Cullen Bunn - Bones of our stars, Blood of our world

Scénariste de comics et romancier, ce n'est apparemment pas le même set de compétences. C'est la conclusion qu'on doit tirer de la lecture de Bones of our stars, Blood of our world , le premier roman du scénariste Cullen Bunn . Là où un comic peut se permettre d'être frénétique, ici trop de personnages se succèdent trop vite dans une histoire convenue qui ne parvient même pas à être gore alors que c'est cette direction qu'elle vise. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, une écriture sans éclat, une enfilade de narrations à la troisième personne qui empêche tout investissement émotionnel, et l'éternelle petite ville insulaire en décrépitude dans laquelle on s'emmerde grave. Nihil novi sub sole , ça a été déjà fait, et beaucoup mieux. Passe ton chemin, lecteur !

Fantôme affamé


"Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants" est un roman vraiment charmant d'une jeune auteur chinoise, Xiaolu Guo. Sous une couverture assez ratée on tombe sur le carnet intime d'une étudiante chinoise, débarquée à Londres pour se perfectionner en anglais. Elle va y rencontrer le sexe, l'amour, et l'Occident. Centré sur les deux préoccupations principales de la jeune Z, l'acquisition de l'anglais, et le développement de sa relation amoureuse, le carnet décrit, mois par mois, et dans une langue très improbable, les découvertes et les émerveillements d'une jeune fille sortie du fond de sa campagne qui apprend à connaitre dans le même mouvement l'altérité radicale d'un Occident où tout est si différent jusqu'au niveau le plus fondamental, et sa propre personne par le biais de la libération d'un corps corseté par la tradition chinoise et la pruderie maoïste.
Joliment écrit dans un anglais (français) de cuisine, "Petit dictionnaire" est souvent drôle et toujours émouvant. Il décrit avec talent la solitude et la peur d'une étrangère en terre étrangère ;-) Il montre comment la pauvreté du vocabulaire et de la syntaxe biaise la communication en donnant à croire que l'étranger a des pensées simples dans la mesure où il ne les exprime que simplement. Il met en évidence les effets de l'acculturation, dont tous ne sont pas positifs (ou négatifs, choisissez). Il prouve enfin qu'on peut être étranger dans son propre pays, comme à sa propre vie.
Quelquefois je ne lis pas de fantastique. "Petit dictionnaire" est stricto sensu une oeuvre réaliste, mais rendue tellement étrange par le décalage culturel qu'elle pourrait être qualifiée comme telle sans que ce soit honteux. L'honneur est sauf :-)
Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants, Xiaolu Guo

Commentaires

aha changement intempestif de pseudo

j'avais eu de très bons echos de "Vingt Fragments d'une Jeunesse Dissolue" il me semble que c'est le même auteur.
Gromovar a dit…
J'aime beaucoup la photo en tout cas.
C'est la même auteur. Vous me direz si c'est bien, je ne lis pas plus d'une chinoiserie par trimestre ;-)