Deryn Du - Guillaume Sorel

D’abord, c’est un cadavre de baleine qui empuantit la plage, non loin d’un petit port de pêcheurs du Pays de Galles. Parmi les témoins ébahis, à côté des humains, il y a des mouettes mais aussi des corbeaux. Un poète en villégiature traîne aussi parmi les badauds. Tout ceci, Poe l’aurait apprécié. Puis il y a un meurtre, étrange. Une petite fille et une poupée cassée, qui ne semblent pas être étrangères aux mystères en cours. Puis d’autres meurtres, de plus en plus étranges. Et toujours le poète. Qui comprend, ou sent, ou vibre à l’unisson. Le village de pêcheurs, la nuit, l’ombre, la peur qui rôde. On pense au Geôlier de Florian Quittard. La lande, les fées, un autre monde derrière le monde, on pense à Arthur Machen - le poète le lit. On pense aussi au décadentiste Maurice Rollinat , dont la petite fille (fantôme ?) cite des passages. Le poète sert de passeur entre les mondes, entre la nuit et le jour. Il peut comprendre, il est un passeur de fées, la petite fille l’affirme, in...

L'autoritaire et le manipulateur...




...sont deux des archétypes de la personnalité autoritaire proposés par Théodor Adorno à la fin de son ouvrage. Ce livre, récemment sorti, contient les chapitres écrit par Adorno lui même de la vaste étude "The autoritarian personnality". Le reste de l'étude n'est toujours pas traduit.
Théoricien de l'école de Francfort, philosophe imprégné de psychanalyse freudienne, Adorno se livre au sortir de la guerre (et, en fait, l'étude commence alors que la guerre n'est pas encore terminée) à une gigantesque étude sur les fondements du passage d'une nation au fascisme (entendu comme système totalitaire pourvu d'un ennemi global, à droite ce peut être l'ennemi de race, à gauche l'ennemi de classe). Ce qui l'intéresse ce n'est pas la fabrication de l'idéologie ou de la propagande fasciste, mais l'existence dans le peuple, dans tous les peuples, de structures de personnalité identifiables, caractérisées par des valeurs de réponse élevées sur des variables telles que "la soumission à l'autorité", qui rendent des individus potentiellement réceptifs à une propagande de ce type, ce qu'il appelle "la personnalité autoritaire".
Ce qui est fascinant dans ce livre c'est la description complète que fait Adorno de sa méthode de travail. Comment les questionnaires sont conçus, évalués, modifiés, réévalués, etc. (la masse de travail devrait servir de référence à tous ceux qui fabriquent des questionnaires en une heure sur un coin de table, et à tous les psychanalystes de comptoir). Comment les résultats des questionnaires vont servir à sélectionner des individus qui seront vus en longs entretiens semi-directifs. Comment émergent de ces entretiens les éléments sous-jacents qui expliquent la susceptibilité au fascisme. Comment chaque autoritaire possède sa nemesis, son "juif", qui ne l'est pas nécessairement. Comment Adorno ne livre sa typologie finale qu'avec maintes précautions oratoires et dans un but uniquement fonctionnel, hors de toute volonté stérilement nominaliste.
A partir de son énorme masse de données Adorno trouve utile aussi de dégager des personnalités foncièrement imperméables à une idéologie fascisante, et à les typologiser aussi.
A lire absolument pour apprendre quelque chose sur la recherche psychologique. A lire après avoir lu "La psychologie de masse du fascisme" de Wilhelm Reich qui se centre, lui, sur les aspects sociétaux et l'origne de l'idéologie.
Etudes sur la personnalité autoritaire, Theodor W. Adorno

Commentaires

Anonyme a dit…
Oui, probablement il est donc
Gromovar a dit…
Il en manque un bout non ?