strictes (ces deux états ont été en guerre plusieurs fois et les tensions sont vives), et les habitants de nationalité différentes habitant côtes à côtes, ceux-ci doivent apprendre très tôt à dévoir et désentendre la moitié de leur environnement (traduction à la volée, nous verrons si l'édition française me conforte - et oui ce n'est pas encore en VF).
Je ne vais pas plus déflorer le roman qui nous fait rentrer en douceur dans cette psychose et qui pas à pas, nous laisse croire que cela ne va pas tenir la route de la logique. Pour mieux nous montrer au détour d'une anecdote que si, il y a des raisons qui font que les véhicules ne se rentrent pas dedans, ou qu'il n'est pas possible de tricher et de voir en faisant semblant de dévoir... Cette dernière règle de l'univers de The City and The City étant jusqu'à la fin la plus mystérieuse et le ressort d'une bonne partie de l'intrigue. Quand je vous parlais de Borges...
Intrigue qui d'ailleurs est assez lapidaire, voire aride, avec un crime commis qui implique les deux villes, un inspecteur qui va devoir faire le "voyage" pour le résoudre, et des répercussions autour de la Brèche, cette mystérieuse force omnisciente qui emporte ceux qui voient alors qu'ils ne devraient pas.
Le livre est extrêmement plaisant une fois que ne l'on s'attend plus à l'univers baroque habituel de Miéville, et que l'on se fait aspirer par sa paranoïa. A lire a minima pour l'énorme plaisir de suspension de l'incrédulité qu'il provoque : si vous n'avez pas aimé Miéville jusqu'à présent, vous avez droit à une deuxième superbe facette de ses talents. A vous de jouer !
The city and The City, China Miéville

Commentaires

Munin a dit…
Gosh ! Je n'ai pas encore lu Un Lun Dun que voilà the City and the City ! Merci de ce billet, j'ai hâte de voir cet autre aspect de Miéville.
Gromovar a dit…
Je commande.
tiberix a dit…
Je dois dire que j'ai par contre passé mon tour sur Un Lun Dun... J'attendrai donc que quelqu'un d'autre m'en donne une revue. ^_^
Gdb a dit…
Idée génialissime et roman sympa mais j'suis déçu - Perdido street Station volait bien au dessus -
Trop de coquilles de traduction également... ou alors mon français est vraiment mauvais !!
Gromovar a dit…
Lu en anglais donc pas de problème de traduction. Pour Perdido, moi je n'ai pas aimé, alors...