Cullen Bunn - Bones of our stars, Blood of our world

Scénariste de comics et romancier, ce n'est apparemment pas le même set de compétences. C'est la conclusion qu'on doit tirer de la lecture de Bones of our stars, Blood of our world , le premier roman du scénariste Cullen Bunn . Là où un comic peut se permettre d'être frénétique, ici trop de personnages se succèdent trop vite dans une histoire convenue qui ne parvient même pas à être gore alors que c'est cette direction qu'elle vise. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, une écriture sans éclat, une enfilade de narrations à la troisième personne qui empêche tout investissement émotionnel, et l'éternelle petite ville insulaire en décrépitude dans laquelle on s'emmerde grave. Nihil novi sub sole , ça a été déjà fait, et beaucoup mieux. Passe ton chemin, lecteur !

I have a dream


Au milieu du XIXème siècle, sur le Mississipi, un homme étrange propose à un vieux capitaine d'investir avec lui dans un nouveau vapeur, superbe et surpuissant. Ce qui commençait comme un rêve se transformera rapidement en cauchemar.
Sur une trame classique qui n'est pas sans rappeler l'immense "Entretien avec un vampire" d'Ann Rice, George R R Martin offre un texte magnifique, finement ciselé et intelligemment pensé. La différence réside dans la tradition à laquelle ces romans se rattachent. "Entretien avec un vampire" est imprégné de romantisme et n'a rien à envier aux plus grandes oeuvres gothiques ; "Riverdream" est un texte profondément humaniste. Nanti d'un couple, à priori improbable, de héros, il montre comment l'écoute mutuelle amène à la compréhension réciproque. Il montre comment des rêves communs peuvent être vécus malgré les différences culturelles. Il montre qu'aucun groupe, social ou racial, n'est jamais monolithique. Il montre comment il est plus facile de faire la guerre que la paix. Il montre combien il est difficile de se décentrer de sa propre culture (c'était l'un des sujets du bac philo cette année : Est-il plus facile de se connaitre soi-même que de connaitre les autres ?) et de lui appliquer une critique rationnelle ; il montre aussi que c'est possible. Riverdream est un livre politique caché sous une couverture fantastique, un livre sur le choix. Rien d'étonnant alors à ce qu'il se passe en pays esclavagiste, peu après les guerres indiennes.
Riverdream est un roman, écrit en 1983, fait pour nos temps obamesques. Mais Riverdream est aussi un vrai roman d'aventure, et une ôde à la beauté poétique qui peut toucher même des hommes frustes. Riverdream est aussi un roman crépusculaire qui décrit la fin d'une époque, de deux en fait. Riverdream est alors un roman triste et nostalgique, profondément émouvant. Riverdream est un roman que vous devez lire.
L'anaphore que je viens de filer a pour bût de convaincre en assénant.
Riverdream, Georges R R Martin

L'avis d'Arutha

L'avis de Tigger Lilly

L'avis d'Efelle

Commentaires

Tigger Lilly a dit…
J'aime beaucoup ton analyse du bouquin.
Gromovar a dit…
Merci, mademoiselle :-)
Efelle a dit…
Je l'ai littéralement dévoré, plus qu'une poignée de pages à lire.
Un excellent moment et sans doute un de mes incontournables de l'année.
Je reviens dessus ce soir.