La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Hippocrate à son meilleur


Félix Kersten est un autre de ces héros de la WWII dont le grand public ne connaît pas le nom et à qui la BD rend un hommage mérité. Il est vrai que réaliser un ou deux albums coute infiniment moins cher que de réaliser un film. Ceci expliquant sans doute cela.

Félix Kersten est donc un médecin finlandais d’origine estonienne, spécialiste du massage, entré dans l’Histoire pour avoir été le médecin personnel d’Himmler de 39 à la fin de la guerre.

Auréolé d’une excellente réputation internationale en tant que médecin, Kersten est convoqué par Himmler en mars 39. Le chef de la SS souffre depuis longtemps de très sévères douleurs gastriques que les drogues ne parviennent pas à soulager et Kersten lui apparait comme un dernier espoir.

Réticent à soigner un dignitaire nazi, Kersten accepte de le faire par amitié pour un industriel allemand de sa connaissance, puis se laisse convaincre par les autorités finlandaises de continuer à soigner Himmler qu’il a réussi à soulager. Car le traitement de Kersten agit, ce qui engendre chez Himmler une gratitude immense pour son médecin.

Considérant Kersten comme son sauveur et son ami, en pleine confiance avec lui, Himmler se laisse aller à des confidences qui permettront au médecin de sauver beaucoup de victimes potentielles du Reich et de déjouer certains des projets les plus monstrueux du régime, notamment concernant les Pays-Bas occupés. Il usera de la très grande influence qu’il a sur le dignitaire nazi pour obtenir des grâces individuelles ou collectives et « orienter » dans un « bon » sens certaines décisions politiques.

Proche d’Himmler, et de son secrétaire personnel Brandt, durant tout le conflit, Kersten fut sans cesse en danger car Heydrich et la Gestapo suspectaient son double jeu et tentaient régulièrement, en vain, de le démasquer.

C’est donc l’histoire d’un homme très courageux et d’un héros immense par le nombre de vies qu’il a sauvées que nous raconte cet album, qui aura bientôt une suite afin de boucler le récit. C’est aussi l’histoire d’un homme que l’immédiat après-guerre a maltraité au point que son mérite ne sera reconnu qu’en 49 après une longue enquête. Il sera alors décoré par les Pays-Bas, proposé pour le Prix Nobel de la Paix, mourra en 1960, et recevra la Légion d’Honneur à titre posthume.

Un album passionnant donc, au scénario incroyable et aux graphismes minimaux mais suffisants. A lire en attendant la suite. On regrettera seulement que les divers contacts occultes de Kersten ne soient pas plus clairement identifiés, cela rendrait certaines scènes plus compréhensibles.

Kersten, médecin d’Himmler t1, Pacte avec le mal, Perna, Bedouel

Commentaires