The Dagger in Vichy - Alastair Reynolds

France, non loin de Bourges, autour du ??? Autour de quel siècle au fait ? C’est une bonne question. Car si dès le début de The Dagger in Vichy nous marchons dans les traces d’une troupe de théâtre itinérante comme il y en avait tant entre Moyen-Age et Renaissance, des indices transparents nous disent vite (à nous, peuple de la SF) que l’époque n’est pas celle que nous croyions au départ. Nous comprenons vite que Maître Guillaume, le dramaturge, Maître Bernard, le soldat, et le reste de la troupe, y compris celui qui nous narre l’histoire tragique et navrante de la petite équipe, vivent en des temps qui suivent les nôtres, après maints désastres et tribulations (décidément l’un de mes mots préférés de la langue française) , alors que barbarie et sauvagerie ont repris possession du monde comme elles le firent après la chute de l’Empire romain. Caprice des temps, il y a dans la France du texte un Imperator qui siège à Avignon, comme le firent les papes en d’autres temps. Époque incerta...

La der des ders


Nouveau superbe album de Gibrat, l'auteur talentueux du "Sursis".
"Mattéo" est le premier de 4 albums qui raconteront la vie d'un fils de pacifiste qui va participer à toutes les guerres de 14/18 à 39/45 et ainsi en expérimenter l'absurdité. La première période, qui est racontée ici, se situe au début de la Grande Guerre. On y voit d'une manière particulièrement réaliste la réalité des rapports entre classes, le patriotisme obligé des hommes, la pression sociale exercée par ceux qui ne partent pas sur ceux qui doivent partir, les relations dans les tranchées, le rôle du courrier, et les horreurs de la guerre en première ligne. Le scénario est magnifique, tragique et sensible ; il colle aussi à ce qui est l'état des recherches contemporaines sur la période (je chroniquerai demain, 11 novembre oblige, un livre sur le sujet). En cela, il cesse d'être simplement distrayant pour devenir utile.
Le graphisme est superbe. Non content d'être un grand scénariste, Gibrat réalise les encrages et les couleurs. Les planches sont des aquarelles de toute beauté. Hors de toute considération sur leur qualité intrinsèque, le choix de ce mode graphique permet de rendre la confusion brumeuse du monde des tranchées. C'est sans conteste l'un des plus beaux albums sortis cette année.
Dernier détail, comme souvent chez Futuropolis, le papier utilisé est de grande qualité.
J'apprécie énormément les nombreuses oeuvres de Tardi sur la guerre de 14/18, mais je trouve qu'ici on le dépasse, et de loin, sur le plan artistique.
Si vous avez aimé l'excellent "Sursis", foncez !
Si vous ne connaissez pas "Le sursis", foncez aussi !
Et même si vous vous foutez de tout ça, foncez quand même, vous ne le regretterez pas !
Mattéo, t.1, Jean-Pierre Gibrat

Commentaires

minifourmi a dit…
J'ai adoré Le Vol du corbeau et Le Sursis de Gibrat! Il va falloir que je me débrouille pour lire cet album, qui m'attire tout autant que les précédents.
Gromovar a dit…
Un regret pour l'instant : toujours pas de tome 2 18 mois après, je trouve ça un peu excessif.