Cullen Bunn - Bones of our stars, Blood of our world

Scénariste de comics et romancier, ce n'est apparemment pas le même set de compétences. C'est la conclusion qu'on doit tirer de la lecture de Bones of our stars, Blood of our world , le premier roman du scénariste Cullen Bunn . Là où un comic peut se permettre d'être frénétique, ici trop de personnages se succèdent trop vite dans une histoire convenue qui ne parvient même pas à être gore alors que c'est cette direction qu'elle vise. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, une écriture sans éclat, une enfilade de narrations à la troisième personne qui empêche tout investissement émotionnel, et l'éternelle petite ville insulaire en décrépitude dans laquelle on s'emmerde grave. Nihil novi sub sole , ça a été déjà fait, et beaucoup mieux. Passe ton chemin, lecteur !

Haunted Mansion über alles


Parution en France du premier roman traduit de Cory Doctorow. "Dans la dèche au royaume enchanté", au titre inspiré de George Orwell, prouve de manière éclatante le talent visionnaire de son auteur. Ecrit en 2003, il est validé par l'évolution socio-technique des 5 années qui se sont écoulées depuis. A quoi ressemble le monde dans cet ouvrage ? La société a été radicalement transformée par deux innovations : les implants neuraux qui permettent d'accéder au réseau de quelque endroit qu'on soit et l'énergie gratuite qui assure un minimum vital confortable à tous sans travailler. C'est donc une société d'artistes et d'hédonistes où la poursuite de la réalisation personnelle est le seul objectif. Jusque là vous me direz, "Rien n'est validé par la réalité". Vous aurez raison. Mais j'y viens. Dans cette société égalitaire le surplus se mérite. Chacun a un score personnel de "whuff", accessible instantanément par tous, qui mesure sa popularité (pensez aux hits des blogs, au score de satisfaction sur Ebay ou autre choses du même genre). Ces points peuvent être consommés pour obtenir plus que son allocation normale. Il faut être populaire pour être riche (Pensez à la malheureuse Cindy Sander !). Il faut aussi être populaire pour avoir un poids politique dans les décisions qui sont prises démocratiquement dans les "adhocratie". Qu'est donc cet étrange régime politique ? Poussant au bout la prédiction de Tocqueville sur l'individualisme, Doctorow décrit un monde où plus rien de global n'existe et où les individus se regroupent dans de petits groupes dédiés à une cause, si futile soit-elle (ça évoque immanquablement les newsgroups ou les sites spécialisés). Le héros du livre par exemple appartient à une adhocratie dont la mission est de faire fonctionner et d'améliorer l'attraction de la maison hantée à Disneyworld. Ces adhocraties sont naturellement participatives à l'extrême (kikoo Ségo) avec l'inévitable défaut de la participation (5 ans pour tomber d'accord sur un projet de rénovation de la "Haunted Mansion").Elles sont également particulièrement versatiles, rien n'étant plus retournable que le sentiment général. Enfin Doctorow décrit de manière pertinente, par le biais d'une panne du système informatique du héros qui l'empèche de se connecter pendant plusieurs semaines au réseau global, la fracture qui existe de plus en plus entre ceux qui ont un accès facile aux réseaux et ceux qui en sont dépourvus.
Moins percutant que son recueil de nouvelles "Overclocked", "Dans la dèche au royaume enchanté" est particulièrement recommandé à ceux qui veulent lire du Doctorow en français, sauf s'ils sont particulièrement allergiques à la soft-SF sans grande rationnalité scientifique à la "Brave new world".
Dans la dèche au royaume enchanté, Cory Doctorow

La critique d'Efelle

Commentaires

Anonyme a dit…
Gromovar, il me tente bien ce bouquin, depuis le temps que je le vois traîner dans les piles des librairies.
Gromovar a dit…
La spéculation est passionante, l'histoire un poil moins, mais c'est le premier texte traduit de Doctorow alors c'est sans doute une bonne idée de l'avoir.